Beaucoup se sont essayés au style Free Roaming, popularisé par Grand Theft Auto. Des jeux aux vastes environnements, laissant un large degré de liberté aux joueurs et des moyens souvent multiples de foutre le boxon partout autour d'eux. Prototype n'est pas une exception à ces quelques principes de base, mais dans la peau d'Alex Mercer, les joueurs auront à leur disposition un arsenal de super pouvoirs particulièrement puissants.

"C'est un jeu pour adultes"

C'est ce que me lance Max Belanger, le producteur du jeu, alors qu'il commence à s'agiter à l'écran dans la peau d'Alex, courant de toits de voitures en buildings en explosant tout sur son passage, à la manière des Agents de Matrix sur une bretelle d'autoroute. La foule alentours a déjà tendance à fuir le théâtre de cette violence publique, alors que débarque l'armée américaine lancée aux trousses d'Alex. Incontestablement, il y a là largement de quoi faire un jeu mature. Mais le côté gore des pouvoirs d'Alex en rajoute une couche, quand on voit comme il découpe membres et corps comme du beurre. La démo est clairement axée action ; Alex est un personnage physique, dont l'agilité et la force surhumaines appellent nécessairement ce genre de gameplay. Néanmoins, Prototype ne se veut pas un simple jeu bac à sable où le joueur fout le boxon...

Les merveilles de l'ADN

"Alex est en quelques sortes la prochaine évolution du genre humain, une espèce supérieure", explique Max. Ses capacités extraordinaires tournent autour de son propre ADN, autant que de l'absorption de celui de ses victimes. Capable de modifier la forme de son corps, il peut entre autres changer ses mains en gigantesques griffes tranchantes, solidifier sa peau pour en faire une armure résistante même à des obus de char militaire, ou encore, plus subtilement, reproduire l'apparence de tout individu qu'il absorbe. A l'écran, Max s'approche d'une base militaire. Plutôt que de charger tête baissée au-delà du checkpoint surveillé par quelques soldats (ce qu'il pourrait tout aussi bien faire finalement), Alex cherche une cible intéressante à assimiler. Il la trouve en la personne d'un gradé marchant non loin de là. Une incursion rapide dans la base, les soldats s'affolent, Alex fonce sur le sergent et l'attrape au niveau du cou, puis s'enfuit avec sa proie en quelques bonds. De retour dans une ruelle désaffectée, il absorbe le corps et donc l'ADN du sergent, puis prend son apparence. L'objectif d'Alex, partie d'une des missions du jeu, est de détruire cette base militaire... de retour dans la peau du sergent, il passe le checkpoint sans problèmes, puis attrape une échelle et grimpe sur les toits alentours. "Ce qui est pratique avec ce sergeant, c'est qu'il a l'autorité pour appeler un airstrike", poursuit max, expliquant qu'Alex est aussi le nouveau propriétaire de la mémoire de sa récente victime. "Je vais appeler la frappe aérienne sur la base, c'est ce qu'il y a de plus simple", explique-t-il en pointant un faisceau sur le bâtiment principal de la base, qui ne tarde pas à recevoir les missiles ballistiques de destroyers en mouillage sur la côte toute proche. Heureusement que dans l'armée, on ne discute pas les ordres...

Conspirations et mystérieuses factions

Bien entendu, la destruction de cette base militaire s'inscrit dans une histoire dont Radical garde pour l'instant l'intrigue secrète. En plus des militaires et d'Alex, une troisième faction mystérieuse semble jouer un rôle important dans le scénario de Prototype : les infectés. Et ses premiers représentants sont particulièrement effrayants, lorsque sous mes yeux ils débarquent pour les besoins de la démo, au beau milieu du centre ville de New York (le théâtre principal choisi par le studio pour son jeu). Surnommés les "brawlers", cette espèce de chiens infernaux course Alex avec une violence et une agilité sans pareils. D'où sortent-ils exactement ? On l'ignore encore, mais ce qui est certain, c'est qu'ils ont eux aussi des capacités "Merciennes", offrant du même coup une opposition valable aux pouvoirs faramineux du héros. Il devra ainsi absorber des victimes pour se régénerer car bien qu'extraordinairement balaise, il n'en est pas moins mortel. Mais sa faiblesse la plus importante est sans aucun doute psychologique : incapable de se souvenir de ce qui lui est arrivé, Alex débute l'aventure en s'éveillant sur une table d'expérimentations, ignorant de son passé comme du reste. Il lui faudra donc, pour faire progresser l'histoire du jeu et recouvrer la mémoire, identifier puis localiser des individus importants, puis, en les absorbant un à un, reconstituer le puzzle de sa situation en même temps qu'acquérir de nouveaux objectifs. La toile des relations entre ces différents personnages spéciaux aidera le joueur à déterminer quoi faire, et à dénouer le scénario.

Beaucoup de questions

Prototype est un projet de grande envergure, qui a incontestablement besoin de se préciser sur de nombreux points. Techniquement, l'IA et la réalisation appellent une masse de travail faramineuse d'ici à la sortie, mais loin d'être effrayé par les défis que tout ceci soulève, Radical travaille même à l'inclusion d'un mode coopératif à deux joueurs, dans lequel le second incarnera une sorte de clone d'Alex Mercer, justifié par cet ADN si spécial qui lui donne toutes ces capacités. Déjà, le gameplay use et abuse d'animations contextuelles, à commencer par les sauts de cabri au milieu du trafic, gérés automatiquement par le moteur pour que le joueur se concentre surtout sur l'extrême vitesse du jeu et la direction suivie lors des courses poursuites de super héros qui ne manqueront pas d'être monnaie courante. Egalement illustrée par la démo, la possibilité offerte de s'emparer de véhicules de toutes sortes, tanks, hélicos, et autres joyeusetés, ajoute à la variété et aux possibilités... autant qu'au travail nécessaire pour boucler Prototype pour le troisième trimestre 2008. Nul doute que nous en découvrirons plus au cours de l'année à venir, mais Radical tient en tout cas là des bases assez solides et des idées plutôt intéressantes... Il nous reste à patienter en croisant les doigts pour que les fantasmes de cette première présentation prennent corps de la meilleure manière. Parce qu'être un badass surhumain lâché en plein New York, ça fait toujours grave envie...