Un programme qui dans ce titre est laissé au bon vouloir du joueur, élément troublant mais à la fois rafraîchissant à une époque où l'injonction à faire mille et une choses pour doper la densité d'un titre est commune. Ainsi, sans qu'on sache vraiment quel en sera le débouché, on étudie et on se rend en cours régulièrement, du moins, quand les bastons ne nous renvoient pas manger nos dents à la maison. Et puis entre ça, on traîne, on clope, les mains dans les poches et le regard défiant, dans les rues et les champs de cette anonyme ville japonaise, assez grande pour accueillir un lycée donc, mais aussi un resto, une supérette, une salle de boxe ou encore un bar avec billard et Jukebox. Pourtant, à la manière d'une vie réelle dans ce genre d'endroit, quand tout tourne finalement autour du conflit, de la violence, le temps est long et on finit par ne rien trouver de consistant à faire, si ce n'est passer le temps, dans ces lieux qui se ressemblent.

Racaille Blues

Ce sentiment, The Friends of Ringo Ishikawa le retranscrit bien, ce qui rend difficile d'établir un jugement au couperet, noté, à son propos. En effet, en termes de mécanismes et de profondeur de jeu, rien de bien palpitant et même parfois un manque d'ergonomie qu'on impute à son statut de petit jeu. Un compliment dès lors qu'on réalise le soin apporté aux décors, aux musiques, à l'ambiance. Car ce qui fait tout le sel de ce titre développé par le Russe yeo, c'est le sentiment à la fois mélancolique, tranquille (d'ennui pourra-t-on dire souvent) qui nous y ramène invariablement pour de petites sessions, quelque part entre le manga Young GTO, le film Kid's Return et surtout Racaille Blues, autre manga de Masanori Morita celui-ci, dans lequel il est aussi question de bagarre et d'amitié. Un vrai jeu d'auteur en somme pour lequel on peut lister de nombreux défauts mais qui pourraient tout aussi bien s'effacer, paraître mineurs, pour peu que vous soyez pris dans l'atmosphère de ce jeu singulier.