Battleship est, c'est toujours important de le souligner, une adaptation du jeu touché-coulé par Hasbro. Je pense que ce point de départ est important pour appréhender le film dans toute sa splendeur, parce que faire une adaptation d'un jeu de société qui n'a à priori rien à faire au cinéma permet de savoir dès le début du film que ce n'est pas pour la profondeur des personnages qu'on ira voir le film. Non, tout l'intérêt de Battleship est de proposer des grosses scènes d'actions, des explosions, des persos crétins et des gros vaisseaux aliens qui explosent des destroyers. Beaucoup parlent d'un "Transformers sur l'eau", ils n'auront pas forcément tort.

Le pitch est simple: un gars s'engage dans la marine et veut impressionner le père de sa copine qui, comme par hasard, est le chef d'une flotte américaine. Forcément, c'est un crétin, mais face à l'adversité et aux aliens, il va se révéler être un vrai mec et va prouver son courage et sa bravoure. Bref, je n'ai même pas besoin de spoiler, vous savez très bien comment ça va se terminer, regardez Armageddon, c'est la même. Niveau casting, on a un Taylor Kitsh qui porte décidemment bien son nom et qui a bien intérêt à ce que Battleship marche, parce qu'avec un John Carter qui est un des plus beaux flops de l'histoire du cinoche, il a pas intérêt à se louper. Il y a aussi Rihanna (!) qui fait la militaire qui a des burnes et Liam Neeson que l'on voit approximativement dix minutes dans le film qui fait le commandant inflexible et qui représente l'autorité. On a enfin en vrac le black balèze qui, malgré ses prothèses aux jambes, cherche à se battre, la blonde aux gros seins (et même pas besoin de relief!) qui aide son petit copain, le geek complètement allumé et insupportable mais qui prend son courage en main à la fin du film, le sidekick qui balance quelques vannes et enfin le japonais histoire de faire oublier à tout le monde la petite mésaventure d'il y a cinquante ans. D'ailleurs, le petit match de foot USA/Japon à Pearl Harbor aurait presque pu faire sourire s'il n'y avait pas eu tout le reste après. Bref, un bon condensé de cliché comme on aime dans un film au second degré.

Sauf que du second degré, le film n'en comporte pas. Ou alors je n'en ai pas vu. Ou je l'ai pas compris, au choix. Les gars sont bien sérieux, les plans très iconiques les mettent bien en avant, et meme les aliens prennent la pose lorsqu'ils bougent pas pour bien montrer qu'ils ont un minimum la classe. Le film est incroyablement visuel: rien n'est subtil, on en montre le plus possible et c'est une chose qu'on ne pourra pas reprocher au film: sa générosité. Pour quelqu'un qui sera venu voir des américains qui se battent contre des aliens sur l'eau, il sera tout à fait comblé. Mais tout le film pue le patriotisme trop sérieux et ça manquent sévèrement de punchlines tranchants ou de pointes d'humour qui aurait franchement permis au film de passer la pilule du blockbuster coupable qu'on aime regarder parce qu'on se marre toutes les cinq minutes. Et encore le film se paye le luxe d'être trop long, avec une sous-intrigue sur l'île avec la blonde aux gros seins qui ne sert strictement à rien (sauf effectivement pour voir la blonde aux gros seins).

S'il y a une chose dont tout le monde est d'accord, c'est le côté technique. Battleship envoie du très lourd, et les séquences sont réellement impressionnantes. Pour être honnête, j'étais plutôt satisfait du premier tiers du film, où la pellicule installe tranquillement ses personnages et balance une grosse séquence d'action avec la rencontre des premiers aliens, sans trop poussé et plutôt bien filmé. Mais il y a une chose qui flingue en grande partie le film, une seule petite chose: CES PUTAINS DE LENS FLARES! JJ Abrams les connaît bien, et on les retrouve sur des films comme Star Trek ou Super 8. C'est d'ailleurs devenu un spécialiste dans ce domaine. Mais dans ces deux films, ça ne m'a pas gêné plus que ça, l'effet étant utilisé avec une relative parcimonie (relative, j'entends bien). Mais dans Battleship, c'est bien simple, je dirais qu'il y a facilement 70 % du film qui contient au moins un effet de flare, éblouissement solaire ou autre effet spécial en rapport de près ou de loin avec la lumière. Je ne parle même pas des plans de l'espace où l'on voit arriver les vaisseaux, qui sont juste abominables. Effet de mode ou volonté d'apporter une patte artistique (ben voyons), Battleship abuse et ré-abuse des lens flares dans tous les sens, même quand ce n'est pas justifié. On est obligé de s'en rendre compte, et ça en devient parfois désagréable dans certaines séquences où beaucoup de choses se passent à l'écran et qu'en plus on se fait éblouir par ces saletés d'effet à la gueule.

Bref, Battleship est l'exemple parfait du blockbuster moderne qui joue tout sur la technique et l'action (le quota d'explosions est explosé, justement). A croire qu'un film aussi vulgaire et peu subtil est le standard d'aujourd'hui.  Et puis Battleship est blindé de pathos patriotique presque à vomir (la séquence des vétérans de guerre, toute la salle était explosé de rire) et où il manque terriblement un second degré qui, à plusieurs instants, a l'air d'être là mais dont on ne peut pas prendre en compte quand on voit le trop-plein de sérieux de certaines séquences et les messages très américains à peine voilés que veut délivrer le film. Dommage, le premier tiers est presque passable, et certaines scènes d'action auraient pu bien passer.  D'ailleurs, il y a un dialogue entre deux personnages qui résume très bien le film:

- Allez, on va donner 24 heures de répit à la Terre!- Mais arrête, personne ne dit ça!

Comme si le réalisateur voulait dire: non, on est pas dans un blockbuster avec des punchlines débiles, c'est sérieux tout ça. A moins que ce soit le réalisateur qui voulait placer une punchline débile en utilisant une punchline débile. Non, j'arrête de réfléchir, c'est bien trop complexe pour moi.