Première mandale, premier constat : Danny Trejo (Une Nuit en Enfer, Predators, etc.), l'acteur à la gueule d'amour, a beaucoup donné pour jouer le rôle d'entraîneur dans cette compétition de combats de rues. Peine perdue, une traduction française ridicule et l'apparition récurrente du Move dans les cinématiques explicatives cassent l'ambiance et les jeux de l'acteur. Heureusement, le tout est relevé par une réalisation plus que correcte et un design des personnages et des décors travaillés. Personnellement, j'ai apprécié mais ce style ne plaira pas à tous. A mi-chemin entre le glauque et le gangsta, le tout séduira sûrement les amateurs d'univers Rap particulièrement sombres à des années lumières des clips "bling bling" du moment. Enfin, on clôt ce passage sur la réalisation en soulignant la "dégradation" en temps réel des visages des personnages en combat, fort agréable et plutôt bien fichue.

Move in your face !

Le concept de base, vous le connaissez. Un Move dans chaque main, vous frappez dans le vide pour déclencher des coups retranscrits instantanément sur votre téléviseur. Si l'idée est séduisante, il est préférable d'avoir deux Move pour jouer dans de bonnes conditions. Notez, par ailleurs, qu'il est possible de combattre avec une manette et un Move si votre budget est limité. Avec la manette en main gauche et le Move dans la main droite, The Fight reste jouable mais perd énormément en confort et en précision. En effet, la détection est nettement moins tolérante dans ce cas là. Vous voilà prévenu. Partons donc du principe que vous avez l'équipement adéquat et que vous avez envie de suer. Tout d'abord, sachez que l'on ne doit jamais déplacer les jambes, sous peine de se désynchroniser avec la caméra. Notez ensuite que les deux Move doivent être recalibrés entre chaque combat. De quoi largement freiner l'immersion et casser, encore une fois, l'ambiance. Côté déplacements, c'est en pressant un bouton et en orientant légèrement le Move droit que l'on voit son avatar se mouvoir. On s'y fait mais difficile de réellement s'y croire dans ces conditions.

Au coeur du Fight

Dans le feu de l'action, les coups sont vraiment bien retranscrits à l'écran. On est même étonné de voir que l'on peut caser une droite en faufilant son poing au travers de la garde de l'adversaire. Chaque attaque est parfaitement reproduite et permet de surprendre l'ennemi en contournant sa défense. Attention, cela vaut aussi pour vous et il faut impérativement apprendre à contrer votre challenger si vous voulez survivre dans ce monde de brutes. Tous les coups sont permis, crochets, uppercuts, directs, etc. De quoi suer en seulement quelques minutes de jeu... De plus, The Fight propose aussi un peu de subtilité au travers de coups spéciaux. En effet, on apprend très vite des mouvements particuliers, à réaliser en combinant les Move et un ou deux boutons (coup de coude normal ou perforant, coup du marteau, prise au corps à corps, coup de boule, etc.), qui viennent étoffer votre style de combat. Bienvenus, ils ont tendance à diversifier vos attaques et à faire pencher la lutte en votre faveur s'il sont placés au bon moment. N'en abusez pas pour autant, sans quoi la barre d'endurance diminue à vitesse grand V, vous laissant plus vulnérable aux assauts ennemis. Bref, il y a quelques subtilités qui, étonnamment, sont suffisantes pour rendre les combats intéressants. Pour être honnête, je me suis même surpris à enchaîner les joutes sans réellement pouvoir m'arrêter. Preuve que l'immersion fonctionne pour peu que l'on affectionne de se castagner de manière virtuelle en gigotant dans tous les sens.

Fight Club

Sans proposer un scénario particulier, The Fight fait de vous un fighter moderne des bas fonds cherchant la gloire et l'argent. Chaque étape de la centaine d'affrontements disponibles est l'occasion d'apprendre de nouveaux coups, de vous soigner pour éviter les blessures graves, de déverrouiller de quoi customiser votre avatar (créé de toutes pièces) ou encore d'améliorer vos capacités via certains exercices, que je reconnais néanmoins peu inspirés. Enfin, à vous de voir si vous désirez vous battre à la loyale ou non en utilisant certains coups spéciaux, extrêmement puissants mais illégaux. A force d'en faire usage, vous perdrez en cote de popularité ce qui fait gagner moins d'argent mais permet de mieux s'en sortir face à certains adversaires particulièrement agressifs. The Fight propose donc réellement quelques raffinements, que l'on apprécie vraiment dans les niveaux de difficultés élevés et qui demandent une certaine patience et pas mal d'entraînement. En effet, certains gaillards, notamment le boss, font preuve de finesse et savent bien se battre. A vous alors d'utiliser vos poings, mais aussi votre tête, pour réagir au bon moment afin de les envoyer au tapis. Preuve, encore une fois, que The Fight ne propose pas seulement de taper bêtement et que la marge de progression est finalement assez grande.

Fight Online

Dernière option du jeu, le multijoueur en écran splitté, ou en ligne, offre aussi de belles sensations. A deux, face à l'écran, le danger d'en mettre une à son voisin est bien réel alors méfiez vous. En ligne, le plaisir est au rendez-vous aussi, même si les combats souffrent toujours des mêmes problèmes de jouabilité. On ne peut pas bouger les jambes, il faut constamment recalibrer les Move et si on met les coups spéciaux à part, les frappes de base (les plus communes) manquent cruellement de puissance à l'écran. Et ceci même si on tente d'accélérer ses vrais mouvements. C'est d'ailleurs le plus gros défaut du jeu, le rendu est finalement trop mou...

Après le K.O, la déception

Je ne vais pas vous mentir, j'ai pris pas mal de plaisir en pratiquant The Fight. J'adore l'idée de pouvoir jouer sans manette dans un jeu de combat et le travail de Sony mérite, quelque part, le respect. Malheureusement, ce premier titre du genre sur PlayStation 3 est entâché de pas mal de problèmes. Le pire de tous : la mollesse du rendu de la plupart des coups à l'écran et le manque de dynamisme des combats en général. Un jeu de baston ne peut pas, aujourd'hui, être aussi mou ! Ensuite, les combinaisons de boutons, le fait de ne pas pouvoir bouger les jambes et le calibrage constant des manettes PS Moves freinent énormément l'immersion. Enfin, aucune des caméras proposées en combat n'est réellement satisfaisante. La vue est constamment handicapée par le corps de votre guerrier. Il aurait été tellement plus simple de le rendre transparent lorsque cela était nécessaire pour gagner en visibilité.

The Fight se révèle donc comme une première mise en bouche des titres de combat à venir et il faut bien admettre que je me suis pris au jeu malgré des défauts particulièrement gênants. Mais le pire dans tout ça, c'est que si l'on achète The Fight, c'est pour vraiment avoir l'impression de se battre. Au final, il y a tellement de bornes à respecter (pour éviter la désynchronisation notamment) qu'on a l'horrible sentiment de ne pas pouvoir faire ce que l'on veut. C'est donc extrêmement décevant pour un jeu qui prône la liberté de mouvements... Je termine en ajoutant que The Fight n'est clairement pas accessible. Il s'adresse même plutôt aux joueurs hardcore qui auront le temps de s'investir pour réellement le décortiquer. Pour être clair, impossible de faire jouer un habitué et un amateur ensemble, sous peine de voir le débutant se faire dérouiller sévère !