Souvent dans l'art numérique, les installations interactives proposent un rapport de symbiose entre le corps du spectateur/acteur et l'écran. La création dont je souhaite vous parler aujourd'hui apporte un petit ajout à ce postulat de départ. Il ne s'agit plus d'agir avec son corps mais avec un élément. Plus précisément, un vélo.

 

 

 

 

 

L'installation se nomme La Ville lisible de Jeffrey Shaw. Partant d'un concept classique, le créateur nous propose de nous immerger dans un monde virtuel. Seulement, au lieu de nous mettre face à un écran en nous demandant de bouger, Shaw nous propose de chevaucher un vélo. Un vélo dont le guidon est équipé d'un projecteur grâce auquel est projeté la ville que l'on parcourra sur un écran qui nous fait face.

 

 

La Ville lisible, de Jeffrey Shaw

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi,  le spectateur/acteur via un petit effort physique voit défiler devant lui une ville qu'il découvre progressivement. Mais Jeffrey Shaw refuse de céder à la tentation photo réaliste et propose une citée virtuelle composée exclusivement de lettres géantes. On pourrait voir dans cette démarche atypique un rappel, simple mais efficace, affirmant que les mots sont d'une certaine manière le premier véhicule de l'imagination. Avant même la littérature, et les fictions qui poussèrent l'histoire très loin dans sa complexité, il y avait le verbe. L'oralité avant l'écrit, simple matérialisation de la voix.

 

Un rappel doublé d'une alliance, celle de la technologie, comme pour montrer que l'évolution des techniques n'est en aucun cas une négation de quelques primats à sauvegarder. Néanmoins, pour en revenir à l'installation, les lettres ne sont pas posées de façon arbitraire, elles simulent toutes de véritables constructions.

 


 

 

 

Trois villes au programme : Karlsruhe, New York et Amsterdam. Il faut se rappeler que cette installation date de 1985 et, comme souvent dans ces articles sur l'art numérique, on découvre que les jeux vidéo reprennent entièrement ou en grande partie, des concepts de l'art numérique dans des productions ultérieures à ces premiers essais.

 

En décembre 2009, on a vu débarquer sur Wii le jeu Cyberbike. Un jeu de cyclisme fourni avec l'accessoire du vrai-faux vélo d'appartement. Une étrange ressemblance qui arrive presque 25 ans plus tard. Tout comme l'œuvre de Jeffray Shaw, cette production Wii prend la voie du sport ludique et numérique.

 

Il s'agit, comme dans La Ville lisible, de conjuguer le physique (l'effort sur le vélo) au virtuel (l'écran ou le poste de télévision reflétant un monde virtuel). On pourrait penser que la visée est différente entre les deux concepts. Du côté de l'art numérique, l'accent serait mis sur l'imaginaire, l'effort physique n'étant que le moteur secondaire ; du côté du jeu vidéo, l'accent se ferait plus sur le travail physique.

 

 

Cyberbike, sur Wii

 

Néanmoins, en regardant de plus près, ce jeu Wii mêle les deux. En fonction des modes, le joueur pourra travailler son corps (extension du vélo d'appartement) mais également s'amuser, faire travailler son imaginaire grâce au pilotage d'engins étonnants (hélicoptères étranges, sous-marins, wagonnets de mine) et à la vision de décors exotiques voire farfelus (campagne avec moulins, canyons...).

 

Une suite sortira sur PS3, réduisant malheureusement le concept de la version Wii. Les objectifs, peu nombreux, se focaliseront alors sur l'effort physique. L'imaginaire n'étant presque plus à l'ordre du jour. On ne peut que regretter ce choix qui condamna une jeune licence à une posture fainéante.

 

Cyberbike, sur Wii

 

L'artice d'origine : https://levelfive.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=166:art-numerique-la-ville-lisible-jeffrey-shaw&catid=48:art-numerique&Itemid=56

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