Il y a quasiment un an maintenant, le Bréviaire des Vaincus vous proposait une interview littéraire du jeune romancier Nada. Slameur à la base, notre homme, attiré par l'écriture, avait réussi à faire publier son premier roman intitulé Hécatombe l'année précédente. Un roman noir où l'on suivait le destin d'une bande de skinheads, aussi hétéroclite que brutale. 2011 débute sous de bons auspices puisque Démolition, son second roman, est arrivé fin mars.
Plus de skinheads mais toujours de la littérature noire. Une plongée violente, radicale, d'un trio étonnant cherchant à venger la mort d'une star déchue du porno hardcore. Sexe, hémoglobine et foutre alimentent sur près de 300 pages ce torrent vengeur porté par un mysticisme paradoxal. Nada confirme ainsi son statut à part dans une production française, en particulier les premiers romans, toujours plus ennuyeuse. L'extrait ci-dessous permet de se faire une idée de l'état d'esprit de ces vengeurs homosexuels, loin des standards revendicateurs de la télévision.

« Ces poltrons n'en finissent plus de s'enfiler la queue dans du latex avant de copuler, il y a même parmi eux des baltringues se recouvrant popaul de caoutchouc pour se le faire sucer, la pipe protégée, t'imagines un peu ? La coke, le MDMA, les poppers, le Viagra, les aphrodisiaques qui te font triquer non-stop tout un week-end et la multiplication des rapports en groupe, ils sont partant mais dès qu'il s'agit de payer de leur personne c'est la débâcle, tu les voies brandir leur Durex aromatisée fraise ou vanille en gueulant « Safe sex ! ». La plupart d'entre eux palpent 5000 à 10 000 euros d'appointements mensuels, habitent place des Vosges ou rue des Franc-bourgeois, se parfument avec le Bateleur de Dolce Gabbana ou Le Male de Jean-Paul Gaultier, défilent à la Gay Pride en juin, braillent à l'homophobie dès que tu leur colles une pichenette de l'auriculaire et soutiendraient, si cela pouvait leur valoir le maintien de leurs privilèges, un gouvernement totalitaire. Ces parvenus ultra-matérialistes me donnent la nausée, ils s'adonnent aux drogues, ils en abusent même, mais il ne faut pas compter sur eux pour aller plus loin, le sida, l'hépatite et le cancer du foie leur foutent une trouille bleue. ».
Si Démolition vous tente, ou même Hécatombe, voici le site des éditions Baleine Noire (il est toujours préférable d'aller à la source). Comme ce billet est un peu original, on ne parle pas souvent d'auteurs vivants au Bréviaire, on vous remontre l'interview littéraire réalisée par nos soins pour la sortie du premier livre de Nada. Tout ça en attendant la prochaine...