Ceci est une republication du test originellement paru le 21 mars 2013.

Aussi froussard soit-il, Luigi excelle dans l'art de chasser les fantômes. Ça tombe bien, car nos chers ectoplasmes ont repris du "voile" de la bête, depuis qu'une sombre lune s'est mystérieusement brisée. Reclus dans son bunker, le Professeur K. Tastroff l'appelle donc à la rescousse afin d'en rassembler les fragments, le seul moyen de repousser le brouillard qui a envahi la vallée obscure. A peine le temps de claquer des dents que Luigi se retrouve "télépixélisé" - une nouvelle invention de notre savant fou - jusqu'à une demeure d'allure inquiétante. Et familière d'ailleurs, à l'instar de la mélodie entêtante qui accompagne ses pas hésitants, quand il ne la fredonne pas lui-même, histoire de se rassurer. Heureusement, Luigi n'a pas trop perdu la main, malgré un système de contrôle forcément distinct de l'opus GameCube. En l'absence d'un second stick pour manier sa lampe de poche, Luigi doit être positionné dans l'axe des cibles à l'aide du pad circulaire, les boutons X et B servant à la pointer respectivement vers le haut et le bas. L'aspirateur fonctionne de la même façon, en association avec les gâchettes pour expulser ou aspirer diverses choses, y compris les fantômes évidemment. Mais si leur capture nécessite toujours de les éblouir au préalable, la loupiote ne suffit plus. Il faut en prime leur asséner un coup de Spectroflash dans les mirettes avec le bouton A, qui augmente ensuite la pression du souffle selon le timing, faute de gestion analogique. En dépit de ces modifications, les sensations de la pêche au poltergeist s'avèrent intactes, autrement dit jubilatoires !

Apparitions en relief

D'autant que cet épisode conserve la présentation latérale légèrement surélevée de son prédécesseur, un angle idéal dans l'optique d'apprécier les vertus de la 3D stéréoscopique, pour laquelle Luigi's Mansion avait justement été taillé au départ. Ce mode d'affichage joue malicieusement avec les superpositions du décor, les effets atmosphériques et les lueurs qui paraissent sortir de l'écran, sans oublier son rôle non négligeable dans certains puzzles. Pas besoin d'un médium pour le deviner, Luigi's Mansion 2 ne consiste pas qu'à faire le ménage pour débarrasser le plancher, le plafond, et même le mobilier des phénomènes paranormaux, puisque ces lieux renferment également un nombre conséquent d'énigmes. Au delà des clés à obtenir, ces stratagèmes reposent essentiellement sur l'exploitation de l'environnement, grâce l'usage du feu, de l'eau, des blocs de glace et d'une kyrielle de projectiles. Exit les médailles qui autorisaient le transport de ces éléments, ils sont désormais cantonnés à une salle. Cependant, les casse-tête y gagnent indéniablement en diversité et en sophistication. Next Level Games signe ainsi une véritable démonstration de game design : Le studio canadien a su construire ces mécaniques sans tomber dans la surenchère d'équipement, en déclinant simplement celles existantes de manière ingénieuse. Au bout du compte, la principale évolution de l'arsenal de Luigi se résume au Révéloscope, dont la lumière noire matérialise des objets invisibles, comme une porte. Exception faite de cet outil, le Professeur maboul s'est contenté de mettre à jour les autres engins.

Détection Sépulcrale

A commencer par la fameuse Game Boy Horror, qui se transforme en DS (de Détection Sépulcrale) dotée de fonctions tactiles bien utiles pour manipuler la carte. L'Ectoblast passe de son côté au modèle 5000, fort d'une puissance d'aspiration potentiellement supérieure. Encore faut-il obtenir des extensions ! Notre scientifique siphonné se charge de les bricoler, à mesure qu'il étoffe sa connaissance des fantômes avec les spécimens capturés, et l'argent récolté par Luigi. Alors que le pécule amassé dans Luigi's Mansion ne visait qu'à accéder à une version alternative du manoir, voilà une raison plus motivante d'entreprendre cette mission, ou plutôt ces missions. La progression est en effet scindée en objectifs, après quoi Luigi retourne au refuge, où on lui décerne un grade suivant sa performance. Certains y verront un fâcheux découpage, voire un hachage de l'aventure, qui atténue l'immersion dans cet univers. A tort. Mieux adapté à la pratique du jeu nomade, ce principe donne la possibilité de se réessayer aux chapitres afin d'améliorer son score, un bon point pour la durée de vie eu égard à la brièveté de la première itération. Et il y a tant de créatures, de trésors, joyaux et autres Boos cachés à découvrir... Surtout que la quête s'étend à travers plusieurs destinations ! Ces régions constituent de parfaits théâtres pour varier les ambiances, en s'appuyant facétieusement sur des références du film d'horreur. En outre, leur structure rappelle encore davantage les donjons d'un Zelda, une inspiration ici plus criante et non moins réjouissante.

Horror Tower

Luigi n'a décidément pas peur de la parodie, puisqu'il pratique aussi volontiers la "défantomisation" en équipe, sous l'influence encore plus évidente de Ghostbusters. Cette dimension multi joueur se déroule dans une tour hantée, à travers trois modes accessibles en ligne et en réseau local (bridé si on ne dispose que d'un exemplaire du jeu) : La Chasse consiste à débarrasser cette bâtisse des spectres qui s'y terrent, étage par étage, un Boss attendant au sommet. Bien sûr, les ectoplasmes se font plus virulents au fil de l'ascension, d'autant que l'on peut choisir le niveau de difficulté. Mais le challenge provient également des clés qu'il faut trouver en fouillant le décor de ces dédales générés aléatoirement, le tout en temps limité. En effet, les pièces obscures signalent la présence de poltergeists, assez faciles à débusquer par conséquent. La Traque des Ectochiens se révèle autrement plus finaude, car ces fantômes à quatre pattes sont capables de s'enfuir d'une salle à l'autre. Seul le Révéloscope permet de suivre leur trace, et mieux vaut ne pas trop traîner, le temps restant là encore (dé)compté. Néanmoins, c'est dans le mode Sprint que la pression du chronomètre devient carrément flippante, dans la mesure où le délai imparti pour atteindre la sortie est si restreint que l'on doit frénétiquement aspirer des fantômes en chemin, afin de grappiller de précieuses secondes. Ce mode s'avère le plus exigeant, notamment en matière de coopération, étant donné qu'il oblige tous les joueurs à se réunir pour passer au niveau suivant.

Multi Scream

Le rythme plus posé des autres disciplines autorise quelques errances, histoire de se refaire une santé ou de ramasser des espèces sonnantes et trébuchantes dans son coin. Venir à bout des ennemis les plus puissants requiert toutefois un véritable esprit d'équipe, en réanimant ses camarades ou en... croisant les effluves ! C'est là qu'entre en scène la notion compétitive, chaque joueur tentant de récupérer un maximum de revenants, et de revenus. La masse spectrale (exprimée en "Wouhous") et le butin déterminent ainsi le leader, récompensé en pièces d'or qui s'ajoutent à son pécule collecté en solo. Naturellement, la convivialité demeure l'intérêt majeur de cet aspect multi joueur, un habile mélange d'entraide et de concurrence qu'entretiennent les objets spécifiques à ces modes, tels que l'Aspiracoeur ou les Révélunettes. Ces bonus sont attribués au hasard entre chaque manche, pour peu que l'on parvienne à récupérer les quatre pièces rouges distillées à l'issue d'un niveau. Or certains douteront de la nature arbitraire de ce tirage au sort, de même que la pêche au spectre ne profite pas toujours à celui qui l'a ferré...

Il va sans dire que Luigi's Mansion 2 ne prétend pas rivaliser avec un Mario Kart dans ce domaine où il s'aventure pour la première fois concrètement, après l'expérience fort concluante de Nintendo Land, sa vocation se résumant avant tout à nous transformer en as de l'aspirateur spectral. Et en guise de supplément à sa quête ensorcelante, arpenter cette tour hantée avec des chasseurs de fantômes du monde entier permet de se sentir moins seul, une aubaine pour ce trouillard de Luigi !