Même s'il n'est pas aussi répandu aujourd'hui que le DVD, le Blu Ray s'est imposé comme le nouveau standard de support numérique et pour longtemps. Le passage de Microsoft à ce support pour la Xbox One confirme (il n'en était nul besoin) que le HD-DVD est définitivement enterré. Pour Sony, l'inventeur du Blu Ray, c'est une belle victoire sur l'histoire.

Nous sommes à la fin des années 70. L'industrie du cinéma fonde de grands espoirs sur l'arrivée de nouveaux supports à bande magnétique pour rentabiliser ses films. Les magnétoscopes et les cassettes pourront en effet être vendus au grand public pour leur proposer des séances à la maison.

De grands constructeurs sont sur les rangs et chacun tente d'imposer son format. Cette concurrence ne sera pas sans provoquer une certaine confusion auprès des consommateurs de l'époque. Les trois formats de cassettes sont évidement incompatibles entre eux et nécessitent chacun l'acquisition d'un lecteur spécifique. Dès lors quel format choisir ?

Le V2000 européen

Conçu et développé conjointement par Philips et Grundig et bien qu'utilisant une technologie intéressante et innovante (le DTF), le V2000 est arrivé trop tard pour s'imposer correctement, en particulier sur un marché où se battaient déjà deux autres formats. Une implantation insuffisante aura eu raison du format.

Le système Dynamic Track Following faisait l'originalité du V2000. Sans entrer dans des considérations techniques, il permettait d'effectuer des recherches rapides avec une image fluide en défilement rapide. Pas de déchirures et pas d'artefacts ou de bruits sur l'image. Même nos DVD et nos Blu Ray n'atteignent pas aujourd'hui la fluidité d'une recherche rapide sur V2000. Une caractéristique cependant très secondaire, puisque la qualité globale de l'image n'était pas sensiblement différente de la concurrence.

Distribué sur un marché restreint (l'Europe uniquement), le V2000 termine sa carrière dans l'anonymat en 1988.

Avec le VHS on enregistre le Superbowl

C'est JVC qui élabore et commercialise le Vertical Helical Scan. Oui, VHS ne signifie à l'origine pas Video Home System. C'est la seconde solution qui a été retenue afin de rester mieux ancrée dans la tête des consommateurs. Moins compliquée...

Le principal avantage du format était de proposer des durées d'enregistrement plus longues que la concurrence (de Sony, nous le verrons plus tard). D'emblée, avec des cassettes de 4H et malgré le fait que la norme NTSC demande une vitesse de rotation plus rapide, le VHS pouvait enregistrer d'une traite un Superbowl. Il semble que cela fût un argument de poids pour l'imposer sur la marché américain.

En ce qui concerne le reste du monde, le marketing et la gestion commerciale du VHS furent les plus efficaces. C'était le VHS que l'on trouvait dans les vidéo club et dans les grands magasins. Pourtant, ce n'était de loin pas le format qui proposait la meilleure qualité.

Sony : on ne transige pas avec la qualité

En face du VHS, Sony a placé le Betamax. Des cassettes plus petites, une vitesse de rotation plus élevée et donc, une qualité sensiblement meilleure. Seulement voilà, pendant longtemps la durée des cassettes beta a été plus courte et les coûts de production plus élevés. Lorsque ce défaut fut réellement compris par les ingénieurs de Sony, il était déjà trop tard. Il y a bien eu le beta 2 et le beta 3 qui atteignait la même autonomie que le VHS, mais au prix d'une réduction de qualité qui rendait le format d'aussi mauvaise qualité que le VHS.

Pour schématiser grossièrement, les possesseurs de magnétoscopes Betamax étaient généralement des passionnés de vidéo. Des utilisateurs à la recherche de qualité et des amateurs avertis. Ils laissaient au grand public la "médiocrité" du VHS.

D'ailleurs, la preuve la plus éclatante que le Betamax était supérieure, c'est que les pros utilisaient une version encore améliorée ; le Betacam. On en était donc pas loin...

La revanche de Sony

Sony a donc perdu une grande bataille de format au début des années 80. Une bataille qui a laissé des traces et dont les protagonistes ont su tirer les enseignements. Le DVD qui a totalement enterré le VHS est en effet issu d'une alliance entre ces anciens ennemis et de grands distributeurs de contenus. On retrouve JVC, Sony et Philips aux côtés de Toshiba, Hitachi, Matsushita, Pioneer, Thompson et Time Warner.

Mais les ingénieurs de Sony n'ont pas chômé pendant ce temps. Il fallait une technologie procurant un avantage décisif dans cette course au standard.

Il est amusant de constater que Sony a gagné sa guerre contre Toshiba (inventeur du HD-DVD) exactement de la même façon qu'elle avait perdu celle contre JVC. Surtout que tous les joueurs savent que Microsoft avait tenté de faire la nique à Sony et sa PS3 en sortant un lecteur HD-DVD pour la Xbox 360.

La capacité de stockage du Blu Ray est en effet très sensiblement supérieure à celle d'un HD-DVD, malgré les efforts de ce dernier pour augmenter ses performances (sans parler du choix du DVD pour les jeux). Le Blu Ray lui aussi s'est tiré vers le haut.

Que Microsoft soit obligé d'installer un produit breveté par Sony dans sa console dernier cri est un fait plutôt amusant dans l'histoire du jeu vidéo.