Très attendu pour ma part que ce Super 8. Et enfin il débarque dans les salles obscrures. Véritable hommage aux films des années 80, Super 8 reprend les principaux ingrédient: des gamins aux caractères bien trempés mais complètement passionnés tournent un film de zombies pendant l'été. Evidemment, lors du tournage d'une scène, ils assistent au déraillage d'un train militaire qui libère quelque chose qui va bien évidemment foutre le boxon. Evidemment, beaucoup disent que ce film plaira aux gens qui ont aimé E.T, Les Goonies, Gremlins et toute la clique d'Amblin. Et effectivement, si vous avez craqué pour ce genre de film, vous craquerez forcément pour celui-là. Mais Super 8 a l'intelligence de ne pas s'adresser uniquement à ce public...

Alors que tout est fait pour satisfaire l'amoureux des eighties - musiques aux sonorités typiques, personnages types, ambiance similaire - , JJ Abrams a su néamoins garder une forme de modernité. Même les enfants en auront pour leur argent, et ça fait clairement du bien de voir un film teinté de fantastique avec cette pointe d'incrédulité et d'innocence qui manque très souvent à beaucoup de films du genre. Fini les teenagers à la Twilight qui ne sont là que pour faire fonctionner leurs hormones, adios les jeunes qui préfèrent se la péter devant leurs potes avec des pouvoirs. Ici, ce sont juste des gamins avec les petites amourettes sans histoire, des passionnés qui rêvent de faire leur propre film de zombies. A ce propos, les scènes de tournage sont vraiment marrantes, et n'oubliez pas de rester pendant le générique pour voir le résultat, plutôt hilarant. Mais cette touche de sincérité, de proposer une aventure qu'on aimerait vivre étant gamin, de pouvoir propulser sa vie quotidienne dans une formidable aventure. Le cinéma d'aujourd'hui en manque, et Super 8 fait du bien, surtout quand on voit en face un Transformers 3 qui est son absolu contraire.

L'autre grande force du film est de donner de l'importance aux personnages. Le film est construit autour du héros, Joe Lamb, qui vit encore dans le deuil de la mort de sa mère, pendant un accident de travail, et de son père, shérif adjoint qui se retrouve dépassé par les évènements et obligé de tout prendre en charge, tout en étant aveuglé par la colère de la mort de son épouse, sans se rendre compte de la souffrance de son fils. Même les personnages secondaires sont réussis, entre le copain réalisateur qui en veut, le dingue de pétards ou la jolie fille dont tout le monde tombe amoureux mais qui est plus complexe qui n'y paraît. Les enfants jouent vraiment bien la comédie, on sent qu'ils ont pris du plaisir lors du tournage.

En ce qui concerne le gros mystère du film, on peut dire que c'est un mélange entre E.T et Cloverfield. E.T est sûrement la plus grosse inspiration, pas forcément visible au premier coup d'oeil, mais la fin ne laisse aucun doute. Quand à Cloverfield, elle donne le concept du mystérieux monstre distillé à petites doses, histoire de faire marcher le suggestif et l'imagination du spectateur avant de le voir véritablement (plutôt bien réalisé, au passage). Ça marche bien, la réal fonctionne toujours aussi bien (on reconnait la patte d'Abrams grâce à ses fameux reflets bleus qui inondent parfois l'écran) et on sent l'inspiration des classiques de Spielberg, que ce soit E.T évidemment mais aussi les Dents de la Mer ou autres succès populaires. Quand aux FX, elles sont bien là, surtout la scène du déraillement du train, incroyablement spectaculaire et scotchante. Après, le fait d'avoir mis des effets aussi modernes jurent quelquefois avec le reste du film. Je prends comme exemple une scène où les enfants couraient au milieu des tanks et des explosions. On aurait dit deux films différents tellement ça ne collait pas. Ça ne m'a pas empêché d'apprécier le film, bien au contraire, mais ce passage m'a fait réalisé à quel point le cinéma avait évolué en trente ans, et que le mélange des genres (explosions à la Transformers + enfants à la Goonies) ne fonctionnait pas toujours.

Bref, Super 8, c'est une délicieuse bouffé d'air frais dans un cinéma qui commence à se contracter et à ne garder parfois que ce qui ne lui rend pas justice. Même s'il n'est pas original et que ce mélange moderne-ancien sortait un peu du film, on prend un sacré plaisir dans son fauteuil, à suivre cette bande d'enfants aux yeux plein de rêves et d'étoiles qui ne rêvent que d'une chose: partir à l'aventure.

Verdict: sûrement le film le plus rafraîchissant de l'été. Rien d'original mais un gros plaisir de gosse, couplé avec une histoire et des personnages solides.