L'on connait les budgets parfois pharaoniques des productions Rockstar : GTA IV aurait couté 100 millions de dollars, une somme similaire, bien que non confirmée, ayant été évoquée pour Red Dead Redemption. Mais très vite, à la vue
des premiers chiffres de vente,  les doutes quant à la rentabilité du
soft ont été effacés : Red Dead Redemption est le carton attendu, à tel
point que cela semble devenir coutumier pour ce studio. En effet, sur la fin mai, Red Dead Redemption se serait vendu trois fois plus que Super Mario Galaxy 2 et autour des 1,5 millions d'unités, et l'on apprenait au début du mois que 5 millions d'unités s'étaient déjà écoulées. Toutefois, l'on n'est pas sans ignorer que le
comportement des jeux Nintendo est quelque peu différent, car ils
tendent à se vendre sur du très long terme. L'explosivité d'un Red Dead
Redemption est donc à mettre en relief avec Modern Warfare 2 qui, déjà
en novembre dernier, avait sans doute quelque chose à voir avec l'un ou
l'autre de ces nombreux décalages de sortie.

 

Relevé à la fois par le CEO de Rockstar, Ben Feder, et les analystes, les ventes de Red Dead Redemption ont donc monopolisé l'attention. Ben Feder n'hésite d'ailleurs pas à dire qu'il a privé
d'oxygène les autres jeux sortis sur la même période aux Etats-Unis
(tels que UFC Undisputed 2010). A cela on ajoutera que c'était en partie prévisible, tant la campagne marketing semble avoir été soignée, mais
c'est pourtant un phénomène assez récent que des succès commerciaux
asphyxient la concurrence au point de réduire les ventes globales d'un
mois donné. On apprend ainsi que depuis le début de l'année 4% des jeux
(contre 5% sur la même période de 2009) représentent 80% du chiffre d'affaires, et qu'il y a 23% de nouveautés en moins.

Analysé par Jesse Divnich il y a quelques mois, le calendrier des sorties souffre
visiblement de trop fortes congestions sur les fins de trimestres
fiscaux. Ainsi, au lieu de s'étaler tout au long de l'année comme des
films qui sortent chaque mercredi, les éditeurs privilégient les
stratégies à court terme. L'industrie du jeu vidéo, à certaines
exceptions notables près, s'est d'ailleurs toujours comportée de cette
manière, le roulement très important des titres en étalage ne faisant
rien pour arranger les choses. Pourtant, l'élément notable qui ressort
de cette analyse, c'est que la masse des ventes en fin de trimestre (les mois de mars, juin et septembre) ont des résultats similaires aux
autres mois, ce qui veut tout simplement dire que certains jeux ne se
vendent pas. Et si depuis le début de l'année les mois de sorties ont
quelque peu varié (beaucoup de sorties anticipées sur les mois de
janvier et mai), la concentration de titre est globalement la même. Les
résultats sont d'ailleurs en baisse par rapport à l'année dernière, aussi bien pour janvier que pour mai.

Proportion des sorties par rapport aux ventes

La France n'échappe pas au phénomène au vu des conclusions de l'IDEF qui s'est déroulé du 29 juin au 1er juillet, tant les victimes
expiatoires de l'insolent succès de Red Dead Redemption (évalué à 300
000 unités) semblent s'amonceler : Blur, Split/Second Velocity, Alan
Wake. Tous des titres plutôt soignés et qui auraient du rencontrer leur
publics (même si Blur et Split/Second se sont compliqué la tâche en
sortant à une semaine d'intervalle).

Finalement Cyril Drevet abordait l'idée à juste titre lors de la conférence des Chroniques de Player One : les blockbusters tirent la qualité vers le haut en monopolisant les
ventes, car les titres voulant rivaliser avec ce type de mastodonte ont
intérêt à mettre le paquet. Les joueurs peuvent dès à présent s'en
réjouir mais on ne peut pas en dire de même pour les éditeurs qui, les
coûts de développements augmentant, vont avoir de plus en plus de mal à
supporter un échec commercial.

Par Memento

 www.consolesyndrome.com