La question des remasterisations fait toujours débat. D'un côté, on peut estimer la pratique fainéante et surtout prenant la place de la nouveauté comme un président américain celle d'un premier ministre monténégrin. De l'autre, on peut aussi se dire qu'il s'agit d'une excellente opportunité de découvrir ou redécouvrir. Et que l'on pleure ou non l'absence d'un épisode 100% inédit à destination de la PS4, WipEout Omega Collection est là, regroupant les contenus de WipEout HD et son extension HD Fury, parus sur PS3, en plus du WipEout 2048 de la PS Vita. Trois jeux proposant des courses de vaisseaux antigravité capables de vous emmener dans la "Zone", dont les qualités ne sont plus à démontrer et qui n'ont finalement rien perdu en arrivant sur la dernière console de salon de Sony.

J'y suis, Qirex

Et lorsque l'on dit que rien n'a été égaré, on parle évidemment de feeling dans le cockpit. Il est là, intact, combiné à une impression de vitesse toujours aussi grisante. Mais pour les novices ou les plus amnésiques, et ceux qui refusent d'activer l'assistance permettant de rester à peu près bien au centre de la piste, il va falloir passer par l'école de l'humilité. Car les développeurs n'ont absolument rien renié question maniabilité. L'apprentissage/la rééducation à l'inertie, à l'hypersensibilité des bolides, qui ont en plus le bonheur de se manoeuvrer très différemment suivant l'écurie et le modèle, demande du temps, de la précision et un maximum de concentration pour éviter l'hésitation fatale.

À chaque division passée, s'imprégner de chaque courbe, de chaque raccourci, du placement de tous les accélérateurs au sol, trouver le juste dosage des aérofreins et de l'inclinaison de la carlingue, savoir quand absorber un item ou effectuer un tonneau... Et prier que le Dieu des bonus vous soit favorable et que restent à distance les adversaires dirigés par le CPU, aptes à vous ralentir et vous dépasser pour une microseconde perdue, puis vous faire beugler la trop tristement célèbre sentence : "putain, j'étais premier !". Tout cela demande du temps. Et pourra faire s'échauffer plus d'un cerveau. Mais après les fessées, il y a une garantie : celle que les efforts (et la bonne mémoire) paient. En sensations pures. L'essentiel est donc assuré.

Plus on est de fous, plus Auricom

Bon, si les trois jeux réunis n'ont rien perdu, ils n'ont pas non plus gagné énormément. Le package regorge, pour les solitaires en quête de défis, des mêmes épreuves montant en puissance et disséminées à travers les ligues spécifiques à chaque titre et la même - belle - brochette de tracés (26 en tout) aux courbes angoissantes et dénivelés vertigineux à apprendre sur le bout des doigts. Ou profiter de la possibilité de faire sa salade seul ou à deux sur la même lucarne grâce à la Race Box (pour se faire des courses uniques, des tournois ou se lancer dans d'autres modes comme le très épuré Zone, le Contre-la-montre, le Combat, ou encore et le Detonator), sans oublier le mode en ligne jusqu'à huit. Mais sans surprise inattendue, avec une démarcation claire en 2048 ou en HD.

Les ajouts de cette compilation - dont la durée de vie demeure plus que respectable - sont avant tout d'ordre cosmétique. Le tout apparaît évidemment plus agréable à l'oeil que cela n'a pu l'être sur Vita ou PS3, plus fin (surtout en 4K via la PS4 Pro) et un brin plus détaillé (quoique à l'arrêt, les décors sont aussi anguleux que basiques). Le confort indéniable en termes visuels, que le Mode Photo aidera aussi à apprécier, se trouve accentué par une fluidité jamais prise en défaut, exemplaire sur PS4 et PS4 Pro, y compris en écran splitté. Et vos oreilles de clubber ne bouderont pas non plus une bande-son électro totalement électrisante à laquelle il ne manquera finalement que le Firestarter de Prodigy qui agissait sur nous comme une substance illégale lorsque l'on s'adonnait à WipEout 2097, qui, lui aussi, serait très plaisant s'il se voyait dépoussiéré de cette façon.