6 épisodes. 20 millions d'euros de budget. David Bowie au générique. Casting 4 étoiles composé du policier français de la PJ de Marseille campé par Tahar Rahim (qu'on ne présente plus), des assureurs anglais Samantha Morton (The Messenger, In America) et John Hurt (Ollivander dans Harry Potter) et enfin du bandit Goran Bogdan (moins connu mais probablement la meilleure prestation d'acteur), la dernière-née des "créations originales" délie son intrigue audacieuse autour d'un casse de bijouterie de luxe (mais quel bijouterie ne l’est pas !?) à Marseille par les Pink Panthers, surnom donné par Scotland Yard au groupe de braqueurs balkans sévissant depuis 1996 exclusivement chez les grands joaillers de luxe que ces derniers se situent à Tokyo, Monaco, Londres, Tokyo, Courchevel ou même Saint-Tropez.

Puisque pour le coup, la diable originalité de Panthers est de s’inscrire dans un contexte tout à fait réaliste. Au premier degré. Les Pink Panthers existant bel et bien. Toujours actif aux dernières nouvelles. Le show ne se présente pour autant pas comme un biopic sur ce groupe fort d’un demi à un millier d’hommes. Je vous rassure, ils ne débarquent pas à mille dans la même bijouterie. Il s’agit bien d’une fiction puisque le braquage a lieu à Marseille. Ville pas vraiment huppée mais devant bien comporter 2 ou 3 bijouteries valables. Quoi qu’il en soit, les Pink Panthers font irruption et comme le veut leur tradition, celui-ci est bref, limpide, sans violence et marqué d’un déversement de peinture rose sur les quelques clients. Bah oui, c’est moins drôle sinon. Non, le focus est centré sur une tripartie : l’enquête policière sur le forfait, l’enquête de la compagnie d’assurance auprès de laquelle le butin est enregistré et la cavale/recel des diamants par le commando déployé pour l’occasion.

 

L’ensemble prend donc place à Marseille, à Londres mais aussi dans les Balkans. La singularité de la Série s'attenant aux difficultés que vont rencontrer chacun des "impliqués" dans sa quête qui lui est propre et de l'influence qu'il aura sur l'entreprise de l'autre. Très centrée sur ses personnages, Pink Panthers jouit d’une écriture des relations professionnelles comme personnelles ambiguës. Sans vraiment trahir de secret, l’inspecteur de police joué par Tahar Rahim – fonceur et constamment enjoué - tient en son supérieur trop zélé pour avoir confiance en ses pistes et un frère caïd des quartiers nord les 2 obstacles majeurs à son entremise sur l’enquête. Deux issues relationnelles aussi surprenantes que perturbantes une fois le dénouement révélé au grand jour.

 

Il en va de même pour la construction du personnage joué par Samantha Norton – fragile et professionnelle – dont le propre passé et la domination psychologique exercée par son mentor - joué par John Hurt - feront figure de cap à franchir (ou se délester) pour avancer tant vis-à-vis de la traque des diamants que de son épanouissement personnel. Enfin le braqueur d’expérience sous les traits de l’excellent Goran Bogdan qui fait face à l’implication personnelle d’un proche suite au coup (je ne dirais pas dans quel camp il est) et doit donc gérer cet imprévu ainsi que la vente au combien difficile de diamants fraichement polis. Poli, puisqu’ils disent bonjour.

 

Ce n’est pas tant pour l’issue (va-t-on remettre la main sur les diamants ainsi que les auteurs du crime ou vont ils s’évanouir dans la nature ?), ni pour le « inspiré de faits réels » qu’on apprécie Panthers. Non, c’est clairement du côté de l’écriture de ces personnages, des liens qu’ils n’entretiennent pas entre eux (personne ne se connait et les interactions sont pour ainsi dire rare pour ne pas dire inexistantes du début à la fin) mais surtout de leur passif/relationnel avec leur sphère d’influence propre qu’on retrouve toutes les qualités des auteurs derrière le show.

 

La réussite du drama tenant insidieusement en la mise en exergue du passif douteux de certains, du relationnel compliqué d'autres, voire de la personnalité double face de ceux dont on aurait portant jamais oser douter. Panthers est surprenant, globalement intriguant, il se laisse parfois avoir par des évolutions prévisibles qu'on sent clairement venir au cours des 4 premiers épisodes pour mieux nous surprendre et nous enjouer lors de nombreuses révélations mises au-devant des 2 derniers épisodes. Un bel essai qui en appelle d'autres même si celle-ci n'atteint peut être pas la maestria d'autres productions internes comme Engrenages ou Mafiosa. Voire Braquo. Que je n'ai toujours pas visionné soit dit en passant. Dernière précision, la VF est vraiment bien. Conservée après test de la VO. Vous pouvez y aller.

2014-2017 Time Neves De bonne facture Réservé.