Un scénario d'une pauvreté bolchévique

Le jeu n'a rien perdu de sa superbe contrairement à ce que vous avez pu lire plus haut. Il faut dire que je suis doté d'une humeur assez changeante, voire affublé d'une personnalité multiple (NDTraz : oui, oui tu es schyzo donc). Enfin bon, pour en revenir à Virtua Fighter 5, on a encore droit à une intrigue scénaristique qui fait preuve d'une pauvreté digne du régime bolchévique : 18 combattants musculeux viennent débattre sur un ring de la théorie de la mécanique des fluides avec moult arguments à base de mandales et autres tatanes mortifères. On regrettera d'ailleurs l'absence de Jean-Claude Van Damme dans le jeu, qui aurait pu apporter sa pierre à l'édifice des mathématiques et de la physique quantique, avec son fabuleux raisonnement algébrique du 1+1=1. Mais je m'égare. Pour ce qui est des nouveautés, VF5 accueille deux nouveaux persos dans son casting de brutors écervelés : Eileen et Blaze. La première est une adepte des combos frénétiques, tandis que le second n'est qu'un catcheur de plus spécialisé dans les techniques de chopes. A ce propos, je reste un peu sur ma faim, car ces protagonistes inédits ne jouissent pas d'un style de combat ni d'une jouabilité foncièrement foutraque. Heureusement, ce détail ne constituera que mon unique grief dans l'ensemble.

Un jeu bien technique

Parce qu'il faut bien garder un système qui gagne, Virtua Fighter 5 bénéficiera toujours de la même interface de combat chosique à 3 boutons qui a fait sa marque de fabrique depuis son premier volet radiculaire en arcade. Vous retrouverez donc une touche pour la parade, une seconde pour les coups de poings, et une troisième pour les coups de pieds. En mélangeant des boutons comme la garde et les poings on obtient une projection. Facile mon cher Watson. Euh non, élémentaire, pardon. En tapotant rapidement deux fois sur la croix de direction, il est possible de changer d'axe sur le ring et de tenter de placer des contres-attaques. Mais ne vous fiez surtout pas à cette configuration d'apparence simpliste, car le soft propose, malgré son minimalisme interlope, une jouabilité très technique comparée à un titre de baston lambda. En effet, le jeu axe énormément son gameplay sur un timing métronomique et rigide, qui fait qu'un adepte de l'école du "j'appuie n'importe comment sur la manette" ne pourra espérer battre aisément par le biais du hasard, un joueur endurci à VF, ou encore le CPU dans un mode avancé. Virtua Fighter reste en terme de prise en mains, le soft de combat le plus technique et ce, toutes machines confondues. Bref, il va falloir travailler d'arrache-pied en mode Practice sa rythmique et sa mémoire des combos pour pouvoir incinérer ses adversaires avec assurance. Qu'on se le dise !!!

Une réalisation ramenarde

Côté réalisation, il faut avouer que VF5 assure méchament sa reum. Pour un jeu "première génération" sur une nouvelle console, Sega a véritablement réussi son pari. On en prend plein les mirettes avec des modélisations 3D fort complexes des personnages, même si on reprochera aux expressions faciales des protagonistes d'être aussi atones que celles de l'acteur spécialiste du mime Steven Seagal. Mais bon, c'est pas comme si le but premier du soft était de faire passer des émotions intenses... Question effets spéciaux, là encore on est gâté. Que cela soit la gestion dynamique de la flotte, les réverbérations des sources de lumière ou la déformation des surfaces enneigées en temps réel, tout participe à la sensation de réalisme et de plénitude esthétique. Pourtant, cela n'empêche pas certains stages de manquer parfois de goût et d'audace dans les thèmes et les choix de coloris. Mais bon, il est vrai que je suis quelqu'un d'assez difficile à satisfaire en matière de design... si je puis me permettre cet aparté. Puisqu'on est encore dans le chapitre des objurgations, je chipoterai également sur la présence de nombreux accès disques durant le jeu. Heureusement, ils restent très rapides même s'ils sont en nombre (un peu trop) conséquent à mon goût d'esthète. Ce qui n'est pas en soi une véritable tare irrémédiable. Mais c'est juste que je suis un gros chieur, voilà quoi !

Un titre indispensable !

En plus de ses qualités intrinsèques, cette mouture PS3 de Virtua Fighter 5 dispose d'une tripotée d'options fort sympathiques. On citera le mode Quête, qui vous fera affronter à la chaîne les divers persos et vous rapportera de la thune, que vous pourrez investir en divers apparats esthétiques (costumes, nouvelles skins...) ou en upgrade de puissance. Ne faites donc pas d'économie sur le reliquat, surtout si vous êtes d'obédience communiste. Bien évidemment, il sera possible de sauvegarder votre über-combattant dans votre carte mémoire pour l'utiliser en mode Arcade si cela vous chante. Sinon en termes de plaisir de jeu, je dois avouer que je ne prends pas mon panard avec les nouveaux personnages, mais que je m'amuse en revanche comme un fou avec Goh, qui a d'ailleurs fait sa première apparition dans VF4. Pour moi, ce perso est le syncrétisme parfait d'un gameplay qui allie à la fois technicité et rapidité des combos. En second, je mettrai Jacky dans mes persos favoris, talonné de très près par la casaque grise d'Akira et de Kage le ninja.

En gros, vous l'aurez compris, Virtua Fighter 5 est une réussite totale pour qui ne jure que par les softs de baston techniques et difficiles de prise en main. Les autres, en revanche, tomberont comme des mouches sous le charme hypnotique de sa réalisation de haute volée et son ambiance bien péchue. Bref, pour un premier essai, Sega nous a bien rectifié la tronche avec cette conversion parfaite de la borne d'arcade et ses modes de jeu en sus. En somme, s'il y a bien un titre à acheter lors de la sortie de la PS3, c'est celui-ci ! A moins qu'on ait droit à un Fantavision 2 de dernière minute... Bon ok, j'arrête de faire mon lourdos.