L'avantage de sortir un test à la bourre, c'est qu'on a déjà une idée de ce que pensent les joueurs : les fans se sont déjà rués sur ArmA II et les chiffres les prouvent, vu que ce titre se place dans le top 3 des ventes de Direct2Drive ou Steam. Une jolie performance pour un jeu aussi pointu. Ce test n'est donc pas pour les pros de la série, mais pour les milliers d'hésitants, ceux qui n'ont pas encore sauté dans leurs bottes de soldat. Il faut qu'ils sachent que tout n'est pas rose dans le pays nommé Chernarus, une contrée fictive bien inspirée de nos pays d'Europe de l'Est dans leurs pires moments. Mais quand la victoire est difficile, elle est souvent plus savoureuse. Enfin c'est ce qui se dit...

Bac à guerre

Arma II est comme ses aînés, un immense bac à sable dédié à la guerre moderne. En vue subjective ou à la troisième personne, le joueur pourra se battre avec une panoplie assez impressionnante de jouets dédiés à la mort. Du pistolet au jet de combat à décollage vertical, tout y passe : tanks, lance-roquettes, jeeps, hélicoptères, la liste fait tourner la tête. Du simple transport de troupes au bombardement, en passant par de longues marches en forêt, le soldat virtuel peut s'attendre à couvrir une multitude de rôles qui rendent ce titre unique. Une richesse qui fera aussi peur au nouveau venu, qui devra passer par une longue phase d'apprentissage avant de servir à quelque chose sur un champ de bataille.

Premier changement de taille par rapport à son aîné, Arma II propose une campagne solo intéressante, riche et évolutive. Dirigiste au début, elle se transforme petit à petit pour vous laisser choisir vos objectifs. Des événements spécifiques vous donneront l'occasion de réagir, mais c'est aussi là qu'on voit rapidement les défauts du titre. Les bugs de scripts sont omniprésents, capables de faire grincer les dents les combattants les plus zens. Mission ratée sans explication quelques secondes après l'annonce des objectifs, NPC qui ne valident pas un objectif, plantages (surtout à cause de certaines sauvegardes), la liste des bugs possibles est longue. C'est d'autant plus frustrant qu'ils arrivent généralement au moment où on s'y attend le moins. Typiquement le genre de problème qui ruine l'immersion pourtant si bonne dans ce titre. Le plus gros problème reste la débilité artificielle de vos équipiers. Entre les pilotes d'hélicos qui se mangent les sapins et les conducteurs de tanks fans de Stevie Wonder qui conduisent les yeux fermés, vous comprendrez vite qu'il vaut mieux être aux commandes soi-même.

Travaux pratiques

Rien que dans le tutoriel et la première mission du jeu, j'ai eu affaire à une demi-douzaine de problèmes. Faire planter le script du tutoriel n'est pas dramatique. Mais dans la campagne, utilisez une bombe au mauvais endroit et vous êtes bon pour recharger votre sauvegarde. Aucun garde-fou contre vos erreurs : il faut payer le prix de la liberté. C'est aussi le cas avec ces NPC capturés, parfois gardés, parfois entourés de cadavres quand votre équipe à déjà fait le boulot. Mais ils se considèrent toujours prisonniers jusqu'à ce que vous soyez là pour leur parler. Et ça, c'est quand vous avez de la chance. Car parfois vos équipiers auront la gâchette facile... Bref, Arma II ressemble, même dans sa version 1.2, à une grosse beta maquillée en version finale. Et j'ai toujours en travers de la gorge ma mission d'escorte où le personnage a tout simplement disparu dans le sol !

Camaraderie virtuelle

Tous ces soucis deviennent de mauvais souvenirs à condition de jouer en ligne, avec des connaisseurs. C'est là, et uniquement là, qu'Arma II est capable de briller. Grâce à l'éditeur fournit, les bidouilleurs ont déjà commencé à peaufiner le titre dans tous les sens, mais rien que les missions "classiques" permettent des affrontements intéressants. Là encore pourtant, il faudra de la patience rien que pour savoir de quel côté partir attaquer et reconnaître ses ennemis. Si vous voulez juste faire quelques "frags" pour vous détendre, passez votre chemin.

Autre condition pour profiter de ce titre, avoir un PC robuste ! Et suivre les guides disponibles sur le Net (comme celui-là) pour optimiser vos graphismes et limiter la casse. Les bugs graphiques seront toujours là, mais au moins vous exploiterez le moteur 3D à fond. Malheureusement, entre paysages superbes (avec des distances de vue bluffantes) et textures grossières dans les bâtiments, Arma II sent le produit bancal. L'absence de moteur physique digne de ce nom n'arrange rien. On ne sent pas les impacts sur les véhicules et autres ennemis, le tout fait très "faux" et on regrette de voir encore ça en 2009. Quant aux puristes, ils devront supporter certaines hérésies : les tanks (et autres véhicules) sont toujours gérés à base de points de vie : avec un pistolet, des munitions et de la patience, vous pourrez les exploser. Logique...

Bohemia Interactive est toujours confronté à ses vieux démons : une ambition démesurée et un manque flagrant de budget (voire de talent) pour concrétiser le tout et pondre un jeu solide. Bugs pénibles, interface horripilante et gameplay parfois trop frustrant sont une fois encore là pour gâcher le paysage. Et pourtant, Arma II réussit à faire vivre des moments magiques aux joueurs assez patients et passionnés pour s'y investir. Mais tout ce potentiel restera caché à la plupart des joueurs, dégoûtés par une finition catastrophique. Loin des FPS qui aident le joueur à la moindre occasion, ce titre récompensera uniquement les chiens de guerre, qui de préférence jouent en meute. Reste à savoir si vous êtes de cette race là.