Carpenter est enfin de retour après quelques épisodes en 2006 sur la série Master of Horrors. Son dernier film remontant à 2001 pour Ghost of Mars. L'attente commençait à etre longue...

Carpenter, au même titre qu'un Romero ou un Argento est un réalisateur ayant marqué sa génération. Seulement là ou Romero à su s'adapter à la nouvelle génération, Argento lui en a été malheureusement incapable. C'est donc avec beaucoup d'apréhension que l'on regarde le dernier film du Maître de l'horreur. Apréhension se renforçant après avoir vu les épisodes de master of horrors réalisés par Carpenter. 

Alors ? le Maître a t-il réussi à s'adapter aux nouveaux codes du cinéma ? Est-il encore capable de nous faire peur ? De nous surprendre ? Doit-il arrêter la réalisation et se concentrer sur la culture de betterave ? Beaucoup de questions auxquelles je vais tenter de repondre. Sauf pour les betteraves.

Le Dvd est dans le lecteur, on éteint les lumières, on s'installe, on monte le son et c'est parti. Petit frisson de joie quand même.

1960. Nous suivons l'histoire de Kristen, jeune femme, qui après avoir mit le feu à une maison, se retrouve internée dans un institut psychiatrique. Lieu où d'étrange rumeur font état d'un fantôme ayant tué des patients. Cet institut verra Kristen tenter de découvrir la vérité, la forçant à plonger au plus profond d'elle même pour y combattre ses propres démons.

Abordons tout d'abord le casting. Amber "Mandy Lane"Heard joue le rôle de Kristen. Sans être une actrice exceptionelle, Heard remplit parfaitement son rôle. Elle n'en fait ni trop ni pas assez. Bon on aurait aimé une prestation sortant de l'ordinaire, surtout pour un rôle la plaçant dans un institut psychiatrique mais on s'en accomodera. Quant au reste, que ce soit Jarred Harris dans le rôle du Dr Stringer ou encore Lyndsy Fonseca jouant Iris, tout est bien joué. Jamais génial mais toujours correct. Carpenter sait au moins choisir ses acteurs, on évite la déconvenue Argento et son Giallo...Bref ! 

Carpenter est et restera un excellent réalisateur. Il le confirme dans The Ward. Magnifique plan, jouant beaucoup sur ce que l'on ne voit pas ou ce que l'on entraperçoit. La scène dans la forêt ouvrant le film est réellement sublime, sorte de bois jaunis, donnant un vrai cachet à la scène. Il en va de même pour le reste du film, bien tourné, toujours là ou il faut, quand il le faut. Carpenter sait toujours manier un caméra et on le voit. Il n'en fait jamais trop. On notera certains effets vraiment bons durant le film comme lors de l'injection de la seringue sur Kristen, Carpenter utilisant une sorte de flou "vrombissant" ( oui c'est pas très pro...) très efficace. 

Le film ne fait jamais "peur" à proprement parler mais réussit à faire monter la tension. Carpenter ne perd pas je le répéte son talent de mise en scène.

Au niveau de la musique, Ce n'est pas le maître au commande mais Mark Kilian à qui l'on doit les musiques de Mon nom est Tsotsi ou encore Détention secrète. Le choix d'un autre compositeur est peu compréhensible quand on sait à quel point Carpenter aime placer sa musique dans ses films. Plaçant toujours sa musique au bon moment sans jamais la rendre envahissante. Comment oublier les musiques de New York 1997 ou encore Assault on Precint 13 ? Au final Kilian nous pond une musique un peu banale, sorte de mauvais Danny Elfman. Beaucoup trop prèsente, la musique casse malheureusement l'ambiance à certains moments. 

 

 

Penchons nous à présent sur le coeur du film, son scénario.

La toute première partie du film est un sans faute. Plaçant tout doucement ses personnages et son ambiance. Le film commençant à devenir de plus en plus inquiétant. On croit commencer à comprendre jusqu'à la première "grosse" apparition du monstre. Dès lors on s'attend à ce que tout démarre, on se dit qu'on va en prendre plein la figure, on commence à vouloir se faire tatouer "Carpenter is back" sur le bras et puis....plus rien. 

Le choix d'un script putôt convenu empêche Carpenter de se lacher complétement. Le film devenant alors une sorte de mauvaise montagne russe. Le film aura la facheuse tendance à faire monter la pression sans jamais la faire vraiment décoller. La laissant toujours retomber quelques minutes plus tard. Autant cela ne me dérange pas que la tension monte à chaque fois d'un cran mais au bout d'un moment ça doit exploser et ce n'est malheureusement pas le cas dans The Ward. 

Le film souffre donc d'un gros problème de rythme. La faute donc à un scénario beaucoup trop conventionnel, trop propre sur lui. On est loin d'un They Live ou encore d'un Assault on Precinct 13. C'est un peu ce qui choque lorsque l'on regarde le film. Hormis la réalisation excellent, impossible de retrouver la "patte" Carpenter. Pas d'ambiguité au niveau des personnages, ni de tensions palbables entre les personnages. 

C'est bien simple, The Ward ressemble plus à un film de commande qu'à un film du maître. Un peu comme l'était Starman en son temps. 

 

Il est même difficile de voir en ce film un message comme aimait le faire Carpenter à l'époque. Le film suit des rails et l'on ne laisse pas au spectateur le temps de la réflexion. On pourrait s'amuser à philosopher sur la fin et son sens mais à quoi bon ? 

Pour conclure, The Ward n'est pas un mauvais film mais plutôt un mauvais Carpenter. Cependant, Carpenter montre qu'il a de très bons restes et l'on peut donc voir en The Ward une sorte de manière pour lui de se chauffer pour la suite. Un peu comme si The Ward n'était au final qu'une sorte d'expérimentation pour la suite. 

Rassurez vous donc, Carpenter n'est pas mort et même s'il ne réalise pas le chef d'oeuvre attendu, il montre tout de même au cinéma que l'on peut compter sur lui à l'avenir. Vous pouvez dons aller vous faire tatouer une tête de Carpenter sur votre fesse gauche sans craindre que l'on se moque de vous dans la rue ( en même temps, montrer sa fesse gauche dans la rue...voyons...).