Reprenons tout d'abord par les fondamentaux : la mécanique des Wario Ware est la même depuis le tout premier épisode GBA, apparu en 2003. Il s'agit d'enchaîner une série aléatoire de micro-jeux, d'une durée inférieure à cinq secondes, dont la vitesse d'exécution accélère en même temps que la réussite du joueur. Le cachet particulier de ces micro-jeux tient à leur aspect totalement loufoque, représentatif des univers desquels ils sont issus. Car si le vilain Wario tient la vedette, il est accompagné d'une pléiade de personnalités bien affirmées, comme 9-Volt le petit fanboy Nintendo, qui apportent aux différents jeux des identités visuelles et musicales uniques qui leur sont propres (vieux sprites NES et musique chiptunes pour certains jeux 9-Volt par exemple).

Si vous aimiez les univers barrés de la série jusque-là, rassurez-vous, Wario Ware D.I.Y. conserve et peaufine la maestria des épisodes précédents en matière de direction artistique. Les graphismes colorés et parfois même arty, le gameplay et l'ambiance générale du titre sont assumés et admirablement maîtrisés en coulisses. En scène, l'esprit foutraque et débile à l'humour proche de celui pratiqué au Penguin Village du Dr. Slump s'étale partout. Notons que dans cet épisode, les compères, bien que moins nombreux, gardent leur personnalité et l'univers qui va avec. Ces personnages possèdent cette fois-ci des jeux communs à un même thème (la nourriture pour Ashley la petite sorcière, le sport pour le flamboyant Jimmy T., la logique et la réflexion pour l'E.T. Orbulon, etc.).

C'est moi qui l'ai fait !

Si les personnages et les micro-jeux de base sont un peu moins nombreux (une petite centaine), cela s'explique et se pardonne très vite. Nous évoquions précédemment les coulisses, eh bien bam ! Le quatrième mur est brisé. Désormais, le metteur en scène, c'est vous ! Voici l'idée de génie de ce nouveau Wario Ware. Alors d'accord, me direz-vous, la possibilité créative donnée aux joueurs, on connaît déjà. À l'époque, on avait joué à Mario Paint et depuis, on a façonné nos propres maps, assemblé nos propres circuits, bla, bla, bla. Mais attention : ce serait une grave erreur que de sous-estimer le potentiel créatif présent dans Do It Yourself. J'en veux pour premier argument la créativité enthousiaste avec laquelle ces développeurs de Gaijin Games (la série Bit. Trip) ou de 2DBoy (World of Goo) s'appliquent à façonner leur micro-jeu, stylet en main... (dans l'encart, en vidéo).

Taylorisme, Fordisme, Warioisme ?

Afin d'aborder avec plus de précision la partie créative de Wario Ware D.I.Y., dressons la topographie des lieux essentiels. La boutique, comme vous pouvez l'imaginer, est l'endroit où vous pourrez vous procurer et essayer les jeux Diamants livrés quotidiennement (c'est l'appellation des jeux dits classiques, avec Mona, Jimmy T, etc., en opposition aux jeux originaux que vous pouvez créer... et vendre dans cette même boutique). On y trouve également des B.D., toujours composées de quatre cases et plus absurdes les unes que les autres (on lorgne plus du côté de l'esprit de Kendy que de celui de Samuel Beckett, hein). On trouve également en rayon des musiques avec lesquelles on pourra s'amuser, en les agrémentant de quelques samples bien débiles ou en jouant avec la vitesse du tempo, pour ensuite les utiliser dans ses propres réalisations.

Jeux, B.D., musiques, toutes ces créations peuvent être vos créations. Mais pour cela, il faudra tout d'abord vous initier au game design au sein de Wario Ware, Inc. Deux choix s'offrent alors à vous : effectuer des missions pour ce flemmard de Wario (dessiner un monstre, remanier la mécanique d'un jeu...) ou bien suivre un didacticiel qui vous permettra par la suite d'avoir les outils nécessaires à l'essor de votre inventivité. Direction ensuite le studio, aux manettes du SuperCréamatique21 pour créer vos propres micro-jeux !

Petite leçon de game design

Pour créer un jeu, trois éléments principaux doivent être pris en compte : les graphismes, la musique et l'IA. C'est grâce à des petites leçons très didactiques et rigolotes que va se dérouler votre apprentissage du game design. C'est en véritable programmeur que vous allez élaborer le script de votre jeu, décomposer les diverses phases d'animations (comme dans un dessin animé) ou encore composer les musiques de vos jeux avec cinq pistes à votre disposition et une multitude de sonorités.

Car en effet, il est bien question de réellement créer un jeu, de A à Z. Wario Ware D.I.Y. se pose comme une excellente initiation, voire même un véritable outil pour les développeurs en herbe ou les créatifs de tout poil. Le potentiel du SuperCréamatique21 est tout bonnement énorme et la prise en main tellement simple et intuitive qu'on s'amuse réellement en créant, et qu'on imaginerait bien l'ami Wario débarquer en cours de techno pour initier nos chères têtes blondes aux joies du game design. C'est vous qui décidez de l'action du jeu, du rythme, des textures des objets, des mélodies. Bref, vous élaborez votre jeu du début à la fin avec une simplicité déconcertante. Des jeux que vous pourrez ensuite transférer, échanger, entre consoles ou grâce au service en ligne de la DS et de la Wii, grâce à Wario Ware D.I.Y. - Showcase, à télécharger pour 800 points sur le WiiWare. Vous aurez ainsi accès sur votre console portable à soixante-douze nouveaux micro-jeux et pourrez également vous amuser avec vos créations directement sur votre Wii. On est déjà impatient de découvrir les perles d'inventivité pondues par toute cette communauté...

Wario Ware D.I.Y. est un pur concentré de folie et comme c'est parfois le cas, cette dernière va de paire avec le génie. L'esprit déjanté et grotesque des micro-jeux demeure intact et l'orientation game design du titre éblouit par le nombre faramineux de possibilités qu'il permet d'envisager. On attend avec impatience que se révèlent les talents sur le WiiWare afin de renouveler constamment l'intérêt du jeu et de rester bluffé devant tant de créations que l'on espère totalement déjantées. Parce que c'est aussi ça la touche en plus de Wario Ware D.I.Y. : quand on échoue à un des micro-jeux, c'est le plus souvent dans un grand éclat de rire.