Passons par-dessus ces quelques désagréments hardware pour plonger dans la sélection de 37 titres (listés ici-même) fièrement affichés sur la boîte de cette mini-borne : entre puzzle-game, shoot'em up, action et un peu de plate-forme ou de combat, les genres roi de l'arcade sont a priori bien représentés, l'ex-constructeur ayant pioché dans les nombreux systèmes ayant fait sa renommée : du Sega System 1 au 32 en finissant par le Model 1 et ses premiers polygones 3D, la sélection semble assez large pour couvrir avec un soupçon de nostalgie plus d'une décennie d'histoire.

Demandez le menu

Classés par ordre chronologique (un choix que l'on aurait aimé modifié tant il s'avère parfois bien peu pratique), les jeux de la sélection permettent donc d'avaler goulument dix ans de progrès techniques via un menu déroulant des plus simples. Une icône les classe en fonction de leur style, quelques visuels permettent de rappeler dans quoi nous allons mettre les pieds, et une fenêtre affiche si l'un ou l'autre des deux slots de sauvegarde sont ou non déjà utilisés. Deux, c'est bien, mais c'est aussi bien peu par rapport aux compilations de la concurrence. Gageons que la perspective de crédits infinis atténue la peine de ceux qui tenteront vraiment d'aller au bout.

Immanquablement, on retrouve les incontournables Altered Beast, Golden Axe, Fantasy Zone et autres Shinobi que nous n'aurons pas l'outrecuidance de vous présenter, mais que certains pourront pour la première fois découvrir dans leurs versions originales, très au-dessus de portages sur Mega Drive bien plus connus. Seul bémol : pour en profiter à deux, il faudra nécessairement investir dans la manette aux sensations moins fidèles, ou frôler l'indécence en optant pour le luxueux stick arcade à 179 euros, qui a au moins le mérite d'être utilisable sur PC.

Théâtre des variétés

Pour ceux qui n'auront pas connu le matériau d'origine, la découverte est forcément intéressante, mais vient rapidement l'heure de dérouler la liste, et d'aller picorer dans les titres plus obscurs, et parfois inédits : malgré la présence de l'anglais certains titres n'ont pas fait l'objet d'une traduction, un oubli assez rapidement contrebalancé par la nature évidemment très arcade de cette sélection. Quel dommage que le mapping des boutons, toujours figé, ne soit accessible qu'au lancement, tant certains titres l'auraient largement justifié.

Les amateurs d'histoire et autres curieux de passage prendront comme souvent plaisir à (re)voir les évolution technologiques et l'ingéniosité des programmeurs de l'époque : l'évolution de certaines séries s'offre à nous, et l'on assiste à la transformation progressive de Wonder Boy, de l'épisode original en passant par Monster Land (en japonais), pour finir avec le troisième épisode. Reste que la nature des titres - destinés à aspirer à l'époque de leur sortie les pièces de 100 yens - n'encourage pas forcément à voir s'éterniser les sessions : faute d'avoir un pote à disposition pour rendre les beat'em all plus festifs, l'envie d'essayer autre chose se faite rapidement sentir.

Les fonds de tiroir

Et c'est là que l'on peut décemment s'interroger sur l'étonnante sélection de jeux ici arbitrée : si l'on saluera les animations et textures incroyables (pour l'époque) d'Alien Syndrome, la technique osée d'Arabian Fight, ou le souci du détail de Rad Mobile, surtout connu pour avoir été le premier jeu à représenter un certain Sonic the Hedgehog avant son arrivée sur Mega Drive, la qualité dégringole bien vite. Même les amoureux des puzzle-games se demanderont par exemple s'il était bien judicieux de voir figurer deux Puyo Puyo et trois (!) Columns sur une seule et même borne. Vous l'aurez deviné : la réponse est non.

Entre un beat'em all très limité dans ses mécaniques (My Hero), le jeu de combat Dark Edge à la limite du supportable ou le très inclassable Ichidant-R, les jeux que l'on zappe trop rapidement s'enchaînent, et quelques shoot'em up de qualité comme Sonic Boom ou Scramble Spirit et sa gestion permanente de deux tirs souffrent immanquablement d'un écran 16:9 qui dessert leur scrolling vertical d'origine. Décidément, que de curieux choix. La présence du "mini-jeu" Dottori kun, destiné selon la version officielle à contourner une loi japonaise sur les cartes livrées sans jeu ravira sans doute quelques aficionados, mais qui jouera plus de cinq minutes à ce Pac-Man d'une folle redondance ? Dénoncez-vous.

C'est d'autant plus dommage que Virtua Fighter, qui conclut la sélection, fait des merveilles sur l'écran 4 pouces de l'Astro City Mini : l'arrivée d'une 3D lissée fait véritablement des merveilles, et l'on se demande alors... pourquoi ? Pourquoi SEGA n'a-t-il pas pioché dans son immense catalogue de jeux 3D de quoi rendre l'Astro City Mini vraiment désirable ? Avec des titres comme Hang-On, Sega Rally 2, Daytona USA, Scud Race, et j'en passe, il y avait tant à faire, sans même renégocier d'éventuelles licences. C'est avec ce sentiment d'étonnement et de regret qu'il faut se rendre à l'évidence : la fête est gâchée. C'est malin.

EN RÉSUMÉ

UN BEL OBJET TRES DISPENSABLE !

L'Astro City Mini avait tout pour ravir les amoureux d'un genre disparu : en surfant sur le succès d'une borne mythique, SEGA avait tout pour frapper fort, et prouver que l'ex-constructeur en avait encore sous le capot. Malgré un haut-parleur criard, la qualité et l'ergonomie de la borne feraient presque oublier son prix prohibitif. Malheureusement, la sélection de titres très bancale plombe le ressenti global : passées les (re)découvertes de classiques intemporels dans leurs versions d'origine, les titres dispensables s'enchaînent, sans parler des doublons difficiles à justifier. Sur le papier, les possibilités étaient folles, peut-être un peu trop. À trop négliger le fond au profit de la forme, SEGA rate encore le coche, et nous ne pourrons conseiller l'achat de l'Astro City Mini qu'aux collectionneurs un rien matérialistes et profitant d'une aisance financière certaine. Cela fait assurément bien des critères à remplir.

ON A AIMÉ : ON N'A PAS AIMÉ :
  • Une prise en main arcade très agréable.
  • Des versions arcade cultes de classiques intemporels.
  • Un écran de bonne qualité.
  • Deux slots de sauvegarde par jeu.
  • La qualité de l'émulation.
  • Un prix vraiment prohibitif.
  • Beaucoup de jeux vite expédiés.
  • Accessoires obligatoires pour en profiter à deux.
  • Aucun remapping possible, et peu de réglages proposés.
  • Le haut-parleur très décevant.