Qu'apporte Euro 2016 par rapport à PES 2016 ?

Disponible depuis le 24 mars en DLC gratuit pour les personnes ayant acquis PES 2016 sur PS4, Xbox One, PS3, Xbox 360 et PC et en stand-alone depuis le 21 avril sur PS4 et PS3, avec le gallois Gareth Bale sur la jaquette, UEFA Euro 2016 aurait dû pousser à célébrer le tournoi qui se tient en France du 10 juin au 10 juillet prochains.

Sauf qu'on cherche l'intérêt réel de cette mise à jour. Si l'absence de peaufinage drastique en termes de gameplay n'étonnera guère, on est surpris que si peu d'apports ait été consentis là où on a pu voir par le passé, du côté de chez EA Sports, des éditions qui faisaient presque voyager et nous plongeaient dans l'ambiance de façon impeccable.

L'habillage se contente du strict minimum. Pas de fantaisie pour le menu principal qui voit juste arriver un cadre dédié et le générique et la musiques officiels de l'Euro 2016 (en plus du ballon). Pas de nouveaux commentaires qui auraient nous apprendre des anecdotes sur les rencontres et joueurs mythiques de la compétition depuis sa première en 2016. Pas d'enceinte de chez nous autre que le Stade de France. Entre les effectifs qui ne sont pas forcément très inspirés de notre réalité et des équipements qui sont à jour pour uniquement 15 équipes sur les 24 qualifiées, on a du mal à s'emballer.

Et le fait que, hormis le MyClub, rien n'est possible en ligne. La campagne européenne (avec effectifs fixes), ce sera uniquement offline, en exhibition et en mode Coupe, contre l'I.A. ou de copains, avec possibilité de Coopération. Alors, clairement, ne songez pas au stand-alone si vous possédez déjà PES 2016. Il n'y a simplement rien qui justifie autre chose qu'un téléchargement de la mise à jour gratuite. Konami a clairement loupé le coche.

Si vous n'avez pas encore craqué pour l'un ou l'autre des jeux de foot de l'année en revanche, PES 2016 se cachant sous ce titre, il reste un très bon jeu de foot qui fête dignement le retour de la saga de Konami sur le devant de la scène footballistique virtuelle.


Ci-dessous notre Test originel de PES 2016, retouché pour l'occasion de cette mise à jour


Love the past, play the future. Aimez le passé, jouez le futur. Voilà une catchphrase rudement bien choisie. Et qui résume le sentiment qui nous assaille alors que les parties de PES 2016 s'enchaînent sans fatigue ni lassitude. D'entrée, le joueur ayant usé ses pouces sur ISS Pro puis les PES dits de la grande époque sent qu'il évolue à la maison. Toucher, conduite de balle, constructions, dynamisme, fluidité, temps de réponse... Le "feeling" PES. Cette sensation que, sous couvert d'un minimum d'implication, tout est possible instantanément mais que la marge de progression est énorme, qu'on a encore le temps de voir de nouvelles phases de jeu, de nouvelles mimiques. Se surprendre à exulter au terme d'une action rondement menée. Comme avant. En mieux.

Le beau geste

La joie serait factice si les développeurs s'étaient contentés de chatouiller quelques curseurs de l'édition 2015. Sur le terrain, on dénombre une multitude d'améliorations capitales. Au rang desquelles les animations font figure de clé de voûte. Par rapport à l'an passé, le nombre de mouvements différents a été grandement revu à la hausse. Plus nombreux, donc, mais surtout plus vrais, plus coulés, plus classes. Les joueurs de champ disposent désormais d'une palette bien plus étoffée de contrôles, d'interceptions, de passes, de tirs, de tacles (debout comme glissés) et de possibilités pour effacer leurs vis-à-vis. Si le cuir est à portée, que ce soit aérien ou au sol, il y a toujours quelque chose de cohérent à tenter et constater. Même dans un élan désespéré, les transitions entre les postures ne choquent pas. En position offensive comme défensive, on a vite l'impression qu'on peut tout accomplir dans n'importe quel contexte. Et tout subir, lorsqu'un attaquant adverse vous mène à la greffe de reins en vous laissant sur place, tel un Jérôme Boateng aux appuis fragilisés par des feintes de corps toniques.

Deux poids, deux mesures

PES 2016 brille par sa gestuelle mais aussi par une approche physique plus convaincante. Les luttes épaule contre épaule pour le ballon, les pertes et collisions, dont on peut se relever assez rapidement, ont gagné en crédibilité. Compartiment dans lequel la série pêchait encore un peu trop, l'engagement est devenu un plaisir. On sent effectivement des duels plus musclés, plus intenses. Les batailles pour la récupération, les protections de balle et courses aux côtés d'un défenseur rugueux autrement plus disputées. Un mauvais jugement, une manipulation hasardeuse et la perte de la possession comme la faute peuvent survenir. Même s'il n'est pas rare d'être victime des tours de passe-passe impressionnants de la part de stars du dribble en petit périmètre et de l'accélération, l'ensemble a l'air somme toute mieux équilibré, pour notre plus grand plaisir. En parlant de physique, celle de la sphère se montre une fois encore assez irréprochable. Son poids, à l'instar de celui des 22 acteurs, est retranscrit de manière efficiente, bien que versant dans l'exagération sur pas mal de tirs. Elle est au coeur du spectacle et tourne, rebondit, traverse le terrain, finit au fond des filets ou cogne poteaux et gants sans nous décevoir. Admirer une bonne frappe tentée à tout hasard surprendre le gardien donne souvent des frissons. Des deux côtés.

À l'ancienne

Reste à savoir maintenant comment l'ensemble se débrouille au global, si le rythme, dicté par des temps de réponse et une prise en mains sans grand accroc, se tient. Ou si n'importe quel noob peut vous coller un "tout droit" après avoir astiqué le stick droit, assigné au tricks, et finir sur une frappe enroulée désaxée - arme toujours assez fatale quand un as est aux commandes. Il faut donc s'en remettre à l'intelligence artificielle. On perçoit sans conteste des progrès, une réelle utilité à la mention de talents propres des millionnaires en short dans leur fiche perso. Offensivement, d'abord. Les appels sont plus nombreux, sans qu'on ait nécessairement besoin de s'en remettre à la manipulation poulpesque des lancements manuels ou du une-deux. Ça tente de se démarquer plus souvent, de créer des espaces. Le danger a l'air permanent.

Le rideau défensif veille plutôt bien, quand bien même il faut s'investir (voir le paragraphe suivant), tacler juste et éviter les pressings et double-pressings propres à laisser sa moitié de terrain en slip. Les gardiens ont l'air aussi d'avoir pris du plomb dans la tête. Et dans les gants, aussi bien lestés que les extensions semblent parfois montées sur ressort. En dépit de la puissance des frappes, les plus aguerris se montrent prompts à imposer une main ferme, à capter. Il leur arrive même d'enchaîner les multi-parades dans un délai très court, jusqu'au dégoût adverse. Tant mieux.

Même si certaines situations "reliques" - des joueurs qui se figent inexplicablement, un dernier rempart ou un défenseur idéalement placé qui oublie de s'imposer dans les airs - peuvent encore agacer, le constat dressé est simple : on retrouve ce qui a fait force de la série dans ses beaux jours. Riche en possibilités, PES 2016 s'appuie sur des fondations solides pour autoriser tous les styles à s'exprimer. Construire, jouer plus direct, plus frileux, plus spectacle. Toujours soucieux de ne pas reproduire avec exactitude une réalité pas toujours palpitante, de ne pas laisser l'arbitre, un brin laxiste, hacher le tempo, il injecte de la percussion immédiate tout en offrant une courbe de progression qui pourrait en mener certains à devenir des brutes en gestion manuelle.

Tactique rangée du risque

Revenons un instant sur l'arrière-garde. Car son assiduité peut prêter à débats. La faute à des rails encore un tantinet trop présents lors de la sélection du joueur souhaité, qui donne des profondeurs délicates à gérer si l'on n'est pas un actif du Super Cancel (R1+R2), et quelques consignes de placement parfois trop respectées. Comme si la défense tactique du concurrent avait fait son chemin jusqu'au Japon, l'anticipation est devenue le maître-mot. Et il vous faudra un regard stratégique acéré pour comprendre quel athlète adopter au moment opportun, quelle place il devra tenir, quel timing pour un tacle en vue d'éviter la sanction dans les secondes suivantes.

Mais la vérité est, aussi, ailleurs. Du côté de l'entraîneur. Les formations par défaut ne vont peut-être pas vous satisfaire, coller à votre style, se révéler efficaces face à celle de votre opposant. Plus que jamais, la formation et les consignes individuelles et collectives vont peser. Ce qui tombe assez bien, c'est que les menus, sans atteindre des sommets d'ergonomie, vont vous offrir suffisamment d'options pour mieux gérer tout cela. La formation fluide, qui permet d'adopter trois positionnements différents suivant qu'on soit au coup d'envoi, en possession ou sans le ballon, les consignes, le rôle exact, le placement, les types de pressing, d'écartement des lignes... Rien n'est anodin dans ce qui est proposé et la clef de la victoire tient probablement aussi bien dans votre dextérité que dans la connaissance de votre effectif et de votre propre style. L'impact tactique est réel.

Les dieux du stade

Plus étoffé sur le terrain, le titre de Konami ne manquera pas d'interpeller par sa réalisation et sa quête d'authenticité. Les stades sont effectivement mieux rendus, plus peuplés, avec des effets de lumières et météorologiques splendides en sus. Les modélisations, largement mises en avant dans de nombreux comparatifs, sont, pour certaines stars, photoréalistes. Des Neymar Jr. (sur la couv'), Ronaldo, Messi, Di Maria, Matuidi, Pogba, ressemblent comme pas permis à leur modèle réel. D'autres n'ont pas forcément droit à la même exactitude. Un David Luiz ou un Chiellini, par exemple, font davantage statue de cire. Reste que, dans l'ensemble, c'est assez splendide, avec un accueil triomphal réservé à la sueur et aux gouttes de pluie dont le rendu, en image arrêtée et zoomée, frise parfois l'indécence. L'enthousiasme pour le détail accordé à la plupart des visages et carrures d'un roster pléthorique - mais encore incomplet en termes de clubs, équipes nationales, licences et équipements officiels, d'où un renfort bienvenu du Mode Modification - on aurait aimé le voir appliqué à d'autres éléments. Notamment la mise en scène. Bien sûr, les célébrations à la carte sont arrivées. Bien sûr, l'ambiance s'étoffe un peu plus. Mais les mêmes angles de caméra, sans fantaisie, sur les replays, les mêmes attitudes frondeuses après une faute ou un carton, cela aurait mérité un dépoussiérage plus complet. Une révolution. Ok, on les zappe souvent. Mais quand même. Et que dire sur les commentaires français qui n'a pas été évoqué les années précédentes ? Malgré toute l'affection qu'on peut avoir pour Grégoire Margotton et Darren Tulett dans leur activité de tous les jours, on aura difficilement envie de ne pas éjecter leurs répliques TOUJOURS un peu trop dictées et qui ne tombent pas toujours justes.

100% Jesus ?

Moderne dans son approche sur le terrain, pas trop concernant son enrobage, PES 2016 s'enfonce carrément dans le trip nostalgique concernant l'interface, pas tellement retouchée, les à-côtés et les modes de jeu. Première preuve : les ateliers d'entraînement, qui s'avèrent peu ou prou les mêmes que l'an dernier. D'une utilité incontestable pour réviser les bases, ils ne tiennent pas la comparaison avec ceux, sans cesse renouvelés, aperçus chez EA Sports. Et questions modes de jeu... Il est agréable d'avoir des tas de ligues, de coupes, la Ligue des Champions, l'Europa League et autres compétitions asiatiques et sud-américaines. Mais fut un temps où l'on nous proposait des petits modes sympathiques pour égayer le multijoueur sur canapé, comme le Random Selection de PES 6. Là, ce sont surtout des retouches, certes sympathiques, apportées au Vers une Légende ou à la légendaire Ligue des Masters, épreuve de gestion pour une équipe actuelle ou composée, d'abord, de joueurs très moyens. Des menus plus clairs avec onglets, infos importantes plus rapidement visibles, un système de recrutement plus à l'avenant, un esprit d'équipe et des rôles qui se développent et affectent l'effectif, un rapport mensuel sur les performances et le style... Un vrai bonheur pour les joueurs solitaires. Un bonheur rituel. Autour duquel on adorerait voir d'autres choses se former pour varier les plaisirs aussi bien en solo qu'avec des potes sur le canapé.

Le PES à la ligne

Reste enfin la question du online et du contenu qu'il vous propose en vue de prouver votre valeur aux joueurs du monde entier. Même constat que pour le offline : ça fait le job correctement. On trouve des matchs rapides, des lobbies de matchs amicaux en solo (ou l'on crée ou s'incruste dans une partie), ou par équipe jusqu'à 11 contre 11 en incarnant un joueur spécifique (qui sera noté à la fin), des compétitions, des divisions en ligne. Pas mal. Mais dommage que des rencontres en 2 contre 2, voire jusqu'à 4 contre 4 avec le droit de changer de joueur sur le terrain ne soient pas proposées... Le MyClub se voit de son côté agrémenté de quelques nouveautés raffinant un peu son expérience, concurrente du FUT. Il est toujours question de bâtir un effectif solide où règne la bonne entente en suivant des recrutements au petit bonheur la chance et des stratégies fixées par le choix du manager. Des petites nouveautés, des niveaux d'évolution façon RPG et le passage possible de joueurs au rang d'entraîneur pour un poste en particulier, se sont glissées. Des bonus qui ne rendent pas le tout beaucoup plus impressionnant mais qui assurent néanmoins un peu plus de profondeur.

Et les serveurs, tiennent-ils le coup ? Joue-t-on vite et bien ? On peut le dire : nous n'avons pas rencontré de problème majeur pendant les quelques heures passées online depuis le lancement. Aucun lag plombant à noter. Le matchmaking ne semblait pas trop paresseux non plus. Une surprise. Espérons qu'une fois l'internet un peu plus peuplé il en soit toujours ainsi. Ce serait beau, une première saison sans crise.