PlayStation All-Stars, ce pot-pourri convoquant l'ensemble des icônes qui ont participé au succès des trois générations de consoles PlayStation, abrite un avatar coupable en 1995 d'un mémorable bras de fer entre hauts dirigeants de Sony. Soudainement apparu lors d'une énième bande-annonce consacrée à la promotion de PS All-Stars, le Boss final n'est autre que Polygon Man, l'incarnation publicitaire de la puissance évocatrice de la PlayStation aux Etats-Unis.
 
Cette campagne marketing aurait rendu Ken Kutaragi << absolument fou de rage >> se souvient le magazine Edge. Et ce n'était pas le seul point de désaccord entre la filiale américaine et japonaise. La marque PlayStation aura également fait l'objet d'une mésentente musclée entre SCEA et SCEJ. K.Kutaragi s'opposera de manière énergique aux demandes pressantes de son homologue américain de tronquer une marque au sens absurde pour l'acronyme PSX. SCEJ objecta que la marque Walkman toute aussi contestable, n'avait en rien contrarié la performance commerciale du produit.
 
 
Phil Harrison était alors vice président des branches nord-américaine et européenne. Il se souvient de la colère froide de l'homme fort de SCEJ lorsqu'au détour d'une promenade dans les allées du stand Sony pendant l'E3 95, il tombe pour la première fois nez à nez avec les affiches promotionnelles mettant en avant Polygon Man : << la chose qui m'a le plus bouleversée, c'est quand Ken Kutaragi me fait remarquer que l'icône publicitaire n'était pas modélisée avec la technique du Gouraud Shading mais en Flat Shading ! >> Sa réaction a été violente.
 
Le responsable de SCEJ avait en effet une haute idée de la puissance de la PlayStation. Elle était selon lui la seule console de sa génération capable de produire des univers en 3D temps réel réalistes, très loin des titres à la 3D balbutiante développés sur PC. A ses yeux, cette représentation publicitaire des capacités de la 32bits de Sony ne traduisait en rien ses prouesses, pire elle donnait une image régressive de la PlayStation.
 
 
K.Kutaragi aura eu raison de cette mascotte. Elle sera mise au placard avant le lancement de la console vedette de Sony aux Etats-Unis. Nul ne sait si le créateur de la PlayStation aura apprécié celle qui a mis en scène en France le Comité Anti-PlayStation (CAP), censée représenter l'autorité parentale.