Dead Space Extraction débarque sur Wii. Peut-être aurez-vous envie de replonger dans cet univers de science-fiction, avec au programme, monstres, décapitations et cris de souffrance ?! Cette version Wii arrive à point nommé pour montrer à qui veut l'entendre que la machine de Nintendo n'est pas une console de tarlouzes... Enfin, peut-être...

Dead Space Extraction (DSE) est un préquel de Dead Space (sorti l'année dernière sur les PC et supports HD). C'est l'histoire de colons, mineurs dans une station de forage qui vont connaître des malheurs. Parabole de la nature humaine sous ses travers les plus horribles, mais aussi hymne aux films d'ambiance glauque. Dans cet opus, vous allez découvrir une multitude de nouveaux personnages et des facettes sombres de l'histoire originale. Mais, comme on est sur Wii, il fallait revoir la copie afin qu'elle corresponde un peu plus à la cible, par une approche du plaisir ludique. Alors, bluff ou pari réussi pour EA ?

Passons directement aux choses sérieuses

DSE possède une mécanique de jeu efficace. Malheureusement, dans un même temps, il l'a concilie avec une ambiance d'une lourdeur infinie. Tous les poncifs du genre y passent. Et les moments de surprise se feront vraiment rares tellement tout est cousu de fils phosphorescents. Heureusement donc que le gameplay soit si efficient. Point de longs discours, on est dans un jeu d'arcade. Les férus de technicité parlerons même de rail-shooter. Moi je dis arcade, car c'est typiquement le genre de jeu que l'on retrouvait dans feues nos salles d'arcade. Les mécanismes de jeu sont donc ceux des canons du genre. Avec évidemment une caméra dynamique qui bouge, tremblote et nous plonge au cœur d'une action dont nous n'avons pas les reines. Mais est-ce une nouveauté ? Dans la plupart des jeux d'action, voire même d'aventure, nos actions sont bien souvent limitées à des espaces exigus et fermés. C'est avant tout une question d'échelle. Le fait de bouger dans un espace fermé et scripté ne nous autorise pas beaucoup plus de liberté qu'un rail-shooter quand on y réfléchit bien. Bref, la prise en main est simple, efficace, et à ce niveau, il serait bien difficile de lui reprocher des énormités.

Bienvenue à l'Actor Studio

Une des premières choses qui m'ont marqué au cours de mon aventure Dead Space, c'est le décalage entre jeu d'acteur, gestuelle et action qui donne une saveur toute particulière. Quelles que soient les personnes qui parlent, j'ai eu l'impression que ces voix survolaient le sujet, qu'elles étaient diaphanes, presque évanescentes. Résultat, on obtient une mélasse surjouée à laquelle il faudrait vraiment être peu exigeant pour succomber. Si le jeu avait fait le parti pris de l'exagération, de l'humour et de l'autodérision, j'aurais au contraire applaudi des deux mains. Mais ce n'est pas le cas. Et si on attend que la mise en scène, certes dynamique mais au combien psalmodique, sauve ce navire spatial pavé de bonnes intentions, on patientera longuement. L'histoire d'ailleurs n'y est pas étrangère. Tout coule trop de source, sans jamais surprendre. On aurait pu espérer de quelques scènes forts sympathiques, mais elles seront vite saccagées par des dialogues qui sonnent faux, et qui n'ont d'ailleurs rien à envier aux canons du genre.

Les PNJ (personnages non-joueur) n'ont jamais aussi bien porté leur nom

Chose assez extravagante, tout au long de l'aventure, on est accompagné de concombres humanoïdes. Ils sont là, ressemblent à des humains, crient, se plaignent, ont peur, parlent, sont armés (ou auraient pu l'être pour certains) mais à aucun moment ne nous aident à trucider du monstre... ou alors en faisant semblant... Bref, encore une énorme déception qui continue d'entamer l'immersion, et qui ne manquera pas d'en faire sourire plus d'un. Au final, on va à droite, à gauche, avec la sensation désagréable d'être balloté d'un environnement qui se ressemble à un autre, sur un fond scénaristique plutôt loqueteux. Passionnant, n'est-il pas ?

Une aventure (peut-être) haletante

Comptez un peu plus de 6 heures pour finir le jeu en moyenne (chiffre moyen constaté). Ce n'est pas beaucoup ! Mais comme tous les jeux du genre, c'est la rejouabilité qui fera le reste. Si le jeu vous a plu, nulle doute que vous serez happé par une autre partie. Pour les joueurs à la recherche de challenge, passez aux choses sérieuses directement et jouez dans les modes de difficulté supérieure. L'aventure sera d'autant plus savoureuse que vous tiendrez bien plus à vos munitions et à votre vie. Tout dépendra donc de votre niveau de jeu et de vos exigences. Mais si une chose déprécie étonnamment la difficulté, c'est la précision de la Wiimote. En effet, la visée à la Wiimote est telle que, contrairement aux versions HD, il est alors très facile (après un temps d'adaptation minimum) de bien viser et de couper les membres de nos aberrations de la nature. Car encore ici, à l'aide des armes qui vous seront mis à disposition, vos ennemis devront être désossés pour succomber. Et contrairement aux versions HD, l'action est entièrement à la première personne, ce qui influencera la visée, qui bouge, tremble et rend le tout plus énergique et immersif. Cette "trop" grande précision retire l'intérêt des projectiles de stase (particularité du premier Dead Space) que l'on n'utilisera quasiment jamais (sauf pour le fun). Mais comme je vous le dis, c'est une question d'approche...

Le coin des choses qui font plaisir

En faisant l'aventure, vous débloquerez des dessins animés d'une qualité remarquable. L'écriture y est sympathique. Comble du comble, la profondeur du scénario et des personnages est bien mieux en place (perceptivement plus prenante) que l'aventure elle-même. Leur réalisation est aussi fort sympathique et maîtrisée. Ce qui est une très bonne chose. Autre chose intéressante, l'action de ce DSE est relativement variée pour un rail-shooter. On aura des mini-épreuves à effectuer dans un temps imparti, ou simplement des phases de shoot plutôt rigolotes, comme par exemple la pluie de météorites sur le vaisseau alors que nous sommes aux commandes de canons. Rien de bien original, mais ma foi, ça passe très bien. Aussi, des mini-jeux (autrement dénommés "énigmes" dans le jeu, bien que nullement énigmatiques) demanderont de la dextérité et de la rapidité. Ce ne sont que de petits prétextes, mais ils ont tout de même le mérite d'être présents. Et malgré leur manque évident de variété, ils permettront de rompre un rythme pas toujours au beau fixe. Toujours dans le coin des bonnes choses, le mode multijoueur. C'est toujours très sympathique de partager de l'action bien bourrine avec un pote. Très agréable même !

Une vraie-fausse claque technique

De leur côté, les graphismes ne sont pas en reste, sans pour autant être particulièrement bluffants. Tout juste dans la moyenne de ce qui se fait dans le genre. Alors, bien sûr, comme nous sommes sur Wii, loin des capacités techniques des machines HD, on pourrait rabaisser nos exigences et dire que le jeu exploite bien les capacités de la machine. Mais personnellement, je considère que ce serait se mentir. Certaines ambiances du jeu sont accrocheuses et parfois mêmes sympathiques. Mais on berce trop souvent dans le déjà-vu, le déjà-entendu. La base spatiale est ultra-consensuelle, comme on en a vu et on en voit des centaines depuis des années, que ce soit dans le monde de la série Z ou du jeux vidéo. Mais si cela ne vous fait pas peur, alors la mayonnaise prendra. D'autant que le nappage un brin crado autorise parfois la retranscription de belles ambiances, mais rarement surprenantes ou excitantes. Le tout reste globalement fluide, les personnages bougent bien, malgré une animation quelque peu rigide. Les ennemis répondent quant à eux aux exigences de leur état, avec une gestuelle monstrueuse et désarticulée. Dead Space n'est donc pas le meilleur des jeux d'arcade de la galaxie, ne faisant honte ni au genre, ni à son ainé. Mais faute à des "effets de surprise" qui tombent trop régulièrement à l'eau, on reste quand même bien loin d'un Project Zero ou d'un F.E.A.R. dans la maîtrise de la mise en scène. On avance, on voit des corps sur le sol et, surprise, ils n'étaient pas morts !!! Et même les quelques effets qui envahissent l'écran, lourdement inspirés du soft de Monolith Productions ou encore d'Eternal Darkness, ne feront ici que choux blancs... Quand ce ne sont pas simplement certaines phases ratées, à l'image des passages en gravité zéro, dont l'intérêt et la réalisation (l'impression de vide est loin d'être évidente) cherchent toujours, selon moi, leurs trajectoires orbitales...

Grâce à une bonne maîtrise du gameplay, l'équipe de Visceral Games a fait un travail intéressant en terme d'expérience de jeu. Ils ont travaillé leur copie, mais ne semblent pas avoir cherché à surprendre. On a bout à bout une succession de recettes censées marcher mais qui peinent à convaincre dans un ensemble plus ou moins inspiré, et surtout orchestré avec plus ou moins de réussite. On est face à une soupe aux zombis qui se prend un peu trop au sérieux et qui ne parviendra pas à exciter tout le monde de la même manière. Question de goûts et d'exigences. On pourra en particulier pester face à une mise en scène un brin usitée, plus remuante qu'entrainante, faussement énergique et donc pas foncièrement enivrante. On s'ennuiera parfois. On s'amusera à d'autres moments. Bref, le jeu fera vraisemblablement son office chez certains, sans plus d'euphorie, ni éréthisme d'usage.