Après l'immense déception de Pirates des Caraïbes, j'ai tenté un film plus modeste pour rattraper le coup. Grand bien m'en a pris, le dernier film de Jodie Foster en tant que réalisatrice est une petite merveille, une vraie bonne surprise qui a le mérite de ne pas être comme la bande-annonce le sous-entend, c'est-à-dire une comédie familiale avec un Mel Gibson gagné d'excès de ventriloque et de castor.

C'est d'ailleurs ce qui peut décevoir les gens, et le public de la salle était plutôt surpris d'être face à quelque chose de plus dramatique qu'on aurait pu le croire. Et c'est là tout le talent de Jodie Foster: utiliser le concept de la marionnette pour raconter des choses autour. Dans l'histoire, Walter est père de famille et chef d'une société de jouets au bord de la famille. Complètement déprimé, il passe ses journées à dormir et se fout complètement de sa famille. Sa femme (Jodie Foster) est obligé de le virer de la maison, son fils aîné (Anton Yelchin) le déteste et cherche par-dessus tout à ne pas lui ressembler en éliminant les tics qu'ils ont en commun et le plus petit se retrouve complètement transparent et souffre-douleur de ses camarades. Bref, c'est pas la joie. Jusqu'au jour où il découvre dans une poubelle une marionette de castor à qui il va donner vie sans s'en rendre compte et fabriquer une deuxième personnalité, qui va l'aider à arranger sa vie, que ce soit en famille ou au boulot.

L'intelligence de Foster sur ce concept est de ne pas avoir axer le scénario autour de ce castor, qui n'est qu'un moyen pour faire avancer l'intrigue tout en construisant un nouveau personnage. Ainsi, le fils ainé, interprété par l'excellent Anton Yelchin (Terminator Renaissance, Star Trek), est l'écho de son père et représente tous ses défauts alors qu'il tente de les éliminer, ce qui permet d'expliquer dans une certaine mesure la dépression du père. De son côté, Mel Gibson fait des merveilles. A l'instar d'un Black Swan ou d'un The Wrestler, on a l'impression que ce rôle est taillé sur mesure, après tous les déboires qu'il a connu, surtout en tant que réalisateur, et qui lui a valu d'être la bête noire d'Hollywood. Ce qui est bien dommage, étant donné ses grandes qualités d'acteur et même de réalisateur, Apocalypto étant largement sous-estimé. Ici, Mel Gibson est fatigué, dépressif, on sent la tristesse sur son visage qui ne s'éclaircit qu'à travers son castor, lointain souvenir d'un personnage du passé, que l'on connaissait dans les Armes Fatales. Ça en devient même émouvant.

Et Jodie Foster évite les écueils que l'on retrouve trop souvent dans ce genre de films, permettant à chaque personnage de trouver sa place avec justesse et sincérité, et qui offre un dénouement au déroulement inattendu mais aux conséquences un poil trop classiques. Le film parvint à émouvoir, ce grand homme qui tente désespéremment de se sortir d'une situation à l'allure suicidaire et qui sonne terriblement juste. Une très jolie surprise, un film vrai, un gros bol d'émotions.

Verdict: la vraie bonne surprise de ces dernières semaines. Un Mel Gibson au top de sa forme.