L'agence de notation a salué à sa manière la nomination de Kazuo Hirai à la tête de Sony en dégradant la note de confiance qu'elle accorde au spécialiste de l'électronique grand public (elle passe de A- à BB+). Ce sévère avertissement prend les accents d'un ultimatum, S&P ne s'attend pas à une forte reprise des bénéfices de Sony. La société japonaise est en effet prise dans le feu "d'une baisse de la demande, d'une érosion des prix et de la concurrence exacerbée". Elle pourrait même jeter de l'huile sur le feu si "dans les six à douze mois nous ne voyons aucun signe de reprise significatif [...] nous baisserons en conséquence une nouvelle fois la notation de Sony" prévient sans ménagement S&P.
 
Au centre de leur motif de dégradation, l'activité Télévision qui depuis 2004 "subit des pertes répétées" à cause d'une stratégie de guerre des prix alors que Sony ne peut structurellement réviser continuellement à la baisse le coût d'achat de ses téléviseurs. S&P souhaite que le géant japonais réoriente sa stratégie vers une plus grande profitabilité plutôt que de viser "l'expansion de ses ventes" à tout crin ainsi qu'une restructuration de ses coûts de production : "mais les circonstances sont si graves que S&P estime qu'il sera difficile pour Sony de renflouer la branche télévision, même pour l'exercice 2013" critique sans réserve l'agence de notation américaine. Le fabricant est jugé plus vulnérable que ses compétiteurs en raison d'une dette qui se creuse. De l'ordre de 40% de son capital, celle-ci ne cesse de progresser (+5% en un an). C'est la seconde dégradation qui touche Sony après celle de novembre dernier.
 
Comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, les statistiques de ventes du marché nord-américain publiées par le cabinet d'analyse NPD sont décevantes. Le secteur reste sous pression avec une baisse de 34% par rapport à la situation de janvier 2011. Le communiqué triomphaliste de Microsoft contraste avec l'absence de bilan mensuel chiffré délivré par Sony. Cette rétention d'information met en lumière la crispation de la branche américaine, frustrée d'être reléguée à la troisième place du podium dans le marché le plus dynamique au monde.