Pourquoi diriger un héros de jeu vidéo quand on peut en diriger quatre ? Selon le genre, c'est une question plutôt anodine, mais pour un point & click, l'idée reste assez rare. Dans Resonance, vous manipulerez donc quatre personnages bien distincts : Ed, le mathématicien SAP (social awkward penguin, pour les non-redditors) ; Bennet, le flic bourru et vieux jeu ; Ray, le bloggeur/reporter/hacker ; et Anna, nièce du professeur Morales, un scientifique à deux doigts de mettre au point une technologie révolutionnaire... et très dangereuse.

Anti-alzheimer

En plus de multiplier les personnages jouables, Resonance offre un système de jeu assez unique, où certains éléments importants sont stockés automatiquement dans la « mémoire à long terme » pour être réutilisés plus tard durant les dialogues ou en interaction avec le décor. D'ailleurs tout ce qui peut être cliqué peut aussi être glissé dans la mémoire à court terme, ce qui permet par exemple d'interroger un PNJ à propos d'un truc qui se trouve ailleurs dans le jeu. Resonance propose donc un système très ouvert, qui décuple les possibilités et rend obsolète la méthode du « tout l'inventaire sur tout jusqu'à ce que je sois débloqué ».

- Sale Flic !
- Bloggeur !

Heureusement, les énigmes et les puzzles sont pour la plupart logiques. En faisant parler les quatre héros entre eux, on a vite fait de cerner ce qui doit être fait. Ça ne veut pas dire que ça sera facile, mais au moins ce n'est pas absurde. Oh, vous n'échapperez pas à des manipulations un peu abusées, ou à des objets un peu trop bien planqués dans le décor, ou encore à l'incontournable « crayon pour dévoiler ce qui a été écrit sur la page arrachée »... Mais en général les casse-têtes se montrent originaux et la difficulté reste bien maîtrisée et peu frustrante. En tout cas, on s'acharne pour dévoiler toujours plus l'histoire qui ne manque pas d'humour et de tragédie. Écrit avec intelligence, ce thriller SF tire quelques grosses ficelles et cache un ou deux trous scénaristiques, mais rien qui vienne gâcher le déroulement et les trois fins possibles.

Le prix de l'innovation

Les plus gros soucis par rapport à Resonance sont plutôt techniques. Déjà il semble impossible de changer la résolution, donc le look années 90 sur un 26 pouces en plein écran, ça fait un peu crado. J'aurai préféré mettre le jeu en fenêtré. Ensuite les animations ne sont pas terribles. Il me semble qu'un Monkey Island réussissait à rendre les personnages bien plus expressifs que ce qu'arrive à faire Resonance. Enfin, on aurait aimé des raccourcis clavier ou une meilleure méthode de gestion des personnages (pour passer rapidement de l'un à l'autre et plus facilement choisir qui suit qui...). Des défauts pas forcément énormes, mais qui peuvent le devenir quand on piétine sur une énigme.

Rien de tout cela ne devrait vous empêcher de vous procurer Resonance si vous êtes fans de point & clic, pour son scénar, ses personnages, son habilité à construire de grands moments de tension, mais aussi pour son humour, ses clins d'oeil, et même sa musique. Entre ça et Prometheus, c'est vite choisi.

Resonance est dispo en anglais depuis le 19 juin pour environ dix euros sur le site officiel du jeu, ainsi que sur GOG.com. Une démo est aussi disponible. En revanche, il faudra attendre un peu pour voir Resonance débarquer sur Steam.