101 Experiment est un petit studio fondé par des anciens d'Avalanche (Just Cause) en 2015 et leur premier jeu, Biomutant, fut annoncé lors de l'été 2017 pour une sortie prévue en 2018. Après un rachat par THQ Nordiq dans la foulée, le jeu aura alors subi de multiples reports pour finalement arriver presque 3 ans plus tard. Pour le meilleur ou pour le pire ? Il nous avait pas mal séduit lors d'un petit essai en marge de la PGW 2019, les bonnes impressions seront-elles confirmées ?

Cat-men

L'action de Biomutant prend place dans un lointain futur ou l'humanité, des suites de sa propre connerie dont elle a le secret, a disparu. A la place, de multiples créatures génétiquement modifiées par les radiations omniprésentes ont pris possession de la planète bleue, même si elles sont globalement plus petites qu'un certain Godzilla. Au milieu de cet univers : l'arbre de vie, sorte de garant de la santé des restes de ce monde. Et vous dans tout cela, vous incarnez.... une mignonne boule de poils. La boule de poils élue. Celle qui a dû vivre en dehors de la cité, élevée par les loups, et qui revient en ville pour accomplir son destin tout comme la Prophétie. A son retour, pas moins de 4 "mangemonde" sont en train de détruire chacune des 4 racines de l'arbre de vie, et en plus d'unifier tous les autres clans de "boules de poils", vous devrez vaincre chacune de ces quatre bestioles, et ensuite, vous aurez un choix à faire : détruire cet arbre ou le sauver ?

Biomutant inclut donc pas mal de choix scénaristiques et de questions existentielles qui vont venir changer votre niveau de Karma et la destinée de ce monde. Vous pourrez même, si vous avez assez de force de persuasion, parvenir à mettre fin à un conflit sans vous battre. Le tout est soutenu par un second degré permanent, car si tous les habitants de cet univers possèdent leur propre langage, quasiment toutes vos actions et les dialogues seront commentés par un narrateur, avec pas mal d'humour. Un vrai vent de fraicheur qui ne sera pas sans rappeler quelques titres iconiques de la PS2 tels que Jack & Daxter, Ratchet & Clank ou encore Legend of Kay. La narration n'est pas en reste avec pas mal de dialogues avec les PNJ, cette fois traduits par le narrateur, avec quelques questions à choix multiples, des phases de flashback jouables où vous ferez connaissance avec votre môman. Le reste de l'univers est extrêmement coloré, des bestioles qui l'habitent en passant par ses décors post-apocalyptiques plutôt variés, avec pas mal de ruines de notre époque qui semblent tout droit sorties d'un épisode de Fallout ou d'Horizon Zero Dawn, et une bande son super stylée. Clairement, en termes de design et d'univers, Biomutant est une vraie petite réussite, un petit jeu très charmant.

Et ce d'autant plus que techniquement parlant, c'est assez bien ficelé : les décors sont parfois grossiers mais les couleurs et le thème balayent tout cela, et les modèles 3D des personnages sont bien cartoon et plutôt bien fichus, notamment au niveau de leur pelage. Il y a un peu de popping ici et là, mais en y jouant sur Xbox Series X, le 60 FPS était constant, les chargements de moins de 10 secondes et le design artistique souligne cette technique globalement honnête.

Bi-OGM

En termes de gameplay, si voir votre avatar sauter comme Yoda dans l'attaque des clones sera toujours un plaisir, manette en mains, c'est un poil moins évident. En combat, vous aurez principalement 4 options : la défense, avec une esquive et un contre, le tir à distance avec des pétoires assez délirantes, des pouvoirs psy souvent dévastateurs et des attaques au corps, avec un multiple choix d'armes assez originales. Et si sauter ou esquiver en tirant offre un petit "bullet time" des familles assez léger et amusant, au corps à corps, c'est une autre histoire. Les coups semblent plutôt "mous". Ils ne font presque pas reculer les ennemis, qui chancellent rarement, et sont de plus, de vrais sacs à PV. Même avec le super "fulguro poing", impossible de ne pas ressentir un certain manque d'impact. Les pouvoirs et les tirs offrent un peu plus de sensations, heureusement. La gestion des flingues et la visée sont plutôt simples, les pétoires variées et les pouvoirs apportent pas mal de diversité avec des effets variés allant du simple empoisonnement de zone à des trucs carrément plus barrés et bien dans l'esprit du jeu. C'est clairement avec les attaques à distance que vous vous battrez le plus.

Quelques passages un peu plus originaux sont de la partie, avec des phases d'action toujours en décalage, à base de QTE, de scripts de combats décalés et dans l'esprit du jeu, ou d'autres actions uniques mais parfois mal introduites et/ou expliquées. Les moments à bord de son mecha de combat offrent eux aussi leur lot de diversité, même si on pourra faire le même reproche sur le corps à corps, trop puissant, cette fois-ci. On ne voit même pas vraiment si on tape sur quelque chose. Face à vous un bestiaire plutôt varié, avec des monstres bien souvent délirants, très mignons et moches à la fois, et 3 difficultés proposées. En mode normal, on n'a pas eu tant de problèmes que cela, on a même trouvé le jeu plutôt facile malgré quelques morts bêtes survenues en tombant à l'eau ou une flaque de pétrole... Clairement, côté action, malgré un certain manque de dynamisme, Biomutant fait le taf de façon plutôt efficace.

Bio-monde ouvert

Dans Biomutant, vous allez arpenter un monde plus ou moins ouvert et plutôt vaste. En vérité, le jeu est plutôt dirigiste et vous force plus ou moins la main dans une certaine direction. Sur la carte, vous croiserez pas mal de PNJ avec leurs quêtes annexes, des lieux à explorer pour en looter les merveilles, des forts ennemis à conquérir, la carte étant divisée entre 6 clans, et de quoi vous occuper pendant la quête principale, au déroulement souvent similaire lorsqu'il va falloir aller combattre un des 4 mangemonde. Soit un peu de préparation avec la réparation d'un accessoire et la conquête du territoire des clans rivaux pour obtenir du soutien contre la bête. Avec le design des niveaux, on pense immédiatement à un petit Horizon Zero Dawn, mais clairement, c'est moins bon. Il faudra bien regarder la carte pour ne pas se perdre dans une impasse à flanc de montagne. Pour vous balader, quelques montures, au comportement presque trollesque et digne du Mako de Mass Effect.

Comptez 15-20 heures pour en voir le bout, et tout du long, vous pourrez vous amuser à bidouiller votre héros dans les menus. Avec une forte composante RPG, au début du jeu, vous devrez choisir entre 5 races et 5 classes, ce qui influera sur vos statistiques, et chaque niveau vous donnera accès à des améliorations statistiques, de nouveaux coups ou compétences passives, des pouvoirs ou encore de la résistance élémentaire. L'équipement n'est pas en reste avec une bonne profondeur, un système de craft assez amusant, et il y a de quoi y passer un peu de temps. Mais vu l'apparente simplicité du jeu, on pourra aussi réussir sans trop s'en soucier...