Hello tous,

A la demande du site Clubic, l'IFOP s'est emparée d'un sujet qui nous concerne tous de près ou de loin : le téléchargement illégal et la pratique que les internautes peuvent en avoir. La question, évidemment, est intéressante, en ce sens que j'entendais encore hier à la radio que les Français étaient parmi les plus gros consommateurs de fichiers sur Megaupload (avec pas moins de 10 millions de visiteurs uniques de l'hexagone chaque jour, si je me souviens bien). Du coup, faire le point des pratiques après la fermeture du site de partage prend un sens tout particulier.

Je poserai ici quelques préalables avant de vous livrer les résultats de cette étude. Le sondage effectué par l'IFOP porte sur 1249 personnes, comme toujours sélectionnées selon la méthode des quotas afin d'obtenir la meilleure représentation possible selon le sexe, l'âge et la catégorie socio-professionnelle. 1249 personnes, c'est peu pour obtenir une photographie fidèle des comportements. Il faut également garder à l'esprit qu'une partie des sondés n'ont pas forcément dit la vérité, a fortiori dans un contexte de répression qui s'est accentuée ces derniers mois.

48% des sondés ont stoppé le téléchargement illégal avec l'arrêt de MU

Il n'en reste pas moins que les données collectées semblent montrer de manière assez nette un impact direct de l'arrêt de MU sur le téléchargement. 37% des internautes français pratiqueraient, ainsi, le piratage de contenus culturels illégaux. Mais ces 37% d'internautes, soit 467 sondés, auraient pour 48% d'entre eux cessé de télécharger suite à l'arrêt de Megaupload, tandis que 31% auraient ralenti la cadence. La raison ? Elle n'est pas précisée. Peur d'Hadopi (hahaha), manque de maîtrise du web ou incapacité à identifier les solutions de remplacement ? Il y a sans doute un peu de tout ça. Sachant que les plus web-compatibles et les moins angoissés à l'idée de se faire tirer les oreilles par Hadopi sont précisément ceux qui continuent à télécharger comme avant : ils sont jeunes et plutôt bien diplômés. Oui, toi, là, qui me lis, je sais ce que tu fais de tes soirées.

L'étude met également en lumière deux trois informations pas inintéressantes. La première tient à relever le succès croissant de l'offre de streaming ou de VOD légale suite à un report de consommation des internautes vers ce type de solutions. On se voit également confirmer que c'est bien le streaming -légal ou non- qui a la faveur des usagers lorsqu'ils consomment du bien culturel en ligne. Le peer-to-peer, lui, devient anecdotique, avec 12% à peine des usagers.

L'offre légale pointée du doigt

Enfin, l'étude a le bon goût de s'intéresser aux points de l'offre légale. Après tout, c'est là que le bât blesse, et on en a la confirmation avec le point de vue des sondés, qui n'est guère tendre avec les systèmes en place. Prix trop élevés, offre limitée, contraintes techniques... Tout ce qui nous agace au quotidien est pointé du doigt. Reste maintenant à savoir si quelqu'un, là-haut, sera en mesure de lire cette étude et d'en tirer les conclusions (pas les conséquences, hein, cet abus de langage fréquemment commis par notre bonhomme à talonnettes m'horripile) qui s'imposent. Ca, c'est pas gagné... 

Si vous avez envie de retrouver l'étude complète, vous pouvez cliquer ici :https://www.ifop.com/media/poll/1776-1-study_file.pdf

Les conclusions de Tonton Noiraude

Je tirerai de tout ça deux enseignements : le premier, c'est que notre chère Haute Autorité ferait bien de commencer par aider à mettre place des structures de DL légal dignes de ce nom -et pas des machins infâmes aux tarifs usuriers- avant de traîner dans les tribunaux les internautes. Il y a des priorités à respecter. La deuxième, c'est que la disparition de Megaupload a créé un manque, évident, pour des millions de personnes qui se retrouvent du coup poussées à l'arrêt. Mais il ne faut pas être Einstein pour savoir que la nature a horreur du vide et qu'un nouveau modèle de DDL va très vite voir le jour. Dès à présent, la plupart des fichiers disparus avec le verrouillage des serveurs MU ont d'ailleurs été ré-uppés sur le web. Ce jeu du chat et de la souris n'a pas fini de me faire marrer...