Alors que les lycéens viennent de sortir de leurs salles d'examens, l'oeil un peu torve et l'estomac un peu hypoglycémique, il est plus que temps de se pencher sur la douloureuse épreuve de philosophie, (coef 4 quand même. Voire 8 chez ces drogués de L), ordalie implacable du baccalauréat.

En tant qu'ancien membre de la glorieuse section ES (Esu banzaii !! ) je me propose ici de fournir une correction du premier sujet de philo ES afin de rassurer au plus vite les lycéens sous béta-bloquants et perfusés à la fiche Bristol.

Voici donc le premier et tonitruant sujet d'ES.

Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ?

 Oulà...

C'est chaud...

Le sujet questionne donc notre liberté et la problématique du choix. Etre libre, est-ce être libre de choisir? Mais le choix de quoi? N'y a t-il de liberté que par la liberté du choix? Et le choix est-il infini? (très bon départ d'ailleurs pour les ES, car le libéralisme pose la libre-concurrence d'une infinité d'offre et de demande comme préalable indispensable à l'exercice du libéralisme économique.)
C'est à toutes ces questions qu'il a fallu répondre pour espérer avoir une note correcte face au cruel professeur toujours prompt à casser en deux le pauvre lycéen que vous êtes et qui a toujours plafonner à 8.

Bref, voici maintenant...

La correction.

Introduction

La liberté, le premier des droits de l'Homme, est celui qui est le plus mis en avant.
Cette liberté recouvre de nombreuses choses. Le seul fait de se déplacer est une liberté. S'exprimer aussi en est une autre...
Elles sont donc nombreuses ces libertés.
Mais nous incluons ici les droits de l'Homme, droits qui découlent de la philosophie des Lumières et qui fait de l'Homme doué de raison le centre des attentions.
Indépendemment de cette liberté qui est pour ces philosophes, absolue, se trouve à un degré moindre liberté du choix.
Liberté triviale si il en est car nous choissisons tous les jours, de notre petit-déjeuner à notre paie de chaussettes en passant par le métier de toute une vie...

Cette même vie qui nous dicte parfois ses choix, qui les impose. Avons-nous alors été libres? Sans doute que non mais alors avoir le choix est-ce être obligatoirement libre? La liberté ne se trouve-t-elle que dans le choix?

Mais si choisir c'est exercer sa raison ou son instinct en soi-même pour prendre une décision, alors on excerce là une/notre liberté. Celle d'être sensible, unique, quoique grégaire.
Les choix étant par définiton multiples, ce sont donc trois facettes de la liberté de choix qu'il nous faut explorer tour à tour afin de donner la vision la plus large possible à notre réflexion.

Première partie. Thèse: La Xbox One ou la liberté de choisir Kinect.

Cette partie devra s'attacher à démontrer que la liberté, c'est aussi pouvoir choisir Microsoft. Si un tel choix peut sembler stupide,  l'élève ne manquera pas de souligner que les gens sont foncièrement cons et qu'ils sont prêt à jouer à Call of Duty  et à payer le XBLA
Partant de là, on peut expliquer que le joueur et donc l'Homme est un individu sensible et limité par ses sens. Le choix est certes l'expression de la liberté mais c'est aussi la liberté de se tromper, et c'est la toute la problématique des personnes qui choisissent Microsoft: Ils se trompent.
Mais l'erreur est formatrice, c'est donc par le choix qu'intervient l'erreur, puis la prise de conscience de celle-ci et la découverte d'une nouvelle réalité. C'est sortir de la caverne de Platon en prenant conscience que 'crosoft c'est de la merde, et qu'il nous faut dépasser notre condition de joueur lambda.
Vous pouvez citer ici les mots de Solid Sénèque. qui a écrit dans Lettres à sasukezenaruto78.
Il est plus facile de se contenir que de se retirer du Xbox live. Le joueur qui a acheté une Xbox est donc piègé dans la caverne platonicienne car il n'a pas su faire le choix, le bon choix. C'est donc ici l'absence de choix véritable qui l'a empeché d'être libre. Et en rennonçant à cette libeté, il se retrouve espionné par Kinect qui restreint désormais sa liberté. Citez ici Georges Orwell. 1984.

Deuxième partie. Antithèse. : La PS4 ou la liberté de choisir un truc moins bon qu'un PC récent

Si le joueur est fait prisionnier car il n'a pas su sortir de ses préjugés, le gamer qui lève la tête saura voir derrière les apparences de la Xbox pour découvrir que Sony a fait une nouvelle console.
La liberté s'exprime déjà plus car on découvre que Sony offre une première liberté, celle de choisir sa console plutôt qu'une autre.
N'est-ce pas déjà être libre que de choisir? Aussi modeste soit le choix?
Mais malheureusement, si la PS4 offre déjà de meilleurs graphismes et n'envisage pas un Kinect à la con, la prospection du joueur en lui-même et dans les tests de jeux vidéos lui feront prendre conscience que les deux machines sont foncièrement les mêmes. Si les composants changent un peu, on se retrouve avec les mêmes fabricants. C'est donc une véritable chape de plomb qui s'abat sur le joueur, car même quand il a le choix, la liberté ne reste qu'une illusion et le choix donc ne suffit pas à être libre.
Vous pouvez ici citer comme une métaphore , les mots de Heidegger (de la Shinra)

Gyaa haa haa haa! Je vais détruire l'Avalanche avec la plaque du Secteur 7!Mais alors, avoir le choix entre la peste et le choléra, est-ce être libre?
Comme nous l'avons vu, les deux consoles sont identiques, le choix n'est donc pas un gage de liberté, car nos propres limites, celles des autres et celles des choix en eux-mêmes nous empechent de faire un choix qui soit vraiment pur, retiré des préjugés, qui soit fait en notre ame et conscience.
Choisir? Pour quoi faire, ma seule liberté n'est que la XBox One ou la PS4...

Et c'est là qu'une troisième voie s'ouvre pour le philosophe.

Troisième partie. Synthèse. La WiiU ou la liberté de choisir l'enfermement.

Le choix n'est donc pas un gage de liberté, mais si c'était le fait de ne pas choisir qui serait le vrai exercice de la liberté?
Choisir c'est sacrifer quelque chose pour en avoir une autre. C'est dire adieu à un avantage pour avoir un autre avantage mais peut-être aussi un inconvénient qui lui est attaché...

Renoncer à la next-gen est déjà un choix, celui du dépouillement, de l'abandon des choses matérielles.
En choisissant Nintendo et la WiiU, on fait le choix de renoncer aux choses superficielles comme les graphismes et la nouveauté.
C'est retrouver un cadre acceuillant et tellement connu et rabaché qu'on le connait déjà par coeur et que l'on peut donc parcourir en toute liberté, car par le choix de ce qu'il connait déjà , le philosophe-joueur n'est pas bloqué par un nécessaire apprentissage et des échecs qui restreindraient sa liberté

Nintendo donc offre son choix, puis dans un second temps par l'absence de choix, il permet de rester dans la forme une liberté que Nintendo a choisi en laissant le joueur libre de parcourir les mêmes environnements avec les mêmes personnages depuis 30 ans. Nintendo vous libère donc du choix de choisir des jeux car il n'y a en aucun à part Mario et les vieux trucs moisis de la Wii. C'est donc tout un autre univers, sans choix et donc libre qu'offre Nintendo, libérant ainsi le jour de la course vaine du choix qui ne donne donc qu'une fausse liberté.

C'est donc dans l'enfermement et la répétition des jeux Mario que Nintendo dépasse la problématique du choix et touche donc une forme de liberté, la délivrance du "choisir" pour le remplacer par le "être", même si c'est être Mario pour l'éternité...
Mais alors, si le totalitarisme est une forme de liberté car libéré du choix, ne vient-on pas par la même de vendre notre liberté?

 

Conclusion.

Jouez sur 3DS.
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Vous voyez, c'est pas dur la philosophie...