Avant l'arrivée généralisée d'internet, les jeunes gamers comme moi (et comme toi aussi, l'ancien jeune de 40 ans qui me lit ^^), étions obligés de nous ruer chaque mois chez notre marchand de journaux pour avoir notre dose de news jeux vidéo ! Tilt, Joystick, Joypad, Génération 4, Amstrad Cent Pour Cent, Consoles Plus et bien sûr Micro News étaient nos mensuels fétiches et nous les chérissions comme des trophées.

Alors aujourd'hui, les jeunes gamers sont peinards : les news leur parviennent directement à la maison, quasiment en temps réel et même sur leur portable. Ha les feignasses ! Ils ne se donnent même plus la peine de quitter leur canapé !

Et le comble, c'est qu'ils ne sont même plus obligés de taxer leur mémé ou de piquer dans le porte-monnaie de leur mère pour acheter un magazine, ça leur tombe gratos.

Envie de savoir ce que vaut un jeu ? Et hop on compulse frénétiquement Game Blog et consorts pour avoir l'avis des journalistes. Envie de connaître son gameplay ? Et hop, on se mate une vidéo, ou mieux encore, on s'inscrit à un Beta Test pour vivre l'expérience en avant-première. Pffff quelle injustice, quand je pense que certains disent que c'était mieux avant, nan faut pas abuser, aujourd'hui c'est la corne d'abondance ! Mais peut-être un peu trop...

En tout cas nous avions à l'époque deux qualités indiscutables : la patience d'un Maître Jedi pour baver pendant des mois sur une minuscule vignette annonciatrice d'un jeu prometteur et l'imagination vagabonde pour inventer dans notre esprit les mondes fantastiques décrits par les journalistes de ces magazines.

Et des magazines, il y en avait à la pelle :  des généralistes, des spécialistes, des super techniques... Un fan d'Atari, s'il le souhaitait, ne pouvait que s'abreuver de news et d'infos sur sa bécane. Idem pour l'amateur d'Amstrad, d'Amiga, de Nintendo ou de Sega... On va s'attarder aujourd'hui sur le cas de Micro News, un magazine culte de la fin des années 80 et du début des années 90.

Le premier numéro de MSX NEWS (futur MICRO NEWS) est sorti le 15 octobre 1986. Il ne comportait que 12 pages et avait franchement l'allure d'un fanzine. Il était bimestriel et sortait un peu de façon aléatoire car le boss n'était autre que Jean-Michel Berté, le patron du magasin MSX Vidéo Center à Paris. Alors forcément il n'avait pas que ça à faire. Mais toujours est-il que l'envie était là et que le magazine tirait à 30 000 exemplaires à chaque parution.

Au bout de cinq numéros, JM Berté se rend compte qu'il est un peu coincé dans l'univers du MSX et en plus, on lui fait la remarque que "MSX" est une marque déposée et que c'est un peu "too much"(expression des années 80) de l'utiliser. Au sixième numéro, c'est donc Micro News qui entre en scène.

S'il y avait déjà des BD dans MSX News, cette fois dans Micro News, ça se débride : Carali (le frère d'Edika et papa du mythique Psikopat) et Jacques Lerouge illustrent le mensuel avec leur humour potache et absurde. Dans la foulée des rubriques cultes sont créées autour de personnages fictifs : Docteur Amiga, Professeur ST, Capitaine Pixel, Pépé Rétro, Major Thomson, Samourai Micro mais le mensuel ne s'arrête pas là : Insert Coin parle de l'arcade, il y a des jeux (forcément débiles), des BD, des romans-photos et grande première dans la presse jeux vidéo : du cul !

En effet la rubrique Sex Machines défraye la chronique avec un passage en revue des softs interdits aux mineurs, des démos coquines, etc. Au fil des pages, des invités comme le Professeur Choron viennent mettre le souk dans le magazine et le jeune lecteur n'ose plus trop lire son magazine de jeux vidéo à côté de ses parents. Dans l'un des "courriers des lecteurs", on s'amuse à lire qu'un jeune lecteur demande au rédacteur en chef de "mettre moins de dessins avec des femmes toutes nues en couverture car sa mère ne veut plus lui acheter". Réponse de la rédaction : "abonne-toi comme ça ta mère n'en saura rien !"

Tous les vices ces gaillards !

Bref au final Micro News devint un ovni dans la presse spécialisée de l'époque et s'étoffa au fil des mois de plus en plus de Bandes Dessinées. Le journal s'essaya même à deux parutions par mois (bimensuel), un peu comme Canard PC plus récemment.

Malheureusement le journal disparut de sa belle mort, noyé sous la masse des concurrents. Comme quoi même à l'époque, trop d'informations pouvaient tuer l'information.

Je vous propose donc une petite revue de presse des numéros 12 (juillet-août 1988), 14 (octobre 1988), 15 (novembre 1988) et 16 (décembre 1988) de Micro News.