Hello tous,

Je sais, vous allez direct me sortir la sentence habituelle : les Français, ça sait pas faire de bons films d'horreur. Et je serai même d'accord avec vous, m'voyez. En revanche, les Franchouillards, ça aime le foot, et ça adore rigoler. Et en la matière, on sait tenir la dragée haute à la plupart des productions venues du monde entier.

Maintenant, imaginez juste un instant une sorte d'ovni version pelloche qui met bout à bout tout ce que je viens de décrire. Une sorte de variation comique dans laquelle on serait confronté à des beaufs bien comme il faut, à une petite pincée de mauvaise foi et à une bonne grosse rasade de crocs-en-jambe, de maillots tirés et de cartons rouges pour avoir insulté l'arbitre tout au long de la soirée. La base est là, alors ajoutez-y encore un petit coup de virus mutant, des têtes qui volent et une faim de chair humaine comme dans les meilleurs Romero des années 70. Oui, mesdames et messieurs, je vous parle de morts-vivants, de supporters et d'un bon petit match de coupe au fin fond de la cambrousse, version rouge sang. C'est barjot ? Assurément. Ca vous fait penser à la recette magique de la trilogie Cornetto d'Edgar Wright (Shaun of the dead)? Il y a de ça, probablement. On salue donc bien bas l'avènement de Goal of the dead, qui se paye le luxe, en prime, de vous offrir un film par mi-temps. Et rien qu'à voir la bande annonce du premier, ça s'annonce au minimum décapant.

Plus sérieusement, le diptyque est censé être déjà visible sur les écrans. De fait, il l'est, mais selon un mode de diffusion inhabituel, puisque les réalisateurs - Benjamin Rocher pour le premier opus, Thierry Poiraud pour le second - sillonnent l'hexagone de soirée spéciale en soirée spéciale pour faire connaître leur bébé dans les cinés. Goal of the dead sortira donc de son relatif anonymat un peu plus tard dans l'année, à la faveur d'une édition dvd (fin 2014 sans doute). Et d'ici là, il compte très fort sur le bouche-à-oreille pour faire connaître sa féroce envie de sortir le film de genre de l'ornière dans laquelle il est embourbé, dans notre beau pays, depuis quelques années.

Si je vous parle de ces deux films totalement azimutés, c'est parce que Rocher et Poiraud ont peut-être bien trouvé la solution au problème de reconnaissance dont le film d'horreur français souffre, victime bien souvent d'une intellectualisation trop artificielle pour réellement toucher les spectateurs. Ce qui a fait le succès du genre lors de son âge d'or, (les années 70-80, donc), c'était certes la capacité des réalisateurs de l'époque de s'emparer des grands sujets de société. Mais il s'agissait aussi de sujets qui touchaient tout un chacun jusque dans son quotidien. Dans un pays comme la France, qui érige le football au rang de quasi-religion, décortiquer les mécanismes du fanatisme à travers le prisme d'un moment gore et drôle a donc tout d'une idée lumineuse : c'est l'opportunité de saisir un instantané de notre culture populaire, de rire et de s'effrayer des comportements qui ont cours une fois au coeur de notre version moderne des arènes du colisée. Les jeux du cirque moderne, "croqués" à travers un film d'horreur bon ton et de toute évidence joliment troussé, voilà qui promet d'être savoureux de la première à la 90e minute. On se retrouve dans le quart de virage pour déguster le bébé ?