30 ans après l'invasion des clichés extra-terrestres et la guerre intergalactique qui s'ensuivit, la terre est un champ de ruines mutées par une extra-terraformation hors de contrôle. Dans cet univers à mi-chemin entre Mad Max et Star Trek, vous jouez le rôle d'un mercenaire "pillarche" à la solde d'un très important personnage nommé Von Bach. Cette ordure charismatique est un fabricant d'armes réputé, mais en ce moment, il court après de la technologie Arkatech, qui lui permettrait de sauver notre belle planète bleue. Mais est-ce bien ce qu'il a en tête ? Après le crash du vaisseau qui vous transportait dans la baie de San Francisco, votre but est de retrouver votre patron puis de l'aider à récupérer son matos (tout en vous faisant du fric avec des missions à côté, ou du pillage de fragment d'arche s'éclatant au sol). Au-delà des bestioles Messoran qui infestent les sous-sols, des mutants et des gangs qui terrorisent les survivants, vous aurez affaire à une menace bien plus organisée et mortelle. Et pour vous défendre, un bon paquet d'armes.

EGO, EGO, on rentre du boulot

Et des pouvoirs spéciaux, dont la configuration sera à peu près la seule chose qui vous distinguera d'un autre Pillarche. En effet, Defiance vous laisse choisir entre deux races (humaine ou irathienne) et quatre "classes" de départ (vétéran, survivant, paria ou mécanicien), mais apparemment, cela n'affecte en rien vos stats ou vos compétences. Seule la grille des capacités EGO importe. EGO est un système qui quantifie votre évolution selon vos actions : flinguer tout le monde ne suffit pas, il vaut mieux participer à tout ce que Defiance peut offrir : courses, défis, exploration... Vous repousserez ainsi la limite de ce que vous pouvez débloquer. Il existe quatre pouvoirs actifs (leurre, sprint, dégâts et invisibilité) et vous ne pouvez qu'en équiper un seul. En revanche, vous pourrez, en progressant, accumuler les bonus passifs. Ceux-ci prennent de nombreuses formes, renforçant les pouvoirs actifs, ou dirigeant votre style de jeu vers une expérience plutôt solo ou à l'inverse plutôt coop'.

Déluge de plomb

Côté armes, vous pouvez sans problème manipuler tous les flingues proposés par le jeu. Plus vous utiliserez un type d'arme, plus vous débloquerez de bonus. Ce n'est pas plus mal de ne pas être cantonné à un style ou deux par votre classe au final : on change d'outil de destruction au gré de l'équipement pillé ou gagné en mission, ou acheté. Parfois, certaines armes sont plus appropriées contre l'ennemi en cours, parfois on se fait juste plaisir. Et d'une manière générale, le feeling des tirs est plutôt bon : les impacts se ressentent bien, le recul est bien géré, les effets spéciaux sont sympas. Quoiqu'on ait perdu un peu de pêche entre la bêta et la release. Je ne sais pas s'ils ont renforcé les ennemis, tweaké les armes... Peut-être que je n'ai simplement plus un aussi bon matos qu'avant (j'ai l'impression que le taux de butin intéressant a pas mal été réduit). En tout cas, cela se ressent très vite dans certains combats : Defiance est devenu un peu plus difficile, mais en même temps il perd tout autant de dynamisme.

Les gangs infinis

C'est pour ce dynamisme pourtant que Trion avait abandonné l'idée de couverture. Pas question de rester planqué derrière un muret, si ce n'est le temps de recharger ou bien pour laisser le bouclier se reconstituer. Ce n'est pas trop dur d'aligner les cibles pour les dégommer une par une ou en groupe, car l'IA n'a que très peu de scripts de combat, vite assimilés : un peu de contournement, quelques esquives, des points faibles à toucher pour accélérer le combat, etc. En revanche, la finesse qu'il n'apporte pas, Defiance la contrebalance en bourrinant. Les vagues d'ennemis, même pour des missions secondaires, peuvent parfois sembler insurmontables. Survivre à ces moments intenses s'avère assez satisfaisant.

Le turbin au quotidien

Et puis il y a les gros, gros affrontements lorsqu'un événement de zone apparaît. On peut être nombreux à tenter de briser ces fragments d'arche technologique (toujours pas bien compris ce qu'on récupérait...), ou quand une invasion de Messoran nous oppose à des monstres de quatre étages de haut. Dans ces cas-là, c'est tout de même un peu le bordel. Il y a quelques règles tactiques à suivre, une vraie ambiance de guerre totale, mais on ne peut pas dire qu'on s'amuse énormément. L'équilibre entre la force de l'événement et le nombre de Pillarches présents (qui évolue rapidement), doit être très, trop, difficile à établir pour le jeu. On participe donc surtout pour le butin et pour faire monter sa jauge d'EGO.

Le transmédia, ce n'est pas sale

Personnellement, je préfère enchaîner les missions scénarisées (sans oublier les quelques cartes coop). Defiance déballe un univers cohérent et une belle brochette de personnages. Même si les races aliennes ont un gros côté Fantasy (des pseudo Elfes, des Meta-nains...), ce San Francisco post-apo est réellement dépaysant. Et puis, il y a le contenu épisodique. Il s'agit d'une suite de missions annexes directement liées au scénario de la série, dont le pilote doit être diffusé le 16 avril. À Paris et à la télé, les pubs foisonnent. J'ai pu voir ce premier épisode et ma foi, c'est assez sympa de retrouver l'univers de Defiance, relax, sans clavier, souris, ni pad, en spectateur.

Je ne suis pas un héroooos

Les deux personnages principaux, un humain et une irathienne, débarquent à Defiance après une mauvaise rencontre avec un gang. Ils doivent se refaire avec des petits boulots, car ils rêvent de partir en Antarctique où la vie est belle, parait-il. Mais ils vont vite se retrouver mêlés aux affaires de cette ville qui était autrefois Saint Louis. Tout cela se déroule immédiatement après la série dans la quête du jeu, où le casting est modélisé (plus ou moins bien). On les aide à récupérer un objet, qu'ils utilisent ensuite au début de l'épisode. Malheureusement, l'interaction entre le MMO et la série s'arrêtent là. Même pas une référence au pillarche qui les a aidés ! Faut dire que cela poserait des problèmes de traduction pour cette diffusion internationale : si le mot "Arkhunter" sied aux joueurs féminins comme masculins, doit-on en français parler d'une pillarche ou d'un pillarche ?

Fourre-tout et coups fourrés

On verra bien comment Trion s'en sort avec ce genre de soucis lors des prochains épisodes, en espérant que le transmédia se montre un peu plus ambitieux. En tant que simple série cependant, Defiance était plutôt sympathique à regarder. Les effets spéciaux ne tapent pas toujours juste, mais il faut bien avouer qu'ils sont très nombreux. Du maquillage partout pour les aliens, des vues d'ensemble impressionnantes, un besoin constant d'afficher le nouvel aspect extra-terrestre de la planète Terre. Certains acteurs s'en sortent assez bien, d'autres beaucoup moins. Aux intrigues politiques se mêlent du Bromance, du cul à la quasi-HBO, du Romeo & Juliette pour les teens, et quelques vannes qui font mouche... Je ne suis pas spécialiste série télé, mais ça ne me parait pas plus idiot qu'autre chose. Reste à voir comment ça évolue, et comment les missions épisodiques se renouvelleront.

Pay to Pown

Revenons au jeu, qui possède un autre atout, le PvP. Enfin, c'est plus un boulet qu'un atout pour l'instant. Techniquement ça partait bien : des cartes de deathmatch en équipe 8vs8, le mode Guerre de l'Ombre 64vs64 (du capture&hold). Sauf que... On joue en PvP avec son personnage PvE, matos inclus. Or, Defiance utilise le business model de Guild Wars 2 : on paye le client, mais pas d'abonnement. On trouve en revanche une boutique en ligne qui permet de s'acheter avec des vrais sous divers bonus, ou des coffres de butin de bonne qualité. Alors certes, c'est aléatoire, mais si on a du fric, on peut rapidement être équipé comme un fils à papa qui débute avec les meilleures marques. Et tout cela on le ramène en PvP. Ceci, messieurs, s'appelle du Pay to Win. Et c'est une grossière erreur. Donc tant que Trion n'aura pas fait quelque chose à ce niveau-là, ca sera niet pour moi !

De la technologie bien humaine...

Techniquement, Defiance reste très moyen, la faute aux consoles qui empêche la version PC d'afficher des textures honnêtes. Les animations sont tout aussi limitées et la distance de vue déprime, dans un jeu qui justement pourrait profiter d'une grande immersion si cela était amélioré. Ne parlons pas de la customisation des personnages. Durant la bêta je pensais que le choix extrêmement pauvre à la création serait corrigé à la sortie. Que dalle ! Même les créatures et les gangs qui peuplent la baie de San Francisco ont reçu plus d'amour de la part de Trion.

Et malgré tout...

"Dis donc Fumble, tu disais que t'allais aider Defiance, mais tu n'arrêtes pas de l'enfoncer !" Bah oui, mais comme je disais, il mérite ! En revanche, malgré tous ses défauts, il faut bien admettre que je ne me suis jamais ennuyé en jouant à Defiance. Je ne l'ai jamais lancé en me lamentant "Ohh non, il faut encore que je joue à cette daube." Ce que je ne peux pas dire pour pas mal d'autres jeux. J'enchaîne les quêtes, je loote, je fait du tout terrain en buggy, je progresse tranquillement... Je trouve le jeu sympathique. Le prix d'entrée est peut-être encore un peu cher. Il faudrait le dégoter à 30 euros environ plutôt que 50. Mais comme il n'y a pas d'abonnement ensuite, Defiance offre largement de quoi s'amuser et on en a pour son argent. Pour ceux qui hésitent, une bonne idée serait de regarder le pilote de la série d'abord (SyFy) et voir s'ils accrochent ou non à l'univers.

De plus on peut espérer que si les devs de Trion bossent comme des malades, comme ils ont l'habitude de le faire, s'ils mettent autant d'énergie dans Defiance que dans Rift, le titre pourrait s'améliorer très vite. Le PvP pourrait devenir viable, la version PC pourrait profiter d'options graphiques étendues, la customisation pourrait s'étoffer, la communication entre joueurs pourrait être facilitée... Oui, il reste encore beaucoup de boulot, mais l'aventure est intéressante. Ça fait beaucoup de "si", j'en suis bien conscient, mais soyons un peu optimiste. La base de Defiance n'est pas mauvaise, il faut juste que le titre s'enrichisse.