[Billet issu de mon précédent blog datant de l'été 2009. Il s'agit plus d'un exercice de style. J'ai revu certaines fautes et modifiées quelques passages ;) J'aime beaucoup réfléchir sur la mort et ça annonce bien le futur gros projet qui va effectivement bientôt voir le jour]

Un billet qui m'est venu dans l'esprit morne de cet été et conséquence de la trop grosse chaleur qui s'est abattu dans la région lyonnaise... alors qu'à la base je voulais faire un article sur Nijuu No mensoume. Je veux le faire pour Mais la chaleur m'a vraiment trop tarabiscoté les méninges !

 

Comme chacun le sait, il n'existe à l'heure actuelle qu'une façon de naître à travers deux voies. A l'opposé, il existe une infinité de façons de mourir. Pourtant un constat s'impose, du moins dans les sociétés riches, et plus particulièrement en France : il devient de plus en plus difficile de mourir ! 

Pas besoin d'être statisticien ou démographe pour faire ce constat, même si c'est à eux qu'on doit l'explication qui va suivre. La population vieillit à vue d'oeil et se renouvelle peu, à tel point que les enfants restent enfants au moins jusqu'à la fin du collège, deviennent des adolescents jusqu'à la trentaine où ils peuvent enfin, peut-être, trouver un emploi si les crises ne leur empêchent pas et une vie stable ainsi qu'accomplir leur devoir d'adulte, avant de prendre une retraite bien méritée dans leur soixantaine. C'est le moment idéal pour goûter à la vraie vie et au luxe de rien faire tout en étant pas trop inquiet de l'avenir puisque le pire est passé. Et une vingtaine d'année plus tard, ils entreront pour la plupart, s'ils sont encore en vie, en dépendance vis-à-vis de la société, s'accrochant désespérément par leur instinct de survie à leur perfusion, bouteille à oxygène et auxilière de vie (remplaçante de la famille qui se rappelle vaguement qu'elle a un aiëul à s'occuper) comme une drogue nécessaire à leur survie alors que la faucheuse pourra enfin venir les enlever (et que les enfants qui n'attendaient que ça depuis une éternité puissent enfin toucher l'héritage car il faut rembourser l'emprunt de la maison qui court sur quarante ans).

Il faut dire que le boulot de la mort n'est pas beaucoup aidé ces derniers temps (elle préfère se la jouer Suédoise et prendre des vacances dans Gregory Horror Show), malgré les missiles qu'elle nous balance. Là par exemple, elle nous envoie la canicule. Ca avait bien fonctionné en 2003, manque de bol, on a mis en place un système d'alerte, et les proches n'ont même plus besoin de s'assurer que leurs aieux vont bien, la mairie du coin s'en charge et la télé se donne bonne conscience en multipliant les alertes et autres recommandations (17 000 vieux en moins en 2003, c'est autant de pertes pour les pubs de dentiers et de montes-escaliers les après-midi sur le service public, revenus sensés remplacés ceux d'après 20H). Elle nous prépare un autre, mais tout le monde le sait d'avance que ça sera un pétard mouillé : la grippe A dite grippe mexicaine dite grippe porcine dite grippe SF dite grippe tu nous tapes vraiment sur le système parce que tu causes moins de morts que la grippe saisonnière. D'avance il ne faut pas s'inquiéter, on veille bien sur vous, tout le monde sera vacciné !

Puis, faut bien le dire, les morts classiques ont dû mal. Sur la route, cela devient difficile, les voitures sont devenues très sécurisés aujourd'hui, se déformant carrément quand on à un petit accident (au moins les tanks d'autrefois gardaient une forme intacte), les radars nous empêchent de conduire trop vite en nous ponctionnant ce qui nous tiens le plus à coeur permet de vivre, l'argent. Bientôt, il faudra souffler pour que votre voiture démarre ! [Post remarque : bientôt nous aurons plus de voiture, avec de l'essence à plus de deux euros, plus personne n'osera rouler.] Toutes ces mesures marchent tellement bien que selon les chiffres on est passé de plus de 7000 morts en 2002 sur les routes à 4000 et des poussières l'année passée. Dans vingt ans, l'objectif sera moins d'un millier de mort sur les routes. Enfin, me direz-vous, y aura plus personne sur les routes parce qu'il y aura plus de pétrole, mais ceci est un autre débat.

Et quand même, les morts sur les routes, c'est pas grand chose comparé aux morts par maladie, cancer ou crises cardiaques. Vu que l'interdiction de fumer suit son cours (prochaine étape : interdiction de fumer dans la rue), que REACH est en vigueur, et qu'on se doit de manger cinq légumes et fruits par jour, on peut vraiment le dire que la mort n'a pas un boulot facilité pour que nos jours se terminent rapidement, sans qu'on aille au suicide ou à l'euthanasie.

Nonobstant, elle parvient à se rattrapper avec les catastrophes accidento-naturelles. Entre le réchauffement climatique, les accidents radioactifs [Post Remarque: Fukushima est passé par là aujourd'hui], les tremblements de terre, les tsunamis ou encore les éruptions volcaniques; même si certains phénomènes sont prévisibles, on a encore du mal à les maîtriser et leur dire stop, ici c'est la frontière, retournez d'où vous venez ! On a quand même de la chance avec ce genre de morts. Elles se produisent aussi souvent qu'il y a de gagnant au loto (et la mort est heureuse quand ça arrive, elle touche le jackpot à ces moments-là).

Et puis chose extraordinaire pour nous tous, la mort a parfois le sens de l'humour. Enfin bien à elle, concevons-le. Chaque jour dans le monde apporte son lot de morts incongrues, saugrenus et/ou stupides. Tenez récemment ce cavalier qui a eu la bonne idée de se promener dans les algues vertes. Bilan: un cheval mort et un Premier ministre qui se déplace sur les lieux du crime pour dénoncer la toxicité des nitrates en Bretagne (trouvez la chose comique dans l'histoire). Ou ces anecdotes historiques qui n'en sont pas moins hilarantes comme celles de quelques rois birmans. Ainsi le roi Tabinshwetti en 1551 a été décapité par ses chambellans à la poursuite d'un éléphant blanc imaginaire. Quelques années plus tard, le roi Andanbayin est mort de rire lorsqu'il apprit que Venise était une République sans roi. Pardonnez-moi, je m'égare quelque peu, mais notons que si ces morts sont notés, c'est qu'elles ont tout de même un certain caractère, ce qui les rend à la fois rare et précieuse.

Bon, nous venons d'énumérer les cas de mort possible, on pourrait bien chercher les causes de ce chômage partiel de la mort, en disant que les différentes politiques de santé publiques, l'Etat, l'économie, l'hygiène et j'en passe sont responsables de cet état de fait. Mais ce n'est pas le but de cette billet, et au final ça sera pure perte de temps. Non, il s'agit juste d'une dénonciation d'un combat vain : celui de lutter contre le destin, le fil qui sera tôt ou tard coupée, bref qu'un jour, il faut bien passer à trépas !

Regardez, soutenir la mort, ça aurait vraiment des impacts positifs sur la vie de tous les jours. Déjà, vous n'aurez plus à rendre visite tous les ans à mamie Nova, chose hautement fastidieuse, et en plus vous aurez déjà sûrement touché une petite part de son héritage. En outre cela facilite votre vie, plus de papasserie la concernant. Sans la mort, la vie s'accumulerait sur Terre et au final on se marcherait tous dessus. Il serait impossible de mettre fin de façon attentatoire à cette vie morne et stupide, où on vous fait travailler et consommer comme des robots. Plus de goût et de saveur !

Tenez, pour illustrer le propos, Il y a toujours cette histoire d'un suicide raté qui n'est pas déplaisante : le gars s'était mis au bord d'une falaise, avait avalé du poison, attaché la corde à un rocher pour se pendre. Suprême précaution, il avait une arme à feu sur lui. Bref, de quoi faire 100% de réussite. Manque de pot, la mort pour lui devait être occupée ce jour-là, ou elle était farceuse (elle a bien le droit !), parce que la détonation du pistolet a déséquilbré le pauvre jeune homme qui s'est retrouvé pendu à la falaise. On peut penser qu'il aurait fini pendu. Eh bien non, la corde n'était pas suffisamment arrimé au rocher et donc céda. Il se retrouva à la mer, entrain de dégueuler son poison, et un bâteau de pêche vient le secourir. Il finira en hypothermie aux urgences.

Voilà pourquoi si on ne soutient pas la mort dans ses bonnes oeuvres, on pourra même plus mourir en paix ! Créons un groupe sur Facebook et proposons des façons originales pour mourir afin d'inspirer la Mort elle-même ! Allons fetez les enterrements de façon joyeuse ! Et surtout n'oublions pas de se dire au moment de trépasser, on aura quand même sacrément bien vécu.