Une plongée dans l'angoisse

Nous sommes dans la peau de Simon Jarrett, un jeune-homme sans histoires qui vient de sortir d'un accident de voiture au cours duquel il a malheureusement perdu sa fiancée. Encore en convalescence, il est contacté on ne sait comment par un médecin désireux d'étudier son cas en lui faisant passer un scan cérébral à but expérimental. En effet, le médecin veut tester les différents traitements possibles pour avancer dans ses recherches.

Nous sommes donc dans le rôle du petit rat de laboratoire qui ne sait pas trop ce qui va lui arriver... Mais on aime bien ça, pas vrai ? Après un début un peu lent, on se retrouve donc chez notre ami le docteur Maboule, assis dans un fauteuil et prêt à passer ce fameux scan. Sauf que quelques secondes plus tard, c'est le noir total et vous vous réveillez dans la même pièce, mais plongé sans personne et dans l'obscurité la plus totale. Des bruits sourds vous parviennent, votre vision est légèrement floue, vous ne savez pas du tout ce qui se passe... Une sensation de douce angoisse vous envahit alors lentement... C'est génial.

Un peu à la manière d'un Bioshock ou encore d'un Alien Isolation, à la différence que nous ne sommes pas dans l'espace mais au fond des eaux, le dernier bébé de Frictionnal Game vous plonge dans la solitude et vous pousse dans vos retranchements. Où suis-je ? Qui/quoi rôde autour de moi ? Je dois fuir, me cacher car impossible de me défendre... Mais où aller ? Cette dernière question me permet d'ailleurs de rebondir sur une des grandes qualités du jeu : à aucun moment on ne vous prendra la main. A vous de comprendre où aller, où chercher, et vous verrez que même si les objectifs sont clairement énoncés, ça ne coule pas toujours de source.

Au bout de quelques minutes d'investigation, on se rend compte que les lieux sont habités. On découvre rapidement la présence de créatures biomécaniques et organiques, des restes d'humains, des créatures inconnues... En effet, vous verrez que le transhumanisme est le sujet centrale de l'histoire de SOMA et qu'il vous poussera à la réflexion. Une réflexion intelligente dont les chemins vous entraîneront dans les abîmes d'un océan riche en frayeurs. Vous vous rendrez également compte que certains de vos choix, sans conséquence aucune, mettront à mal votre conscience, mais c'est probablement l'un des buts du jeu : réfléchir au sens de la vie.

Beyond the sea

Totalement immergé dans cette base scientifique sous-marine abandonnée, PATHOS-II, vous allez donc devoir comprendre ce qu'il s'est passé et comment vous en sortir. Comme je le soulignais plus haut, ce sera par le biais d'anciens messages radio en plongeant la main dans les cadavres des robots, ou encore en lisant des documents éparpillés ça et là... Vous récupérerez des informations, des codes entre autres qui vous permettront de déverrouiller des systèmes afin d'ouvrir des portes.

En termes d'inventaire, ce sera très léger puisque vous aurez surtout besoin du bien nommé "Omnitool", une sorte de clef universelle qui va vous permettre de déverrouiller pas mal de systèmes informatiques et certaines portes. Et puis c'est tout. Aucune donnée n'apparaîtra à l'écran, sauf pour vous prévenir que vous pouvez interagir avec une porte ou un objet. L'immersion est assurée. La seule chose dont vous aurez besoin de vous assurer, c'est que votre écran ne se brouille pas... En effet, tout comme dans l'aventure de son grand frère Amnesia, ce dernier se brouillera et vous entendrez des grésillements lorsqu'un ennemi sera tout proche. En revanche, impossible de se cacher dans des placards cette fois-ci, il faudra donc vraiment faire gaffe à ne pas se faire repérer par les ennemis. Ces derniers, à l'apparence très inquiétante, ne régiront pas toujours de la même manière. L'un d'entre eux ne pourra par exemple pas vous attaquer si vous ne le regardez pas, tournez-lui donc le dos... Même si vous savez que c'est la chose à faire, vous en frissonnerez ! Quoi qu'il en soit, les rencontres ne sont pas vraiment punitives, du moins les trois premières fois, puisqu'après vous être malencontreusement frotté contre l'un des méchants, vous perdrez connaissance une fraction de seconde et vous réveillerez au même endroit, votre écran légèrement brouillé pour quelques instants.

Promenons-nous dans l'océan

Exploration, observation, réflexion, voilà de quel bois se chauffe SOMA. Cherchez des réponses, écoutez attentivement les sons qui vous parviennent, résolvez les énigmes... Ces dernières, bien pensées, donneront du sel à votre expérience sous-marine. L'environnement, même si la claque graphique n'est pas au rendez-vous, est soigné et très agréable à contempler. On aime se laisser porter par cette histoire au scénario extrêmement bien ficelé. Car SOMA ressemble davantage à une expérience narrative - pleine de dangers certes - qu'à un jeu vidéo conventionnel.

Tantôt bien au sec dans les couloirs obscurs des bases que vous visiterez, tantôt lâché dans l'immensité de l'océan inquiétant, baigné dans la noirceur de la nuit, vous vous perdrez parfois (dans tous les sens du terme) dans la contemplation du paysage et des détails, notamment dans les séquences sous l'eau. Jusqu'au moment ou un bruit sourd vous fera déguerpir pour ne pas faire une mauvaise rencontre. Caché dans un recoin sombre, vous tremblerez en attendant que la bestiole passe son chemin. Il est d'ailleurs conseillé d'avancer en pantoufles afin de ne pas attirer l'attention. La fonction "lean" (se pencher) vous offrira également un confort supplémentaire pour avancer sans encombre.

Mais le véritable point fort du jeu réside dans son sound design, qui frôle la perfection et pose une atmosphère pesante parfaitement en phase avec l'identité du titre, sublimant au passage l'expérience. Les musiques aux accents mystérieux, les bruits dérangeants de l'océan, le grondement de l'acier sous l'eau ou notre simple respiration ajoutent un effet oppressant qui fait de SOMA une aventure efficace et délicieusement angoissante. On ressent un vrai malaise, on respire plus vite, on kiffe tellement.