C'est la parole libérée de ses obligations professionnelles que l'ancien directeur exécutif du pôle Xbox Robbie Bach revient sur les conditions de marché favorables à l'ascension de la 360. De bonne guerre, il consent à reconnaître que les erreurs stratégiques de Sony Computer ont beaucoup aidé Microsoft à installer sa nouvelle console sur la seconde marche du podium : << Sony a extrêmement mal géré la gestion de ses 70% de parts de marché [...] le passage de relai a été catastrophique. >>
 
En plus d'une force de frappe sans précédent déployé par Microsoft pour installer la 360 et que Sony a reconnu être incapable de suivre, le géant japonais a été grisé par le succès triomphal de la PlayStation 2 dans le monde entier. Bach remet en cause la gouvernance de la société japonaise : << leur relation professionnelle avec leurs partenaires a été mal conduite, la gestion des coûts structurels ignorée. L'architecture interne de la PlayStation 3 était tellement compliquée que les développeurs s'en sont détournés. >>
 
Autre aveu impossible à entendre de sa bouche durant son mandat (qui a pris fin en mai 2010), l'alliance objective des éditeurs et magasins avec Microsoft contre la domination écrasante de Sony. Les sociétés éditrices et points de vente ont compris que cette situation de marché monopolistique qu'ils ont pourtant contribué à bâtir et à alimenter n'était pas saine pour leur activité : << nous avions réussi à convaincre les détaillants ainsi que des éditeurs comme Activision, EA entre autres [...] qu'être dépendant d'un seul constructeur >> s'était comme être à sa merci. Il déplore cependant un soutien à bout de bras, pas loin du << calcul économique >> qui aura plombé la ligne éditoriale de la Xbox première du nom.
 
Son remplaçant, Don Mattrick doit dorénavant faire face à une autre problématique représentée par le numéro un sortant, Nintendo. Avec Kinect et toute la symbolique grand "public" que l'accessoire capteur de mouvements suggère, Microsoft cherche maintenant à marquer à la culotte le géant japonais. La console anti-crise (le prix de la Wii U est estimé à 300$) et dopée à l'innovation ludique (mablette...) est scrutée comme un objet de curiosité, reflet d'un marché en pleine convalescence économique.
 
Ce que d'aucun dénonce encore aujourd'hui, effrayé à l'idée de voir Microsoft ou Sony émousser leur ambition technologique : << pour ouvrir de larges opportunités de croissance, les futures consoles ont l'obligation d'exploser les compteurs de calculs mathématiques [...] économiquement possibles [...] cela poussera les consommateurs vers l'acte d'achat >> plaide Mark Rein d'Epic. Pour ce dernier, la Wii U est un non sens technologique car incapable de supporter l'Unreal Engine 4. Un mouvement à rebours des deux autres constructeurs signifierait une perte financière considérable tant la gourmandise de son nouveau moteur 3d est impressionnante.
 
Toutefois, Microsoft souhaite jouer sur les deux tableaux pour mettre fin à la lune de miel entre Nintendo et les joueurs : rupture technologique et capture de mouvements. Reste le savoir-faire de Nintendo que l'on prétend inimitable...