Pour les lapins crétins, la lune c'est comme un lampadaire en plus gros : un endroit doux et chaud pour faire un somme. Un havre de paix, loin de toute l'agitation qu'ils provoquent. Alors, lorsque l'un d'eux décide de rallier le satellite au moyen d'une tour d'ordures, ça connecte direct dans leurs petits cerveaux surchauffés. Et la fanfare des rongeurs décide de tout mettre en œuvre pour aider les valeureux lapins chargés de piller la ville des humains. Armés de leur musique et de peinture, ils vont tracer des itinéraires dans les rues et sur les toits, s'infiltrer dans les hôpitaux, transformer les toilettes publiques en piste d'atterrissage pour déchets, martyriser des vaches (un running gag bien connu des fans de la série) et récupérer tous les trucs accumulés par leurs émissaires. Ces deux lapins aux looks improbables, juchés sur un caddie roulant, vont relever tous les défis pour ramasser un maximum d'objets, et transformer un honnête jeu d'aventure en cocktail explosif.

Un gros tas d'idées

The Lapins Crétins : La Grosse Aventure a cette
capacité à faire progresser très régulièrement et sans accroc la complexité de
son jeu. La prise en main extrêmement classique des premiers instants se voit
peu à peu étoffée de nouvelles possibilités, à mesure que la difficulté des
niveaux augmente. Ainsi, si les premiers chapitres consistent surtout à passer
à toute vitesse sur des objets pour les ramasser, à crier sur les civils pour
les dépouiller, ou encore à lancer le lapin caché dans la Wiimote sur certains barrages,
les lapins vont peu à peu rencontrer des obstacles plus épineux. Des robots nettoyeurs, des hommes dissimulés
dans des combinaisons et armés de répulsifs, des pièges de plus en plus
sophistiqués à mesure qu'ils envahissent de nouvelles zones, viennent leur
barrer la route. Les rongeurs développent
de nouvelles capacités pour répondre à ces menaces, et c'est la manière de
jouer qui s'en trouve modifiée. Sous son design naïf, c'est la richesse du jeu
qui surprend : des courses contre la montre, des descentes à toute allure,
des combats contre des lance-missiles ou encore des parcours du combattant aux
très nombreuses embûches. Si les plus jeunes apprécieront d'être accompagnés
tout au long de leur périple, les vétérans s'enthousiasmeront pour l'évident
savoir-faire des équipes qui sont derrière ce titre d'une qualité ludique remarquable.

Si lapins, si humains

Assez étonnamment, ce jeu vidéo complètement loufoque dans lequel on incarne un duo de rongeurs délinquants tend à transmettre un certain nombre de valeurs positives. Écoutez sa musique entrainante et chargée d'optimisme, aux accents tsiganes. Il faut savoir qu'elle est directement issue du répertoire centenaire que joue une fanfare moldave, dans un des villages les plus pauvres de Roumanie. Et c'est à travers un jeu vidéo que nous découvrons une culture musicale si lointaine ! Mais les lapins ne s'arrêtent pas là. On l'avait déjà noté dans nos impressions, derrière l'action effrénée se profile une critique légère mais pas niaise de notre société aseptisée. Des supermarchés et leurs discours consuméristes, aux consignes de sécurité frisant la paranoïa qui ont court dans les aéroports, de nombreux éléments de notre quotidien se trouvent ainsi gentiment parodiés. Des messages vocaux résonnent dans tous les niveaux du jeu pour rappeler aux humains trouillards et insignifiants quels sont leurs devoirs. Et les misérables créatures ne sont pas celles qu'on croit, lorsque les rongeurs clochardisés prennent le pouvoir sur les consommateurs désemparés qui crient "je suis insignifiant" en espérant qu'on leur fiche la paix.

Décidément plein de surprises, The Lapins Crétins : La Grosse Aventure offre en marge de sa quête principale des à-côtés savoureux, comme la personnalisation de ses lapins et une chaine Wii pour exposer ses plus belles créations. Ce jeu vidéo inspiré s'adresse certes aux plus jeunes, mais sa réalisation aux petits oignons et son humour très second degré ont de quoi impressionner les vieux routards du pixel.