Voilà, nous sommes déjà à la dernière partie qui va nous faire office de conclusion à cet extraordinaire voyage au pays des nippons. Ça me fait un drôle d'effet d'en parler, ça me paraît à la fois si loin, vu que tellement de choses se sont produites depuis mon départ de l'Archipel. Les articles sont comme les filles, il faut arriver à conclure un jour.

En prenant mon dernier train, qui m'emmenait à Takanosu, vers Akita, j'ai eu cette sensation que tout défilait dans ma tête, que c'était la fin d'un vrai voyage et que la prochaine semaine servirait juste à préparer mon départ. N'empêche que j'ai eu de bonnes choses et de bonnes surprises.

J'ai dû quitter Kanazawa plus tôt que prévu. Mi-juillet, un fort séisme avait touché la région de Niigata. Or le problème est que les chemins de fer étaient en réfection, et donc le train ne pouvait donc passer que la journée. Dommage pour moi qui croyait pouvoir rentrer de nuit paisiblement, ce qui m'aurait économisé une nuit chez ma contacte américaine et un peu plus d'antipathie de sa part. Le soir, elle vient me prendre quand même à la gare, alors que je suis à ce moment-là sans le sou. En arrivant chez elle, en consultant mon compte j'aurai la divine surprise de voir que la fac m'a donné encore de l'argent pour ma bourse Erasmus. Toujours une bonne nouvelle à prendre alors que je pensais vraiment vivre chichement cette dernière semaine. J'organise alors ma semaine. Le lendemain, j'en profite un peu pour tester la piscine publique du village. Celle-ci est hyper chlorée. À peine on plonge dedans que les yeux sont rouges. Il faut savoir que les Japonais ont tendance à abuser des produits chimiques, notamment des engrais et des pesticides. Je rentre assez tôt lez soir, il va y avoir le repas d'adieu de ma contacte américaine qui quitte le pays dans deux semaines, après avoir passé trois ans à enseigner. Repas sympathique s'il en est qui me permet de revoir un peu tout le monde une avant-dernière fois et qui se termine par un bon petit karaoké dont un duo qui me restera gravé longtemps sur la chanson YATTA ! (que je recommande à tous d'ailleurs). Je passe la nuit non pas chez Merrica mais entre Takanosu et Noshiro chez une personne qui a bien voulu m'héberger pour la nuit.

Le lendemain soir, je me retrouve à Noshiro pour passer la nuit, j'en profite le lendemain pour refaire un tour de cette ville sympathique. La dernière fois que je m'y étais rendu, j'avais tenté de voir les temples, mais vu qu'il n'y a pas de nom de rue, difficile de se repérer et j'étais parti bredouille. Là j'ai réussi à les trouver mais il commençait à se faire tard. J'ai dû rentrer rapidement, j'avais rendez-vous pour aller au feu d'artifice le soir même. Et quel feu d'artifice mes amis. Oubliez les petits feux de Bengale du 14 Juillet, on a le droit à un véritable spectacle, avec des explosions aux formes variées (cela va de l'emblème de la région, une sorte de sapin à de jolis cœurs rouge qui vrille dans tous les sens.) Il y avait vraiment de quoi applaudir. On finit la soirée avec un petit karaoké. Qu'est-ce qu'on s'ennuyerait sans.

Le lendemain, le contact américain me prend sous son aile. On va à la plage faire du canoë. J'aurai espéré atteindre la Corée du Nord avec. Mais je ne suis pas sûr qu'il m'aurait bien accueilli là-bas. On finit la journée par un bon petit onsen (très appréciable avec son eau à la fois glacée et bouillante, de quoi donner un coup de fouet à sa circulation) et une bonne petite dose de ramen. Le lundi avant mon départ, je retourne à Kakunodate, que j'avais grandement apprécié la dernière fois pour un transit. Direction Morioka, centre urbain assez important dans le nord dont la spécialité est la théière en fonte. Je prends mes quartiers dans un ryokan pour la nuit. Je m'en vais explorer la ville alors que le soleil est couchant. Là je surprends des jeunes en train de répéter avec leur tambour en vue du festival qui aura lieu dans quelques jours. Ce qui est bien au Japon, c'est qu'on trouve toujours des matsuri où se rendre pour le week-end.

Le mardi, je repars à nouveau pour Takanosu pour passer mes derniers jours dans une vraie famille japonaise cette fois-ci. Eh oui, autant conclure en beauté ! J'en profite d'ailleurs pour faire mes derniers achats (hum du saké et en plus on me donne un kimono ^^), mes dernières visites, dont un musée à deux pas de la maison où se trouve le plus gros tambour au monde. C'était assez marrant de vivre là-bas tout de même et de s'imprégner des petits détails de la vie quotidienne. Par exemple, les enfants qui se lèvent très tôt le matin, sous les coups de 6h30 afin d'aller faire de la gymnastique à l'école pour se réveiller ou qui vont à la piscine de l'école en journée. Il faut savoir que toutes les écoles primaires possèdent leur propre piscine et qu'elle est toujours ouverte en cas de beau temps. L'école aussi est toujours ouverte, prête à accueillir les élèves en mal d'activité. Le jour de mon arrivée, j'ai mangé d'abord chez les grands-parents du bœuf de Kobé, la viande la plus chère du Japon (et vraiment délicieuse au passage) avant d'aller au festival de la ville le soir où des groupes jouaient de la musique dans des camions. J'ai fait du tir (un briquet gagné, chouette) et du dessin (le but est de découper un dessin sur ce qui ressemble à un pain de sucre, si on se rate, on peut toujours le manger).

Le jeudi, veille de mon départ, a lieu mon repas d'adieu, mais, mon repas de bienvenue serais-je tenté de dire. En effet, c'était un peu comme un repas d'intégration, la façon de dire que je serais toujours le bienvenu dans le coin. On se rend dans la maison d'un Japonais, Shin, qui veut bien m'héberger la nuit et me ramener le lendemain à Noshiro où ma contacte américaine doit normalement m'emmener à l'aéroport. Je passe vraiment une agréable soirée, avec un excellent repas (beaucoup de toro, miam !). La nuit sera quand même un petit peu agité. Ça m'a fait drôle de dormir dans la chambre des parents décédés de Shin.

Dernier jour, en route mon dernier voyage et ma dernière mauvaise surprise. Arrivé à Noshiro, où ma contacte américaine devait me prendre, je la vois en bas, en train de démarrer sa voiture, prête à partir pour Akita. Je m'approche d'elle, plaisantant : « Eh, are you going without me ? » Je me souviens encore de l'appel donné la veille pour s'assurer qu'elle m'emmènera bien à l'aéroport. Elle me répond « Yes, I'm going to Akita for making my visa. » Je la regarde incrédule. « Are you sure ? Because normally you have to take me to the airport... » S'ensuit une discussion un peu à bâtons rompus. Finalement, elle m'accepte, dépitée, de m'emmener à l'aéroport. Me voilà pas mécontent déjà de descendre en quatrième vitesse l'ensemble de mes sacs, et de les trier un tant soit peu pour retrouver mes billets perdus quelque part dans ce bric-à-brac. Un beau bordel je vous dis.

Le trajet se passe silencieusement jusqu'à l'aéroport, c'est très tendu je dirais même. Tout le contraire du jour où elle m'avait accueilli. Je voulais presque lui dire : quand on écrit à quelqu'un qu'on l'accueille sans problème, qu'il peut rester autant qu'il le veut (c'est ce qu'elle avait marqué au mois d'avril), on l'assume un tant soit peu et on va jusqu'au bout des choses. Mais je n'ai rien dit, je ne voulais pas en rajouter. Je crois bien que je suis venu au mauvais moment pour elle, juste avant qu'elle ne parte et qu'elle laisse son petit ami qui reste un an de plus au Japon. C'est bien dommage, elle a été un peu mon seul point noir du séjour, j'attendais un peu plus de sa part, elle qui avait été vraiment bien avec moi trois ans auparavant et qui m'avait permis de prendre un peu de pied au début de mon séjour au Montana. Je ne sais pas si on va se revoir un jour, si on va rester en contact. Depuis mon retour, j'ai envoyé deux emails auxquels elle n'a pas répondu. C'est dommage quand même, j'espère qu'elle pourra venir visiter la France un jour. Je suis tout disposé à l'accueillir.

C'était vraiment mon seul point noir du séjour. Je ne regrette vraiment rien d'autre. J'ai pu vraiment découvrir un pays dans lequel j'aimerai vraiment y retourner, car pour un étranger occidental, il est vraiment agréable à vivre. Pas de problème de sécurité, des mets de qualité, une culture et une tradition qui se vit au quotidien, toujours visible, un pays très moderne technologiquement (je veux mon téléphone portable japonais >_< ) et des gens, bien qu'ils semblent coincés au premier abord, n'en sont pas moins courtois, généreux et qui n'hésitent pas à aider leur prochain, à condition qu'on leur demande expressément (il ne faut vraiment pas hésiter, au Japon, si on ne dit rien, il est tout à fait possible de passer pour un fantôme).

Et pour ceux qui n'ont pas vraiment les moyens de partir, (personnellement, je ne sais pas combien j'ai dépensé, mais un budget de 5000 euros serait vraiment confortable), je recommande de vous acheter ou de ressortir cette bonne vieille console de jeu qui s'appelle Dreamcast et de jouer à Shenmue. Ce jeu donne vraiment un échantillon de ce qu'on peut voir là-bas, au pays du Soleil levant. De quoi patienter jusqu'à réunir la forte somme requise pour un tel voyage, un voyage cher peut-être, mais inoubliable, pour autant qu'on connaisse quelques personnes qui vivent déjà là-bas, c'est sûr.