Wait... What ? Oui, vous avez bien lu, Way of the Samurai 3. Ca ne vous dit rien ? C'est normal, la sortie européenne, coincée entre Bad Company 2 et God of War 3 s'est faite dans l'indifférence la plus totale. Et pourtant, pour tous ceux qui aiment le chanbara, le japon médiéval et les petits univers à influencer par vos actions, le jeu se présente comme un maitre. Facile dans une catégorie où il n'a pas de rival. Trêve de plaisanterie, je vous raconte ce que vous avez forcément raté, dans ce test, toujours made in FUREUR.

Way of the Samurai 3

Plates-Formes : Xbox 360 et PS3.
Test effectué sur : Xbox 360 et voix Japonaises.
Date de sortie PAL : 12 Mars 2009 (360 et PS3).
Editeur : Gamebridge
Développeur : Acquire

Le 3. Oui, le 3 parcequ'il y a déja eu deux épisodes sur Playstation 2. Ca ne vous dit toujours rien, normal, ces jeux ont reçu le même accueil que le 3 a leur sortie. Je me rappelle notamment de la jaquette du 2 sans aucun screenshot, juste du texte explicatif vantant le jeu ou des semaines de galère pour espérer trouver un seul exemplaire de Western Samurai, le spin-off de la série, toujours sur PS2. Malgré cela, l'univers des samouraïs, les diverses quêtes, la multitude de styles de combats et façons d'influencer l'histoire de la petite ville ou votre ronin échouait a réussi à attirer un certains nombre d'adeptes. Mais pour ce nouvel opus, c'était mal parti. Sorti au Japon fin 2008 puis aux USA à la rentrée 2009, il a fallut attendre un an et demi avant que le jeu ne sorte en PAL. Après cette gestation difficile, on est en droit de s'interroger sur la qualité du jeu et ce qu'il vaut vraiment en 2010.

Un Ronin sur le Meifumado
Ere Sengoku. La bataille pour la province d'Amana vient de se terminer tragiquement pour le Clan Sakurai, décimé par l'armée de Fujimori Shuzen. Une fois au pouvoir, ce dernier affirme sa domination d'une main de fer sur la région et ses habitants, taxant. C'est sans compter une petite troupe de rebelles, pas forcément irréprochables, le clan Ouka, qui œuvre pour détrôner le souverain tyrannique. Au milieu de cela, un Samouraï, rare survivant du camp perdant est recueilli par les paisibles paysans du Village Takatane.

Le postulat est simpliste. Deux camps, l'un bon, l'autre mauvais et entre les deux, les civils. Le Ronin, mentionné plus haut, c'est vous, et vos actions influenceront la suite des événements. Aider les paysans, Shuzen, le clan Ouka ? Faire totalement autre chose, voir vous comporter comme le pire des serial killers. Suivant le chemin de votre choix, vous vous rendrez vite compte que les choses ne sont pas aussi simples qu'elles ne paraissent. Trahisons, espions, secrets et luttes internes de pouvoir sont au rendez-vous. Le plus beau c'est que c'est vous qui causerez ces évènements et les retournements de situations.


Je ne résiste cependant jamais à l'idée de vous monter des personnages faisant caca.
Ici, Lord Shuzen.

Tonight, I speak a prophecy...
Comment ça marche ? Premièrement, il existe les dialogues. Approchez vous d'un PNJ, il aura toujours un petit quelque chose à dire. D'une plus ou moins grande importance selon son rôle dans l'histoire et le lieu. Certains dialogues sont anodins, d'autres débouchent sur une mission, un combat ou la possibilité de marchander. Parfois, ça change le cours de l'histoire. Faites attention à vos paroles : souvent, il ne sera pas possible de revenir en arrière.

Deuxièmement et plus majeur, il existe des évènements importants. Ils apparaissent à certaines périodes de certains jours à divers lieux. En vous rendant à l'endroit précis noté sur votre carte, vous assisterez souvent à une cut scenes et un dialogue entre deux personnages ou plus. Votre participation est parfois demandée par l'un des personnages. Sinon, c'est à vous de réagir et faire la conversation après. Ou pas. Ou d'intervenir pendant. Oui pendant.

Pendant tout dialogue ou cinématique, il est possible, au moment de votre choix, de dégainer votre arme et donc d'engager un combat avec un petit dialogue supplémentaire ou de vous mettre à genoux et vous excuser. Cela relève parfois du gadget, mais dans d'autres, elle est la seule façon d'arriver à la conclusion souhaitée. C'est toujours la classe ultime de sauver une exécution publique in extremis.

Sur le papier, c'est formidable et on se dit presque, "mais dis-donc là, c'est encore mieux que Mass Effect 2, ton truc !". Sauf que la réalisation, n'est pas au menu. D'une, les dialogues basiques n'ont pas de voice over, c'est du texte que l'on fait défiler agrémenté de quelques interjections orales des participants avec le choix sur un petit menu quand c'est votre tour de l'ouvrir. Les cinématiques par contre sont parlées avec un très bon voice over japonais pour la plupart des PNJ. Sauf vous. Oui, votre personnage n'a pas de voix et pire, pour le rythme de ces cinématiques, la caméra s'arrêtera souvent 10 bonnes secondes sur l'air hagard du héros. C'est dommage car la pertinence de ces scènes aux plusieurs embranchement et leurs conséquences folles sont vraiment intéressantes et forment le gros point fort du jeu.


Tout est possible dans le village Takatane

Choose your Destiny ! (ou presque)
Cependant, même si le fait de forger votre destinée et celle d'Amana est synonyme de liberté presque absolue, il y'a des limites. Ainsi le jeu vous incite à ne pas faire n'importe quoi, n'importe comment.

Explications.

La carte est divisée en 8 aires de jeu.
Kuchihagahara (le lieu de la bataille entre Sakurai et Shuzen), Guard Gate (la porte d'entrée à Amana), Posting Station (une allée marchande peuplée de voleurs et autres mal famés), Takatane Village (le petit village de paysans qui vous recueille), Omiki Town (la ville), Castle Amana (le chateau des rebelles du Clan Ouka), Castle Monori (le chateau de Shuzen) et The Road (je vous l'explique ou ça va aller ?). Il est possible de vous déplacer entre les aires voisines à pied ou de vous rendre d'un point à l'autre de la région par la simple utilisation de la map située dans le menu pause. Il est d'ailleurs regrettable que celle-ci ne soit pas accessible par une simple pression de bouton. Enfin, ce mode de déplacement reste très pratique quand vous avez repéré un évènement et que vous voulez vous y rendre à tout prix.

Vous disposez d'une petite maison dans le village Takatane afin de dormir jusqu'à l'une des périodes de la journée, soit pour attendre un évènement, ou pour panser vos plaies, le repos restaurant la vie. Vous possédez également d'un coffre à objets et armes afin de stocker vos achats ou trouvailles. Pour sauvegarder par contre, il faut vous confier aux ménestrels répartis un peu partout. Pour l'anecdote, vous pouvez même les tuer un par un au prix de ne pouvoir enregistrer votre progression.

L'univers réagi de manière crédible à vos actions. Contrairement à un GTA où l'on peut souvent se déplacer sans problème le flingue à la main au nez et à la barbe des policiers, ici, avoir son arme dégainée est signe d'hostilité. Les samouraïs ou personnes armées vous attaqueront après vous avoir menacé, les civils fuiront ou montreront des signes d'effrois. Une fois, le combat enclenché, volontairement ou pas, par contre, les options sont multiples. Fuir et changer de zone en espérant que l'on vous oublie, vous excuser en vous mettant à genoux, en espérant que vous soyez pardonnés ou combattre. Et là on rentre dans un domaine intéréssant. Autant il est possible de juste tuer l'autre fou en face qui a osé lever sa lame contre vous, autant il est possible d'utiliser le coté non coupant de votre arme et de l'assommer. Vous ne pourrez récupérer son arme ou ses effets comme s'il était mort. Mais vous l'aurez épargné. Parfois cela sert juste à apaiser votre conscience, d'autre fois cela peut déboucher sur des bonus ou des nouveaux chemins scénaristiques. N'oubliez pas non plus que chaque action a un poids et un meurtre peut vous valoir une mauvaise réputation auprès d'une certaine partie de la population.


Les dernieres batailles du scénario "1" soit la vraie fin sont juste épiques. Si mener vos alliés dans une guerre ouverte dans divers environnements contre une centaine d'ennemis de manière ininterrompue pendant 15 à 20 minutes, c'est votre truc, elle est faite pour vous.

You think your Wu-Tang sword can defeat me ?
Bon, mais et le combat alors ? alala, j'en ai lu des bétises sur internnet... "du simple button mashing". Vu mon sens légendaire de la répartie, je répondrais d'une manière implacable, "c'est toi le button mashing".
Pour commencer, il existe environ 100 armes de base qui sont presque toutes customisables si vous y mettez le prix et rencontrez un bon forgeron. Par customisation, j'entends augmenter ses stats d'attaque et de défense ainsi que la durabilité. Ensuite chaque arme appartient à l'une des X postures (stances) du jeu. Millieu, haut, bas, "single" (ma préférée), ninja, akimbo (une dans chaque main), dans son fourreau, lance. Tout est possible, pour vous accommoder ou simplement contrer le style adverse de la manière la plus adaptée. Et aucun style ne se joue de la même façon que son voisin.

Parceque les combats sont quand même assez subtils. Une touche de coup faible mais rapide et facilement combotable, une autre pour les coups forts plus lents et durs à placer. Une autre pour parer et une dernière pour passer du coté tranchant à l'autre et éviter le meurtre. Quand l'ennemi part votre coup, il est possible de pousser le stick droit dans sa direction, il est possible de "pousser" et ainsi de le déstabiliser et enchainer ce que vous voulez. Sauf que lui, peut, si vous poussez , "tirer" et vous faire tituber dans votre élan et ainsi vous découper le dos joyeusement. Mais si celui-ci tire à la place de garder, il se mange une contre attaque à tous les coups. Un certain jeu de pierre feuille papier ciseau assez basique s'installe donc et empêche le simple bourrinage. Même en mode facile, certains ennemis comme le maitre du dojo ou Shuzen sont juste horribles à terrasser. Il y a un dernière technique primordiale dans le combat, le "hit satsu" ou "instant kill". Contre un ennemi non majeur, si vous appuyez sur le bouton de protection au moment où l'attaque de l'autre est censée connecter, vous aurez alors la possibilité d'appuyer sur le bouton apparaissant à l'écran et tuer instantanément l'infâme adversaire. Très classe.

Ce n'est pas tout.
Vous voyez dans les films de sabre, quand le héros découpe entre 2 et 100 attaquants arrivant vers lui à la suite ? C'est épique hein ? Dans ce jeu, ça a un nom, le "ren satsu" ou "chain kill". Dans le cas d'un combat de groupe, et que vous placez un hit satsu, les alliés du mort fonceront vers vous. Il suffira donc d'appuyer sur la touche apparaissant à l'écran quand ils s'approchent. et les antagonistes s'écrouleront uns par uns.
Un sentiment de puissance rare et une classe inégalée. Rien de mieux pour donner envie d'appeler son personnage Ogami Itto ou Zaitochi.

Je n'ai même pas précisé que chaque arme a une jauge de durabilité et est donc cassable. Plus vous tapez contre l'arme de l'ennemi ou que celui-ci fait de même dans un laps de temps réduit, plus votre arme aura de chance de se briser dans votre main. Croyez-moi, quand ça vous arrive, vous n'en menez pas large. Le truc bien, c'est que ça marche dans les deux sens.

Hors le fait que le combat est basé sur le timing et le mind game avec le CPU, il est réglé par 4 modes de difficulté, easy, normal, hard et instant kill. Rien d'extraordinaire pour les 3 premiers si ce n'est que le mode normal est assez hardu à appréhender pour une première partie. La courbe d'apprentissage est assez rude au départ. Surtout que lors de la première partie, les armes de bases sont faibles, vous n'avez pas d'argent et vos ennemis en savent manifestement plus que vous sur le système de combat.

Enfin, la difficulté "instant kill" est assez explicite, faites vous toucher et c'est le game over direct. Flippant.


Le Hit Satsu a été lancé, que le carnage des chain kills commence !

Fight for the future.
Et des occasion de vous battre, vous en aurez. Que ce soit parce que vos choix vous poussent à mener vos hommes au combat. Parce que vous avez rencontré un détraqué assoiffé de sang au détour d'une route déserte ou tout bêtement car vous avez accepté un "job" de la part d'un des 4 employeurs du jeu. 2 sont affiliés aux camps ennemis, ceux de Shuzen et des rebelles de l'Ouka. L'un se situe dans la ville d'Omiki et semble neutre quand à la dernière, petite vieille d'Arakune vous fera gagner la confiance de ses habitants.

De la mission de search & retrieve d'objet sans le moindre combat au massacre de 100quidams en une seule session, en passant par le tabassage d'un voleur de radis, vous verrez de tout. Du plaisant et du lourd. Voir de l'infame comme cet espèce de défi pour les nerfs qui consiste à pousser une petite vieille doucement jusqu'à la destination de son choix. J'ai tenu 5 mètres, après je suis allé trop vite et j'ai échoué.

Une autre feature intéressante même si trop peu introduite dans le jeu, ce sont les compagnons. Ces femmes rencontrées dans le monde presque au hasard car elles apparaissent uniquement à certains moments et certains endroits voir selon certaines condition. L'une d'elle ne daignera se montrer que si vous vous excusez auprès de tous les chats d'Amana. Ces demoiselles peuvent ainsi joindre vos cotés, vous épauler dans les combats ou dans divers "jobs" qui ne peuvent être effectués seuls. A force de passer du temps avec elle, la relation est susceptible d'évoluer vers quelque chose de plus intime.

Le jeu est basé sur sa rejouabilité, certes, je l'ai déjà dit et j'ai aussi déjà parlé des 21 fins différentes, mais il faut savoir qu'en moyenne, atteindre une fin prends 3h. C'est peu certes, mais une fois celle-ci terminée, on se rend compte qu'elle est souvent tragique pour notre personnage et on replonge pour 3 autres heures. Bien sûr, on replonge avec toute son expérience, ses épées, ses objets et autres bonus gagné avec le temps. Vous êtes juste vierge au yeux du monde. Mais cette fois, quels choix faire ? Avec qui s'aligner cette fois pour ne pas finir comme un Ronin anonyme au milieu d'une pile de cadavres ?
A chaque fin, le jeu calcule votre nombre de "samurai points". Ce petit total, est la somme de vos actions correctes au code du samouraï. En gros, plus vous restez fidèle à votre suzerain ou à vos convictions et aidez les gens vous gagnerez des points. Mais si vous attaquez et tuez des PNJ au hasard, votre total baissera et peut même virer au négatif. Rien de grave, me direz vous ? Sauf que ce total de points détermine ce que vous pouvez débloquer, nouvelles têtes ou tenues, voir mêmes autres accessoires et styles de combat. Le jeu vous invite donc à vous comporter correctement pendant le jeu. Un peu dommage pour un jeu qui propose de "forger sa propre destinée".

Il est aussi important de noter que quand vous recommencez une partie une fois la précédente terminée, c'est parfois pénible. Tous les dialogues, jobs et situations de base sont les mêmes. Le fait qu'Amana ne soit pas si grande que ça avec des aires de jeu totalement vides n'aide pas non plus. On a l'impression d'avoir fait le tour du jeu un peu trop rapidement. Ce n'est qu'une impression certes, mais elle peut vite édenter la motivation de certains.

Je précise juste rapidement un petit détail sur la customisation du personnage et ses habits. Elle est assez limitée. Il ne s'agit de pas d'éditer le visage de votre héros au millimètre près comme dans un jeu de catch mais bien de choisir parmis la dizaine d'habits et de têtes disponibles au fur et à mesure de la collecte de Samurai points. Rien de révolutionnaire mais il est toujours agréable de façonner son héros presque comme on l'entend.


Oh oui, la scène du tournoi, vous allez la revivre au moins une fois toutes les 2 parties, croyez-moi.

Attendez, on parle d'un jeu sorti ces 5 dernières années ?
L'autre problème du jeu, c'est sa réalisation. J'ai déjà parlé des cinématiques, mais les graphismes sont grosso modo de la belle PS2. C'est pas non plus une chose mal liftée comme Bully, mais ça fait bobo à la rétine quand même. Au niveau du son, je déplore toujours autant l'absence de voice over pour le personnage principal et dans les dialogues basiques. Mais le reste du cast s'en tire bien. Du moins en japonais. En anglais, c'est infâme. Pire qu'infâme même, parceque les acteurs essayent d'imiter un accent japonais. Surtout qu'à chaque démarrage du jeu, celui-ci se remet par défaut sur anglais. Les musiques par contre sont correctes et collent bien à l'univers du jeu. Après quelques heures, j'ai tout de même préféré copier mes CD des OST de Samurai Champloo et ainsi de me faire des combats d'anthologie sous fond de "Sneak Chamber".


To be freeeee or not to beeeee (oui j'ai osé)

Les succès sont... étranges.
On trouve du très générique : finir le jeu en divers mode de difficulté, tuer X personnes en chain kill ou trouver tant d'armes. A coté de ça, le jeu demande d'accumuler jusqu'à 10 000 points de samurai (quand je vous dis qu'on vous influence), de battre certains PNJ spécialement forts, de découvrir entre 5 et 21 fins dont la "vraie". Et de maitriser toutes les "techniques du jeu", en sachant que chaque arme de chaque stance a ses propres techniques et qu'il y a plus de 100 armes, je vous laisse essayer de comprendre le quota de "grind" que demande ce jeu pour les complétistes.


Oh oui, après cette esquive, tu vas repartir avec une nouvelle coupe de cheveux, gamin.

Pour terminer : Non, le jeu n'est pas beau, non, ce n'est pas Mass Effect 2 au temps des Samouraïs. C'est juste le digne successeur de ses prédécesseurs. Daté dans sa réalisation, imparfait sur beaucoup d'aspects, mais tellement complet et travaillé avec un contenu débordant de partout et une ambiance inégalable sur cette génération de console.
Si vous avez un jour fantasmé devant un Baby Cart, un Zaitochi ou un bon vieux Kurosawa des familles et que vous savez faire abstraction des détails techniques, tentez le coup, vous ne serez pas déçu.
Allez, un petit 7 sur 10 pour toi parce que la bataille finale plus qu'épique de la fin n°1 m'a rempli de joie

 

AUTEUR ZARMA.