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Le site américain Bloomberg rapporte la création et la signature par plus de 1.000 employés anciens et actuels d'Activision Blizzard (à l'heure où sont écrites ces lignes) d'une lettre adressée à la direction de l'éditeur américain. Selon Bloomberg, cette lettre a circulé en interne hier, lundi 27 juillet, et a rapidement reçu de très nombreuses signatures.

À en croire le texte de cette lettre, disponible ci-dessous, les employés de la firme de Bobby Kottick ont été poussés à prendre la parole par la réaction de la direction d'Activision Blizzard au procès intenté la semaine dernière par le département de l'emploi équitable et du logement californien. Selon les employés de l'éditeur, cette réaction est inacceptable :

À la direction d'Activision Blizzard,

Nous, soussignés, sommes d'accord avec le fait que les déclarations d'Activision Blizzard, Inc. et leurs conseillers juridiques en ce qui concerne le procès du DFEH, ainsi que les déclarations en interne de Frances Townsend qui ont suivi sont à la fois odieuses et insultantes vis-à-vis de ce que notre société devrait représenter selon nous. Pour dire les choses clairement et sans équivoque, nos valeurs en tant qu'employés ne sont pas correctement reflétées par les mots et les actions de notre direction.

Nous croyons que ces déclarations ont porté préjudice à notre quête en cours pour l'égalité au sein comme à l'extérieur de notre industrie. Catégoriser les affirmations faites comme étant "déformées et, dans de nombreux cas, fausses" crée une atmosphère d'incrédulité vis-à-vis des victimes au sein de la société. Cela laisse également planer le doute quant à la capacité de notre entreprise à tenir pour responsables de leurs actions les auteurs d'abus ainsi qu'à cultiver un environnement sécurisé qui permettra aux victimes de s'exprimer à l'avenir. Ces déclarations montrent clairement que notre direction ne place pas les valeurs avant le reste. Des rectifications immédiates sont requises de la part du plus haut niveau de notre entreprise.

Les responsables de notre entreprise ont clamé que des mesures seront prises pour nous protéger. Mais face à une action en justice, et aux réponses officielles troublantes qui en ont découlé, nous ne croyons plus que nos dirigeants placeront la sécurité des employés devant leurs intérêts personnels. Affirmer qu'il s'agit ici d'un "procès véritablement sans mérite et irresponsable" tandis qu'il est possible de voir tant d'employés actuels et anciens raconter leurs propres expériences en matière de harcèlement et d'abus est tout simplement inacceptable.

Nous demandons des déclarations officielles qui reconnaissent le sérieux de ces accusations et qui montrent de la compassion pour les victimes de harcèlement et d'agressions. Nous demandons à ce que Frances Townsend respecte sa parole et démissionne de son poste de sponsor exécutif du ABK Employee Women's Network en raison de la nature préjudiciable de sa déclaration. Nous demandons à l'équipe dirigeante de travailler avec nous sur des initiatives à la fois nouvelles et significatives dont le but est d'assurer que les employés, ainsi que notre communauté, disposent d'un endroit protégé où se faire connaître et témoigner.

Nous soutenons tous nos amis, partenaires, collègues ainsi que les membres de notre communauté dévouée qui ont subi de la maltraitance ou du harcèlement de toutes sortes. Nous ne serons pas réduits au silence, nous le laisserons pas faire et nous n'abandonnerons pas tant que l'entreprise que nous aimons n'est pas un lieu de travail dont nous ne pouvons pas à nouveau être fiers. Nous incarnerons le changement.

La balle est dans le camp de la direction

Comme indiqué dans cette lettre, la direction d'Activision Blizzard a contesté en interne la légitimité des accusations dans les heures qui ont suivi l'annonce du procès à l'initiative de l'État de Californie.

Au cours des derniers jours, les témoignages faisant état de problèmes de harcèlement sexuel, de misogynie, de sexisme, d'abus divers et autres maltraitance au sein d'Activision Blizzard se sont cependant multipliés.

À la publication de cet article, la direction du groupe américain n'a pas repris la parole officiellement (ni publiquement, ni en interne). Deux possibilités existent : soit elle prépare avec ses avocats une contre-attaque du même esprit que les réponses émises jusqu'à présent, soit elle va changer son fusil d'épaule et se montrer plus à l'écoute de ses employés d'hier et d'aujourd'hui.

Que pensez-vous de cette lettre ouverte ? Va-t-elle suffire à faire bouger la choses ? Quelle va être la réaction de la direction d'Activision Blizzard selon vous ? Donnez-nous votre avis dans les commentaires ci-dessous.