Dans les péplums d'Hollywood, il y a toujours un héros incontournable, une bête de combat qui va mener la danse jusqu'à une conclusion épique. Et puisque Ryse emprunte beaucoup à ces blockbusters dans la forme, il a Marius Titus pour champion, un commandant romain qui va mener sa carrière dans la légion, le tout sur fond de vengeance. Une aventure indéniablement spectaculaire qui marquera les esprits de par sa réalisation de haute volée pour les débuts de la Xbox One.

Rome comme si vous y étiez ?

Lorsque l'on voit Ryse pour la première fois, on prend inévitablement une claque. Avec sa réalisation hyper détaillée, ses textures extrêmement propres, l'absence totale d'aliasing, ces effets spéciaux impressionnants (flare, particules, feux et fumées hyper réalistes...), ses jeux d'ombres criants de vérité et les animations ultra fluides de ses mises à mort, dignes du film de Zack Synder 300, le titre de Crytek est un régal pour les yeux. C'est évidemment la vitrine technologique de la machine, mais aussi un jeu d'action qui propose une histoire parfaitement ancrée dans son époque, à la narration plus surprenante qu'on pourrait le croire de prime abord (attendez-vous à quelques surprises bienvenues sur la fin). Les développeurs sont même allés jusqu'à tenter de nous convaincre à la manière d'un film, dans certaines scènes clés du jeu, avec des visages étonnamment expressifs et vraiment détaillés (la peau, les rides, les poils... ça tue !). Ca ne marche pas toujours, d'autant que certains protagonistes sont vraiment laids (une affaire de goûts me direz-vous, mais bon...) et que Marius sans son casque est loin d'avoir le charisme de Kratos, mais saluons tout de même l'effort. Quoiqu'il en soit, lorsqu'il s'agit de sortir les armes, notre romain a néanmoins du répondant...

Un jeu de cape et d'épées

Ryse est un beat them all, comprenez un jeu dans lequel vous êtes souvent seul face à des hordes d'ennemis à abattre en matraquant les boutons. Et comme tout bon légionnaire qui se respecte, Marius utilise un bouclier, un glaive, éventuellement une lance et... c'est tout ! Alors même s'il sait se protéger, contrer, pousser ses adversaires ou faire de belles roulades, Marius n'aura jamais les armes pour lutter contre la profondeur d'un Bayonetta ou la classe d'un Dante dans Devil May Cry. Non, le truc du romain, c'est la rythmique. Pour faire simple, vous devez contrer au bon moment lors d'un assaut pour être réellement efficace, frapper en rythme en jouant sur deux boutons (en utilisant alternativement le bouclier ou l'épée pour taper l'adversaire) et tapoter sur les bons boutons lorsque des QTE "camouflées" apparaissent au moment des exécutions, d'une violence inouïe. Sachant qu'on peut éventuellement varier d'un cran l'intensité des coups, en maintenant appuyé les touches "bouclier" et "glaive" longuement, autant dire que le rythme des joutes est un peu monotone. Nuançons néanmoins en précisant que contrairement à d'autres jeux, jusqu'à deux ennemis peuvent tenter de vous frapper dans le dos lorsque vous êtes déjà en train de vous occuper d'un adversaire situé en face de vous (surtout dans les niveaux de difficulté élevés), les fourbes. Du coup, il faut constamment penser à se défendre et à contrer, même lorsqu'on attaque, ce qui ajoute de la complexité aux affrontements. Mais même avec ça il faut bien admettre que l'on répète très souvent la même séquence de coups. Alors Marius a eu une autre idée pour se distinguer de la concurrence...

Le Finish Move qui tue

A force de frapper ses adversaires, Marius va pouvoir entamer un enchainement final de coups sur ceux qui verront une tête de mort apparaitre au dessus d'eux. Outre le fait qu'en fonction de la situation Marius peut se servir (très rarement tout de même) des décors pour achever les barbares, il se lance le plus souvent dans une séquence de coups spéciaux ultra spectaculaires et sanglants, à réaliser sous forme de QTE. Dans ces séquences, et surtout afin d'éviter de mettre des touches à l'écran, les développeurs ont décidé de colorer les ennemis en fonction des boutons qu'il faut presser sur la manette (bleu = X, vert = A, etc.) pour les achever. S'il s'agit évidemment de QTE déguisés, sachez qu'ils en mettent plein la vue et qu'on peut en débloquer par dizaines durant l'aventure pour finalement aller jusqu'à exterminer deux adversaires en même temps dans de magnifiques chorégraphies parfaitement animées. Là encore, ça en met plein la vue, mais côté gameplay c'est assez limité, même si votre vitesse d'exécution est notée et modifie les bonus reçus par Marius après ses mises à mort.

En effet, avant d'exécuter (ou même pendant une exécution) on peut choisir le type de bonus dont on va bénéficier une fois la séquence achevée. Ainsi, on décide de remonter sa santé, d'augmenter ses dégâts (lors des combats suivants), d'amasser plus d'expérience (pour débloquer tous les finish-moves ou booster la santé et la furie de Marius par exemple), ou d'accumuler plus de rage afin de pouvoir lancer la furie. Cette dernière permet d'étourdir temporairement les ennemis les plus faibles pour les tabasser à grande vitesse durant un temps limité. Il s'agit là aussi d'un outil stratégique (surtout sur la fin du jeu et dans les modes difficiles) qui ajoute un peu de profondeur, et c'est appréciable, mais pas suffisant pour éviter la redondance des affrontements.

Redondance sur le fond et la forme...

En grand amateur de beat them all bourrins, j'ai apprécié Ryse, mais il faut bien admettre qu'il y a pas mal de choses qui coincent. A commencer par le manque de profondeur du gameplay, même si on sent que les développeurs ont tenté quelques variations avec des séquences en marge du beat them all classique (gestion succinctes des stratégies avant certaines batailles, avancées en formation tortue au milieu de la légion, utilisation anecdotiques des puliums, les lances, etc.). Ensuite, précisons que les ennemis sont souvent les mêmes. En gros, il y en a sept ou huit différents, déclinés sous des formes variables, mais il s'agit bien de clones. Evidemment, les plus puissants nécessitent des stratégies rythmées spéciales pour être abattus, mais il n'y a pas de quoi crier au miracle face à la variété des adversaires que l'on trouve chez les ténors du genre. Du côté des déceptions, ajoutons également que les rares combats de boss ne sont pas franchement inoubliables, et que nous avons croisé, en de rares occasions, quelques bugs (une icône d'interface qui reste sur l'image alors qu'elle ne devrait pas, des ennemis qui restent debout même morts, des corps suspendus dans les airs sans bouger et sans attaches...). Rien de bloquant, mais ça fait tâche tout de même.

Coop' à la romaine

On termine avec le jeu en coopération en ligne, qui plonge deux joueurs dans des arènes modulables en fonction des différents types d'épreuves. Un coup il faut abattre tel type d'ennemis, un autre il faut sauver des civils en danger, un autre éteindre un feu, interagir avec tel type d'objets, etc. De bonnes idées, d'autant qu'on peut réellement s'entraider (relever son comparse tombé au combat, exécutions à deux), même si le système de combat reste le même et que finalement, on fait toujours plus ou moins la même chose et surtout au même rythme. Evidemment, il y a plus d'une dizaine d'arènes disponibles, pas mal d'épreuves, un peu de customisation visuelle (packs d'objets aléatoires... rageant !) mais aussi dans le gameplay, avec des pouvoirs spéciaux (4 en tout, liés à la divinité que vous préférez)... mais ça ne suffit pas, on tourne très vite en rond.

Le fan de beat'em all que je suis a apprécié Ryse : Son of Rome pour son dynamisme, son rendu visuel et même un peu aussi pour sa narration... mais il est impossible de ne pas admettre que son gameplay est pauvre et redondant, malgré des exécutions qui en mettent plein les yeux. Le titre de Crytek n'est-il que de la poudre aux yeux pour autant ? Pas vraiment, puisque si vous appréciez les beat them all "bien gras" sans trop de finesses, vous y trouverez votre compte en solo comme en multi. Mais que les choses soient claires : nous sommes très loin des standards de qualité imposés dans le genre par les jeux de la génération précédente. Au final, Ryse est donc un bon petit jeu de lancement qui claque visuellement, mais ça ne va pas plus loin. Il ne sera en aucun cas un jeu qui marquera sa génération, ni un system seller.