Les joueurs sont familiers des petites cachoteries qu'aiment agencer les développeurs, histoire de pimenter un peu plus encore la joie de la découverte d'un titre. Ces pratiques indissociables du propos principal du jeu prennent invariablement la forme de "trucs et astuces" et autres canulars chargés de mettre sens dessus dessous le sérieux des règles de leur univers. Les lister devient en soi une véritable course au trésor comme en témoigne le vif enthousiasme entourant l'inventaire des nombreuses plaisanteries de GTA 5.
 
Mais à de rares occasions, le développeur s'accorde le droit de manipuler en toute discrétion le code du jeu qu'il développe en vertu de l'affirmation d'une affinité personnelle. La digression qui concerne Mark Turmell vient d'être révélée vingt ans après la commercialisation du bondissant NBA Jam. Lead designer chez Midway, l'homme voue un véritable culte au Detroit Pistons. En 1993, la rivalité entre cette équipe de basketball et les Chicago Bulls était exacerbée. Les supporters respectifs se regardaient dans le blanc des yeux à chacune de leur rencontre sportive, tandis que les joueurs jouaient des coudes sur le terrain.
 
 
Ce fan incorrigible des Pistons s'était arrangé avec la réalité du terrain pour contrebalancer le rapport de force favorable à l'adversaire : "si la rencontre était serrée entre les deux formations et que les Bulls avaient le point du match, l'écriture d'un code spécial tronquait l'issue de la confrontation", confie-t-il au magazine ESPN. La précision chirurgicale du légendaire Scottie Pippen était en mesure de faire basculer à lui seul le scénario d'une partie de ce jeu d'arcade jouable en deux contre deux, et versant dans le spectaculaire (les dunks enflammés défiaient les lois de la gravitation). Mark Turmell nivela les statistiques de ce basketteur hors-norme "mais seulement lors de ces rencontres" tient-il à rassurer.
 
NBA Jam fut commercialisé sur l'ensemble des consoles de jeux vidéo (Super Nintendo, Mega Drive, Sega CD, Gameboy, GameGear) ainsi que sur borne d'arcade. Il a été l'un des premiers titres du marché à utiliser la licence NBA. Pour d'obscures disputes juridiques, l'absence remarquée de Gary Payton et Michael Jordan n'a pas été préjudiciable au succès planétaire du jeu. Turmell révèle qu'une version spéciale d'une incroyable rareté incluant les deux joueurs manquants a été lancée "sur une poignée de cabine d'arcade". Enfin, le développeur glisse une dernière anecdote : "Shaq avait acheté deux bornes. Une qu'il gardait à la maison, tandis que l'autre le suivait pendant ses déplacements pour jouer dans les chambres d'hôtel".