Fouillant dans les abysses de la littérature, je suis tombé il y a
peu sur un personnage aujourd'hui complètement oublié mais diablement
intéressant. Son nom, Paul-Louis Courier, pamphlétaire de
son état, libéral et anti-clérical en cette fin de 18ième siècle, début
19ième.

Totalement en marge de l'idéologie dominante de son époque, notre homme
ne fournit malheureusement que quelques œuvres mineures. Des
opuscules littéraires
, des lettres et des pamphlets.
Pourtant, lorsqu'on lit Le Pamphlet des pamphlets , on découvre le passage que j'ai retranscrit ci-dessous. Une vision de
la liberté d'expression reposant des principes libéraux, très
anglais, et une certaine idée d'une collectivité pensante et agissante.
Chacun corrigeant et proposant pour permettre d'affiner les recherches.
Et puis, lorsqu'on lit la description des ennemis de cette expression
pleine et entière, on ne peut penser qu'à notre intelligentsia
actuelle qui squatte gentiment les plateaux de télévision. Forcément,
tellement pertinent.

Paul-Louis, un pamphlétaire oublié

"Laissez dire, laissez-vous blâmer,
condamner, emprisonner, laissez-vous pendre; mais publiez votre pensée.
Ce n'est pas un droit, c'est un devoir, étroite obligation de quiconque a un pensée de la produire et mettre au jour pour le bien commun. La
vérité est toute à tous. Ce que vous connaissez utile, bon à savoir pour un chacun, vous ne le pouvez taire en conscience. Jenner qui trouva la
vaccine eût été un franc scélérat d'en garder une heure le secret; et
comme il n'y a point d'homme qui ne croie ses idées utiles, il n'y a
point d'homme qui ne croie ses idées utiles, il n'y en a point qui ne
soit tenu de les communiquer et répandre par tous moyens à lui
possibles. Parler est bien, écrire est mieux; imprimer est excellente
chose. Une pensée déduite en termes courts et clairs, avec preuves,
documents, exemples, quand on l'imprime, c'est un pamphlet et la
meilleur action, courageuse souvent, qu'homme puisse faire au monde. Car si votre pensée est bonne, on en profite, mauvaise on la corrige et
l'on profite encore. Mais l'abus...sottise que ce mot; ceux qui l'ont
inventé, ce sont ceux qui vraiment abusent de la presse, en imprimant ce qu'ils veulent, trompant, calomniant et empêchant de répondre. Quand
ils crient contre les pamphlets, journaux, brochures, ils ont leurs
raisons admirables. J'ai les miennes et voudrais qu'on en fît davantage, que chacun publiât tout ce qu'il pense et sait!"