Disponible depuis maintenant plus de 4 ans, la Wii fait désormais bien partie du paysage vidéoludique, au même titre que ses consœurs PS3 et Xbox 360. Cette génération, malgré son sobriquet de next-gen, a atteint un âge respectable et une durée de vie qui pourrait les rapprocher de la retraite. Un bilan peut donc déjà se faire. La Wii est une console atypique. Pourtant, si son succès commercial est évident, a-t-elle pour autant tenue ses promesse de « « Revolution » ludique ?

Face aux chiffres, peu de commentaires s'avèrent pertinent. C'est bien simple, sur cette génération de machines, la Wii a écrasé sa concurrence. Atteignant un parc de machines de près 85 millions d'unités, les ventes de la dernière de Nintendo sont quasiment équivalentes à celles de PS3 et Xbox 360 cumulées. Des chiffres stratosphériques, qui replacent Nintendo au centre de l'échiquier après des années difficiles, où Nintendo 64 et Game Cube n'ont pas forcément rencontré leur public. La Wii - et c'est ce qu'on en retient principalement - a surtout permis d'ouvrir le marché à une frange de joueurs plus occasionnels, en démocratisant l'utilisation de notre média. Quelque soit votre opinion sur cette pseudo gué-guerre casuals vs gamers, il faut quand même se réjouir de voir le nombre de joueurs augmenter. D'un pur point de vue commercial, la Wii est une franche réussite et a contribué à changer le jeu vidéo (démarche déjà initiée par la PSone et la PS2).

Le nerf de la guerre reste pourtant d'examiner l'apport purement ludique de cette machine. Il ne s'agit pas ici de juger individuellement les jeux sortis sur la bécane avec ceux de la concurrence. Non, ici on va se poser pour tenter de voir si la « nouvelle façon de jouer » vantée par la Wii, avec apport d'une détection de mouvement, a réellement fait évoluer le jeu vidéo.

Premier constat, les jeux exclusivement jouables à base de détection de mouvements sont assez rares. Pourtant, l'impact de cette nouvelle prise en main peut très bien s'envisager dans un cadre moins exclusifs. Si on observe les jeux Nintendo, on remarque qu'une grande partie n'utilise la détection de mouvements que comme un gimmick. Dans Super Mario Galaxy 2 ou Donkey Kong Coutry Returns, par exemple, une secousse de la Wiimote engendrera un mouvement offensif du personnage (toupie pour Mario, roulade pour Donkey). Si cette fonction aurait pu être aisément attribué à un bouton, sans que cela ne change quoique ce soit, on peut même déplorer qu'en l'état, on perd légèrement en précision et en réactivité (la roulade était pourtant un mouvement primordial dans les DKC Super Nintendo, et sur Wii, je dois reconnaître l'avoir beaucoup moins utilisé). D'autres titres d'éditeurs tiers font un un usage intelligent de cette détection de mouvement (No More Heroes, Madworld), sans pour autant imaginer que ces jeux seraient injouables avec une manette plus classique.

Au lancement de la Wii, beaucoup ont prophétisé que le genre FPS se ferait une place de choix dans la ludothèque de la machine. Quatre ans après, le bilan est assez négatif. Très peu de FPS sont en effet sortis sur la machine, et le niveau est assez bas. Tout juste peut-on citer Red Steel 2 ou Metroid Prime 3 comme bons exemples. Les observateurs avaient oublié que ce qui définit le FPS aujourd'hui, c'est avant tout la prouesse de son moteur 3D, avant sa maniabilité. Et si les rail-shooter se sont montrés plus présents (Dead Space Extraction, House of the Dead Overkill, etc.), leur prise en main n'a fait que reprendre ce qu'offrait le jeu d'arcade depuis des décennies. Pas de révolution ludique à l'horizon non plus.

Même si des jeux « hybrides », couplant maniabilité traditionnelle et détection de mouvement ponctuelle sont de bonne qualité (Zak et Wiki par exemple), soulignons qu'encore une fois, c'est Nintendo qui a su le mieux exploiter son propre accessoire en développant des titres mettant à profit sa nouvelle façon de jouer. Les titres de la gamme Wii-machin se sont avérés être les plus concluants : Wii Sports et Resort, Wii Party, mais n'oublions pas un jeu comme Wario Ware. Si ces softs sont susceptibles de plaire à tous (à titre perso, j'ai beaucoup aimé Wii Sports Resort et Wii Party), il faut tout de même être honnête en faisant part de leur orientation plus grand public. Ce n'est pas absolument pas péjoratif dans la bouche de mon clavier, mais il est clair que ces titres se veulent accessibles et sont destinés à draguer un nouveau public. Faut-il donc conclure que la détection de mouvements n'est envisageable que pour des jeux plus « légers », aux fonctionnalités simples ? Il semblerait bien.

Après une petite réflexion, il semblerait que la Wii ait largement fait évoluer le mode de consommation du jeu vidéo (en témoigne l'arrivé du PS Move et de Kinect), plus qu'elle n'a chamboulé ses mécaniques ludiques ou son gameplay. C'est tout de même un peu dommage et on se rend compte qu'au final, très peu de jeux servent totalement « l'expérience Wii ». A contrario, il semble que la DS, avec son double écran et son aspect tactile, voire même l'iPhone avec son accéléromètre, ont plus contribué à faire évoluer les mécaniques ludiques de nos jeux.

Par CouCou