C'est avec cet état d'esprit de vieux blasé que je m'aventurais dans les contrées de ce RPG DS, sans réaliser le piège de nostalgie qui était en train de se refermer sur moi... Tout d'abord, 4 Heroes of Light est développé par Matrix Software, ce studio qui pour le compte de Square Enix a remis au goût du jour sur DS les épisodes III et IV de Final Fantasy. Autant dire que ces créatifs en connaissent donc un rayon en aventures épiques vidéoludiques d'autrefois... et la magie du titre dont nous allons ici livrer la critique se trouve justement dans ce savoir.

Veux-tu sauver l'Humanité ? : oui/non

Manichéenne, la trame de 4 Heroes of Light s'amuse à nous servir tous les poncifs du RPG japonais : du héros ado que l'on découvre pour la première fois dans son lit, quémandant quelques minutes de sommeil en plus à sa mère, de l'éternelle princesse enlevée, du village maudit aux pourparlers du genre "Sauve mon royaume, je te donnerai cet artéfact super génial". L'ensemble rappelle les grandes heures du RPG nippon sur consoles 8 et 16 bits. Matrix Software a en effet insufflé un souffle totalement rétro à son titre que ce soit dans sa narration, son gameplay ou sa musique. Le studio a tout de même pris soin de gommer subtilement certaines lourdeurs de l'époque (les phases de dialogues sont ainsi assez concises dans cette cartouche DS), de dynamiser l'ensemble de la mise en scène et de proposer un très joli rendu 3D. En effet, l'identité visuelle de 4HoL est composée d'aplats de couleurs pastels donnant au titre un aspect charmant. Les élégantes mélodies sont quant à elles volontairement bridées dans leurs sonorités pour patiner encore un peu plus le côté rétro du titre.

Vous l'aurez compris à la lecture de ces quelques lignes, Final Fantasy : The 4 Heroes of Light est destiné à une niche de joueurs, de préférence nostalgiques. Si bien que le titre s'est fait très discret depuis sa sortie au Japon et que cette édition française (on pourrait dire que du coup c'est vraiment comme à l'époque...) ne s'est pas vue traduite dans la langue de Molière. Le titre est intégralement en anglais, too bad. Mais si ce RPG intéressera d'abord les esthètes du genre (le jeu est assez difficile, s'obliger à gagner des niveaux s'avère indispensable et cela dès le début du jeu), il pourrait tout de même être une excellente initiation pour les néophytes, grâce à un système de jeu au tour par tour, éculé mais particulièrement accessible.

C'est avec de vieux grimoires que l'on fait les meilleures potions

Grimoires, potions, queues de phénix, antidotes, épées, bâtons de magicien... voici quelques-uns des objets qui feront partie de votre inventaire très limité. En effet, pas question de vous déplacer comme si vous aviez une malle invisible sur le dos, le nombre d'objets que vous pourrez stocker dans votre inventaire est limité à quinze. Du coup, il faudra être prudent car les quantités s'évaporent bien vite mais finalement, nous parlions d'accessibilité plus tôt, ce système permet une grande simplicité dans la gestion de son équipement et invite à être efficace sans complexité. Dans le même ordre d'idée, le système de combat est plus ou moins automatisé. On ne choisit pas ses cibles, que ce soit l'une des bestioles que l'on veut étriller en face ou une de ses alliées à ses côtés que l'on veut soigner. On s'habitue vite à ne pas avoir cette liberté de choix et si on peste quelques fois, cet aspect devient bien vite un élément à prendre en compte dans les tactiques que l'on doit élaborer. Evidemment, les monstres surgissent aléatoirement sur la carte du monde ou dans les donjons que l'on doit explorer. Car vous vous en doutiez peut-être, à la mode old-school, vous vous déplacerez sur une carte du monde (à dos de dragon plus loin dans le jeu !) où vos persos seront symbolisés en plus grand que la ville où ils s'apprêtent à se reposer et dans de nombreux donjons plus tortueux et labyrinthiques les uns que les autres...

Recherche couple pour partie à quatre dans un donjon

Ne flippez pas pour autant : comme la vie est parfois bien faite, le jeu vous propose comme son titre l'indique de mener un groupe de quatre élus à travers toutes ces contrées hostiles. De plus, si vous et vos amis êtes assez bourgeois pour vous payer quatre cartouches, vous pourrez tous bourlinguer ensemble via la magie du sans-fil de la DS. Dans la trame solo, sachez qu'il faudra du temps à vos quatre loustics avant d'être aussi inséparables que les quatre doigts de la main de Mickey, chacun vaquant à sa propre destinée et s'entourant donc de compagnons d'armes, rencontrés çà et là. Ces derniers vous permettront souvent de découvrir de nouveaux jobs ou de nouveaux sorts, respectivement via leur coiffe et leur grimoire, accessibles plus tard dans l'aventure. Car Final Fantasy : The 4 Heroes of Light reprend des éléments classiques des premiers FF. Ainsi, vous appartiendrez à différents corps de métiers et profiterez des compétences dont ils bénéficient en portant tel ou tel chapeau. À vous les compétences du mage blanc, de l'apothicaire, du bandit ou encore du mage noir. Cette dernière caste est absolument parfaite pour user de la magie (de feu, de vent, d'eau...) contenue dans les grimoires. La magie, tout comme le job, est donc directement liée à l'objet dont vous équipez vos personnages et il n'est pas question de MP (les points de Mana) dans ce titre mais bien de AP (pour Action Points). En combat, c'est très simple, vous possédez jusqu'à cinq AP. Un sort en demande deux et vous pouvez regagner un point dans votre barre en étant inactif pendant un tour. Une véritable stratégie est alors à prévoir pour gérer au mieux vos actions. La base du combat dans le RPG, me direz-vous. Ça tombe bien, c'est justement les bases du genre qu'assume de reprendre à son compte Matrix Software.

Final Fantasy : The 4 Heroes of Light sera une délicieuse madeleine de Proust pour quiconque a passé des heures à rêver, il y a quelques années, devant des légendes du RPG japonais. Un autre type de joueur sera dans le meilleur des cas, curieux de découvrir ce qui faisait le charme du jeu de rôle nippon sous l'ère des 16 bits et il bénéficiera alors de graphismes charmants (le chara design est signé Akihiko Yoshida) et de la possibilité de s'y essayer à plusieurs. Légitimement, une dernière part de joueurs pourra considérer que le titre de Matrix Software propose une mécanique de jeu ainsi qu'un scénario bien trop désuets pour être dignes d'intérêt aujourd'hui. Mais vous l'aurez compris, il est ici question de parti pris, donc à vous de choisir votre camp !