Et avant de s'attarder sur sa ludothèque et ses fonctionnalités, c'est d'abord l'objet qui arrête le regard : aussi réduite que l'on pourrait l'imaginer, la PlayStation Classic respecte comme il se doit le design aussi saillant que reconnaissable de l'originale, allant jusqu'à faire figurer à l'arrière le clapet du port parallèle I/O responsable de tant de déviances à l'époque. Presque aussi légère qu'une plume, la console surprend par sa légèreté. Le plastique nous laisse espérer une meilleure durée de vie que l'originale, que tout le monde aura un jour réussit à faire tourner en la calant de travers le long de son meuble TV. Les trois boutons de façade ont été conservés presque tels quels : Power démarre logiquement la bête, Open permet de changer de disque lors le jeu l'exige, tandis que Reset vous renvoie sur le menu principal de la console.

La puissance au (croix - croix) carré

Les connectiques sont réduites à leur strict minimum, puisque l'on trouvera à l'arrière de la machine une prise mini-USB pour y loger la prise secteur (non-fournie avec la console), une prise HDMI pour faire jaillir de votre écran 4K des polygones d'un autre siècle, et deux ports USB traditionnels en façade, afin d'y accueillir les deux manettes belles et bien fournies, et qui laissent encore apparaître les deux ports Memory Card. Contrairement à la concurrence, Sony aura pensé au recul nécessaire qu'exigent aujourd'hui les écrans plats qui ornent désormais nos salons : avec 1,50m de longueur, les fils des manettes de la PlayStation Classic permettent de rester vissé bien au fond de son canapé, et c'est tant mieux.

Ces manettes, justement, parlons-en. Soucieux de s'en tenir à la version originale de sa première machine, Sony aura fait le pari de laisser la DualShock au vestiaire, pour nous ressortir le pad d'origine au nom poétique de SCPH-1010, que nous aurons largement eu le temps d'oublier. Exit, donc, les sticks analogiques et les boutons de tranche du même nom, c'est à un voyage dans le temps dont l'atterrissage pourrait s'avérer mouvementé que nous convie Sony. Si l'ergonomie de la manette reste relativement correcte, l'absence de stick oblige le joueur à user et abuser de la croix pas toujours très pratique de la PlayStation, surtout lorsque l'on commence à causer versus fighting. Les plus jeunes découvriront également que les boutons "L2" et "R2" n'ont pas toujours profité d'un design ergonomique au possible, mais le charme de la nostalgie semble être à ce prix. La nostalgie, c'est une fois de plus l'argument massue qui va peut-être justifier l'achat de cette console venue du fond des âges, et de ce point de vue, le contrat pourrait presque être rempli à peine la console mise sous tension : retravaillée pour s'adapter aux actuels standards d'images, le mythique lancement de la console hérissera à coup sûr le poil de n'importe quel joueur. Cet accord de sol resté gravé dans toutes les mémoires nous rappelle immédiatement à quel point l'arrivée du CD-Rom fut en soi une petite révolution.

Des options en option

Une fois le frisson de l'accueil passé, ce qui frappe l'esprit et la rétine, c'est le choix de l'habillage retenu pour les menus. Au potentiel étonnement des joueurs européens qui n'avait pas comme ce connard d'Angel le luxe de jouer en import, ce n'est pas le traditionnel menu gris et carré si raccord avec la machine qui a servi de modèles aux équipes de Sony, mais le très japonais et tendancieusement psychédélique Bios des tous premiers modèles commercialisés sur l'archipel. Le résultat n'est pas forcément des plus flatteurs, et aurait sans doute gagné à passer entre les mains d'un professionnel de l'interface, histoire d'apporter un peu de joie et de consistance à un menu qui en avait vraiment besoin.

Mais nous aurions peut-être pardonné cette attaque en règle contre l'harmonie des couleurs si l'interface nous proposait ensuite moult options de customisation, de filtres et autres paramétrages personnels qui auraient laissé à chacun le choix de la configuration lui séant le mieux : il n'en est rien. Limitées à un minimum plus que syndical, les quelques options proposées permettent de gérer l'alimentation, de configurer l'économiseur d'écran, de changer la langue de l'OS uniquement, ou de se taper le laïus obligatoire sur votre chère santé. C'est un peu court, jeune homme ! Heureusement, quelques fonctionnalités bienvenues viennent égayer le tout, comme la présence d'une Memory Card pour chacun des vingt titres, en plus de la sauvegarde rapide automatiquement générée par le bouton Reset. Une fonctionnalité aussi rapide qu'efficace, et qui permet de mettre en pause sa partie n'importe quand, si le besoin s'en fait brutalement sentir.

Pâles versions

Tous ces désagréments pourraient aisément être balayés d'un revers de la main si la sélection de vingt jeux triés sur le volet nous promettaient de longues heures de plaisir rétro comme à la bonne époque. Connue depuis belle lurette, la liste de la version occidentale de la PlayStation Classic brille par un certain sens du déséquilibre. Conditionnés par le choix des manettes dépourvues de stick, les vingt jeux ne brillent pas tous par leurs qualités ludiques. Si l'on comprend la volonté de rendre hommage au lancement de la console et aux titres l'accompagnant, on se demande assez vite ce que l'on va pouvoir bien faire d'un Battle Arena Toshinden aux mécaniques rongées par la rouille, ou d'un Destruction Derby désormais pénible à voir tourner.

Évidemment, la belle embarque tout de même son lot de perles, avec en tête de gondole le tiercé (dans le désordre) composé de Final Fantasy VII , Resident Evil Director's Cut et Metal Gear Solid, malheureusement ici proposées dans leurs versions anglaises non-traduites. Croyez-nous : jouer à Rayman en anglais, ça fait quand même quelque chose. Et si les esthètes de la langue de Phil Harrison se moqueront de cette mésaventure, ils riront sans doute moins en constatant que neuf des vingt jeux proposés le sont dans leur version PAL. Ainsi, Battle Arena Toshinden, Cool Boarders 2, Destruction Derby, Grand Theft Auto, Jumping Flash!, Oddworld: L'Odyssée d'Abe, Resident Evil Director's Cut, Tekken 3 et Tom Clancy's Rainbow Six tomberont à 25 fps et afficheront ces horribles barres noires que l'on pensait à raison disparues. Un choix sur lequel Sony devra à coup sûr rendre des comptes, tant il paraît aussi hors du temps qu'incompréhensible.

Just the two of us

Mais si quelques étoiles viennent éclairer le ciel de la PlayStation Classic, de nombreux titres emblématiques manquent très clairement à l'appel : comment s'imaginer les grandes heures de la console de Sony sans un WipEout ? Un Gran Turismo ? Un Tomb Raider ? Un Crash Bandicoot ? Faute de pouvoir télécharger des titres supplémentaires, il faudra se contenter de cette drôle de vingtaine de titres pour revivre le temps de quelques soirées en solo ou entre potes quelques-unes des belles heures de l'iconique 32-bits. Ce sera également l'occasion de constater une fois de plus que les polygones d'époque encaissent bien moins les ravages du temps que les pixels de la concurrence : si Tekken 3 ou Ridge Racer Type 4 peuvent se balader la tête haute, grâce à la maîtrise progressive de la bête du côté de chez Namco, Tom Clancy's Rainbow Six ou le très américain Twisted Metal risquent de vous faire choper une cataracte carabinée. Les rares jeux en 2D comme ce bon vieux Rayman s'en sortent à ce titre bien mieux, même si la compression vidéo des années 1990 pourra sans mal générer chez vous un rire nerveux empreint de gêne.

Côté multi, justement, la moitié du casting profite des deux manettes inclues avec la bête, une initiative à saluer, même si la liste fond comme neige au soleil lorsque l'on se penche sur le potentiel de rejouabilité et de fun en présence. Évidemment, Tekken 3 conserve la durée de vie quasi infinie d'un jeu de baston millimétré, Ridge Racer Type 4 fait des merveilles seules ou à deux, et Super Puzzle Fighter 2 Turbo ne vieillit pas dans ses mécaniques, mais il sera difficile de tenir le même discours en ce qui concerne le reste de la sélection, à savoir Battle Arena Toshinden, Cool Boarders 2, Destruction Derby, Intelligent Cube, Mr Driller, Tom Clancy's Rainbow Six et ce fichu Twisted Metal.

Passés l'évocation des souvenirs d'époque, la dure réalité vous sautera au visage sans crier gare, et même les potes de vingt ans finiront par se passer la manette sur un Metal Gear Solid bien plus plaisant à re-parcourir.

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EN RÉSUMÉ :

POUR LES COLLECTIONNEURS AVANT TOUT !

Pour son entrée dans la course des consoles rétro, Sony se prendrait presque les pieds dans le tapis. Si la PlayStation Mini profite du look et du démarrage iconique de l'originale, le choix de proposer les manettes d'origine empêche la ludothèque de prendre son envol. Avec l'impossibilité de modifier la vingtaine de jeux embarquée, même les joueurs les plus nostalgiques auront bien vite fait le tour de cette sélection qui alterne entre chefs-d'oeuvres intemporels et vieilleries déconfites. Quel que soit son budget, débourser une centaine d'euros pour jouer à Resident Evil, Final Fantasy VII et Metal Gear Solid en anglais, et parfois en version PAL s'avère bien cher payé. Et comment ne pas évoquer ici encore l'absence inexplicable de titres absolument iconiques comme Gran Turismo, WipEout ou encore Crash Bandicoot ? Objet de collection avant tout, l'achat de la PlayStation Classic est à conseiller aux collectionneurs fortunés qui ne feront pas de l'aspect ludique leur premier critère.

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ON A AIMÉ : ON N'A PAS AIMÉ :
  • Le design saillant de la console
  • Un concentré de nostalgie dès l'intro, mythique
  • Une fonction de sauvegarde automatique avec le bouton Reset
  • Une poignée de jeux cultes toujours passionnants à (re)découvrir
  • Deux manettes aux câbles plutôt généreux
  • Une sélection de jeux clairement déséquilibrée, aux nombreux absents
  • 2 jeux traduits en français, c'est bien peu
  • 9 jeux en version PAL, ça pique
  • Une interface très basique
  • Quasiment aucune option de personnalisation
  • Le prix, agressif
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FICHE TECHNIQUE :
  • Dimensions : 14,9 cm x 10,5 cm x 3,3 cm
  • Résolution : 720p ou 480p
  • Alimentation : 5V, 1.0A (minimum)
  • Sortie vidéo : HDMI
  • Prix constaté : 99,99€