Ce test PS4 est une mise à jour du test PC publié le 8 octobre 2014.


The Vanishing of Ethan Carter vous prévient d'entrée : il s'agit d'une aventure narrative où vous ne serez à aucun moment pris par la main. Vos meilleures (et seules) armes seront ainsi l'observation et la jugeote. Un lâché prise assez grisant...

Une version PS4 remaniée

Heureusement, la réalisation, qui a bénéficié d'une mise à jour de l'Unreal Engine 3 à la version "4" lors de son passage du PC à la PS4, propose un tel festin visuel qu'il est des plus agréables de déambuler dans cette campagne américaine morne et si diaboliquement intrigante. L'ensemble est ici proposé en 1080p avec un frame rate oscillant entre le 60 et 30 images/seconde. Les développeurs n'ont ainsi pas choisi de le bloquer à 30 fps, ce qui induit (à quelques moments) quelques hoquets. Rien de bien grave cependant tant l'immersion se montre totale. Les couleurs se révèlent aussi un peu moins chaudes que sur PC, mais globalement le rendu visuel se révèle saisissant avec des séquences quasi photo-réalistes.


Ci-dessous le test originel de la version PC


Il est important de le préciser dès le départ : avec un titre comme The Vanishing of Ethan Carter, les codes habituels du jeu vidéo sont bousculés. Certains d'entre vous n'ayant probablement pas encore eu la chance de se retrouver face à des titres comme Dear Esther ou Gone Home, je vais donc m'empresser de clarifier les choses : s'il fallait absolument chercher à classer The Vanishing of Ethan Carter dans une catégorie, il faudrait le ranger dans le rayon "expériences narratives", quelque part entre le jeu d'aventure, le cinéma et le rayon frais. Ce qui veut dire, en clair, que les interactions sont réduites à peau de chagrin et que votre stock de grenades et de chargeurs 7,62 mm sera à peu près équivalent à zéro. Oubliez donc vos habitudes de hardcore gamer et laissez vos a priori dans leur carton d'origine : dans un jeu tel que celui-ci, ce qui compte, c'est l'immersion, l'histoire que les gars de The Astronauts ont à vous raconter et, surtout, la façon dont vous allez la vivre en fonction de votre sensibilité.

Pitch Black

Le petit Ethan Carter est porté disparu et il va falloir sacrifier un dimanche tout entier pour partir à sa recherche. Heureusement, on incarne un détective rompu aux enquêtes délicates et surtout qui possède une intuition hors norme. Chouette, me direz-vous, ça devrait permettre d'accélérer les choses et de rentrer avant le début des matchs de ligue 1. Mais évidemment, rien ne va se passer comme prévu.

Dès qu'on pose les pieds à Red Creek Valley, on est confronté à une ambiance atypique, loin des poncifs habituels des jeux horrifiques ou des ambiances policières New-yorkaises : ici, on se retrouve face à de grandes étendues de forêt, avec des sentiers, de vieilles bâtisses et des champs à perte de vue. Le temps semble s'être arrêté et une atmosphère à la fois bucolique et malsaine est installée sur cette étrange vallée. Les couleurs sont ternes, le silence est pesant mais le décor est somptueux. Cette ambiance particulière, qui n'est pas sans rappeler The Last of Us sous certains aspects, est clairement l'une des plus grandes réussites du jeu.

Heavy Rain ?

Ici, pas de dialogue à choix multiples en temps limité, pas de pièges mortels à esquiver, pas de zombies à nos trousses : on progresse sans pression et cela permet de prendre le temps de sortir des sentiers battus, pour chercher toute sorte de trace ou d'indice qui pourrait s'avérer utile dans notre enquête. Tout le principe du jeu est là : on observe attentivement l'environnement et on tombe parfois sur des scènes de crime, où l'on tente de trouver des indices pour essayer de comprendre ce qui s'est passé dans ce bled paumé. Lorsque le joueur parvient enfin à rassembler suffisamment d'éléments sur une scène précise, le jeu nous déroule alors une petite séquence qui nous retrace le déroulement des évènements, ce qui fait progresser l'histoire et l'enquête au passage.

Concrètement, les déplacements s'effectuent comme dans un FPS traditionnel et les (rares) interactions mécaniques et physiques se font simplement. Et c'est presque tout. Le reste du temps, on se contente surtout de lire des notes laissées ici et là, mais rassurez-vous, rien de rébarbatif ni d'absolument indispensable pour comprendre l'histoire.

Non seulement The Vanishing of Ethan Carter possède une ambiance hors du commun, mais en plus, permettez-moi de vous dire à quel point le jeu est splendide. Les textures sont d'une précision ahurissante, avec des revêtements d'un réalisme surprenant (graviers, mousse sur les roches, écorce des arbres et j'en passe), des jeux de lumière impressionnants, avec les rayons du soleil qui transpercent les buissons et les feuillages, eux-mêmes animés en fonction de la brise avec une qualité rarissime. Le rendu de l'eau est également très soigné et il n'est pas rare de rester immobile simplement pour admirer en détail la poussière soulevée par les bourrasques de vent.

Benny Hill

Le système de progression est également intéressant à plus d'un titre, puisque le jeu ne nous oblige jamais à franchir les étapes dans un ordre prédéfini. Il est tout à fait possible de parcourir le titre à sa guise et de se rendre directement dans certains endroits reculés et normalement prévus pour la fin. C'est une des grandes forces du jeu, mais également une faiblesse : si vous ratez, comme moi, un élément indispensable au début du jeu, vous risquez de vous retrouver à errer dans les champs ad vitam aeternam sans trop comprendre pourquoi l'histoire n'avance plus. On peut également avoir le sentiment de tourner en rond assez fréquemment au cours de l'aventure et le rythme général n'est pas vraiment soutenu... En d'autres termes, les joueurs d'un naturel impatient risquent de trouver le temps long, en dépit d'une durée de vie assez modeste (comptez à la louche entre 3 et 6 heures de jeu selon votre capacité à fouiner efficacement).

Mais tout cela pèse bien peu au regard de l'aventure proposée. Le jeu n'a pas besoin de se perdre en tergiversations inutiles, en textes redondants, en cinématiques à rallonge ou en clichés en tout genre : non, le scénario est cohérent, l'histoire admirablement bien écrite et tous les petits détails qui peuvent parfois chagriner les esprits cartésiens finissent par trouver un sens. Et ça c'est appréciable.