La console favorite de tous les amateurs de jeux de rôle à la japonaise accueille le nouvel épisode d'une série qui a su s'imposer comme une référence d'un genre pointu et généralement réservé aux joueurs les plus chevronnés : le tactical-RPG, par une accessibilité qui lui permet de séduire tous les publics. Reprenant l'univers enchanteur de Final fantasy 12, Ivalice, ce nouvel épisode tient-il toutes ses promesses ? 

Si la plupart des représentants du jeu de rôle tactique arbore un design sobre et mesuré, ce Final Fantasy Tactics propose un univers et des personnages colorés à souhait. Ces derniers reprennent la patte artistique propre à l'univers d'Ivalice, avec un look manga et farfelu de très bon goût. Dommage que la DS ne puisse pas reproduire aussi fidèlement les protagonistes sur le champ de bataille, qui se retrouvent réduits à quelques pixels bariolés, qui se ressemble en plus parfois beaucoup. C'est justement l'absence d'uniforme pour vos troupes, acclamée ci-dessus, qui est source d'une lisibilité finalement plutôt moyenne dans certains cas, chose renforcée par les écrans assez petits de la console de Nintendo. Les décors sont par contre fins et détaillés, tous en restant fidèle à l'univers duquel ils sont tirés, mais restent trop peu nombreux. Ainsi, et malgré une grande diversité de celles-ci, les cartes deviennent vite redondantes, ca qui pourra lasser certains joueurs, agacés de faire plusieurs affrontements sur le même champ de bataille. Les effets des actions des personnages sont souvent sommaires mais agréables à regarder, tous comme les animations, quoique un peu justes parfois. 

On laisse de côté les compositions symphoniques et épiques propre aux Final Fantasy classiques pour des mélodies en somme assez rythmées, entrainantes et joyeuses. Leur petit nombre lassera cependant le joueur, ainsi que leur relative répétitivité. Elles sont donc loin de jouer un rôle prépondérant dans l'immersion vis-à-vis de l'action. Les bruitages sont assez sommaires, bien qu'éfficaces. 

L'ambition première du jeu est de divertir aussi bien les puristes que les néophytes, ce qui explique le manque de profondeur de jeu. Avancer, lancer des sorts, frapper au corps à corps, etc, tout ce fait sans prise de tête. Quelques subtilités sont quand même de la partie. Par exemple, attaquer un ennemi dans le dos lui infligera plus de dégâts qu'une attaque frontale. Mais on est loin des systèmes alambiqués d'un Fire Emblem. Ici, le côté stratégique se résume à une tactique d'ensemble, et non à une attaque longuement planifiée. Côté maniabilité, le stylet peine à convaincre, avec une précision qui n'est pas toujours au rendez-vous. Avec les boutons, tout devient bien plus agréable, même si certains problèmes persistent, notamment la carte du monde, globalement mal pensée. Les nouveautés de l'épisode, à savoir le contrôle de territoires, la customisation des armes et le système de classe de personnages sont de surcroît trop peu exploitées. De bonnes idées, maispas assez mises en valeur par la progression dans le jeu. Le tout remplit donc son contrat, avec entre autre un système de jeu équilibré, mais reste perfectible, et décevra les férus du genre à cause de son approche basique du jeu tactique. 

Carton rouge pour Square, qui nous livre une histoire enfantine, peu intéressante et surtout bien loin du scénario complexe et sombre des anciens Final Fantasy Tactics. Un changement d'orientation de la série qui se fait donc dans la douleur, surtout que la trame scénaristique est vite éclipsée et oubliée. Le personnage principal n'a rien d'attachant, et la plupart des autres protagonistes sont stéréotypés, l'ensemble baignant dans une naïveté désolante. Pourquoi donc un univers rose bonbon ? On se retrouve avec un classicisme et une niaiserie rageants. 

C'est un vrai plaisir de fouler à nouveau les terres d'Ivalice, qui se dévoilent tous au long du jeu. Si l'histoire inintéressante rend difficile l'implication du joueur, l'univers proposé par le soft corrige le tir. On se plait à parcourir ce monde chatoyant, même s'il reste assez mystérieux, la faute à des déplacements gérés via une carte sans saveur. Dommage donc que l'univers de Final Fantasy 12 ne soit pas mieux exploité, car il y avait matière à réaliser un grand coup, que l'on attend tout au long de l'aventure, mais qui ne vient finalement pas... 

Plus de 300 missions pour un plaisir sur la longueur. De nombreuses quêtes vous attendent, aux objectifs divers. La quantité de choses à faire est véritablement ahurissante. Cependant, la difficulté s'est fait la malle. C'est pourquoi les amateurs resteront peut être sur leur faim. Ceux qui recherche une aventure plus corsée peuvent toutefois commencer le jeu dans un niveau de difficulté supérieur, pour plus de challenge. Du tout bon, mais pas de mode « multijoueurs »... 

CONCLUSION : 

On tient là une production originale, qui change des nombreux remakes présents sur Nintendo DS. Le jeu se parcourt facilement et sans accro, mais peine à remplir son contrat au niveau de la profondeur de jeu et son scénario, qui destine le soft plus particulièrement aux débutants et au jeune public, même s'il vous faudra une bonne dose de temps et de patience pour voir le bout d'une aventure surprenante, pas toujours mise en valeur, mais qui joue son rôle de parfait divertissement. Reste que la concurrence est rude sur la console au double-écran made in Nintendo.