Difficile de ne pas ressentir une vague de nostalgie en revoyant Oblivion. C’est un jeu qui, pour beaucoup, évoque un souvenir, très nostalgique. Pour moi, c’était ce matin de mars 2006, au collège, lorsqu’un ami, les yeux brillants, me parlait de ce monde peuplé d’orcs et d’elfes, où l’on lançait des sorts dans des forêts presque réelles. Un choc encore gravé aujourd’hui, et qui rend cette version Remastered assez excitante. 

Un renouveau graphique pour Oblivion, pour le meilleur ?

Ce qui est certain, c’est que dès les premières minutes, The Elder Scrolls Oblivion Remastered impressionne par son travail graphique. Grâce à l’utilisation de l’Unreal Engine 5, le jeu affiche désormais des textures bien plus fines, des effets de lumière dynamiques et un ciel vibrant, qui redonnent vie aux paysages de Cyrodiil.

Les forêts baignées de lumière, les reflets sur les rivières, les villes majestueuses émergeant au loin sous un ciel éclatant.Tout a gagné en richesse,en profondeur et  même les petits détails frappent. On distingue désormais les rayons du soleil filtrant à travers les arbres ou encore les motifs du sceau d’Akatosh ornant les égouts de la prison impériale.

TEST Oblivion Remastered

Des personnages plus détaillés... mais toujours aussi étranges

Virtuos ne s’est pas contenté de retravailler les décors. Les visages des personnages ont aussi eu droit à un vrai coup de neuf. Barbes, cheveux, textures de peau… tout est bien plus détaillé, jusqu’aux pores du visage. Mais malgré ce lifting impressionnant, l’étrangeté typique d’Oblivion reste bien là. Les expressions figées, les sourires un peu inquiétants et les dialogues rigides rappellent immédiatement l’époque d’origine. Si les fans de la première heure retrouveront avec plaisir ce charme un peu rétro, les joueurs plus récents, notamment ceux qui ont découvert la série avec Skyrim, risquent de trouver l’ensemble étrange, voire daté. Ce mélange entre graphismes modernisés et animations figées pourrait clairement dérouter. De notre côté, ce ne fut pas spécialement un problème. 

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Entre modernité et nostalgie visuelle

Ce qui surprend, c’est l’équilibre que Virtuos a essayé de trouver. Oblivion Remastered ne cherche pas à tout transformer pour répondre aux standards de 2025. Il conserve l’aspect un peu brut et cette ambiance légèrement irréelle de l’original, tout en apportant un vrai coup de polish.

Mais ce choix a un prix et certaines bizarreries visuelles, reflets étranges, ombres instables, chargements longs, rappellent que la source de base a ses limites. Et même si cela participe à l’identité du jeu, on sent parfois que le remaster lutte contre l’âge du matériau d’origine. Visuellement, le résultat reste impressionnant. Cyrodiil n’a jamais été aussi beau, mais ce n’est pas une refonte totale. C’est plutôt un embellissement, respectueux, mais qui n’efface pas les angles rugueux. Ceux qui n'ont pas connu le jeu en 2006 risquent d'être surpris. Malgré ses qualités indéniables, Oblivion Remastered n'est pas un jeu à mettre entre toutes les mains. 

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Un gameplay amélioré mais qui trahit l'âge d'Oblivion

Si la refonte graphique de Oblivion Remastered saute immédiatement aux yeux, le travail sur le gameplay mérite aussi qu’on s’y attarde. L’objectif n’était pas de tout changer, mais d’ajuster sans trahir l’expérience d’origine, rappelons-le, il s’agit d’un remaster, pas d’un remake.

Sur ce point, Virtuos a fait preuve d’une certaine retenue, peut-être un peu trop diront certains.  Premier ajout notable, la touche de sprint. Un détail en apparence, mais qui change vraiment le rythme des déplacements et rend les longues traversées de Cyrodiil bien plus agréables. Surtout avant d’avoir un cheval.

Autre amélioration, quelques nouvelles animations d’attaque, censées donner plus de dynamisme aux combats. Les affrontements restent toutefois très proches de ceux de 2006, avec ce manque d’impact toujours aussi perceptible. Frapper, bloquer, reculer…  le schéma est le même, avec une sensation de rigidité qui trahit l’âge du gameplay.

Certes, les ennemis réagissent un peu plus aux coups (grimaces, reculs, chutes), et le tir à l’arc a été fluidifié, ce qui rend le combat à distance plus plaisant. Les effets de sang ont aussi été revus, apportant un soupçon de brutalité bienvenue. Mais dans l’ensemble, le ressenti des coups reste un peu trop faible, surtout quand on sait que des efforts ont été annoncés sur ce point. Insuffisants, donc, pour vraiment moderniser les sensations. C’est dommage, car quelques ajustements supplémentaires auraient suffi à donner un vrai coup de fouet à ces mécaniques vieillissantes.

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Un système de progression plus souple mais encore perfectible ?

L’un des reproches les plus fréquents adressés à Oblivion à l’époque concernait son système de progression, parfois perçu comme injuste. Le jeu reposait sur un principe simple mais problématique. Le passage au niveau supérieur dépendait uniquement de l'amélioration des compétences majeures, choisies au début de l’aventure.

Le souci, c’est que ces compétences pouvaient progresser sans forcément rendre le personnage plus fort en combat. Par exemple, améliorer l'Acrobatie ou la Discrétion faisait monter en niveau, mais ne renforçait ni la résistance, ni les dégâts infligés. Pendant ce temps, les ennemis, eux, gagnaient en puissance à chaque niveau. Résultat ? Un personnage mal optimisé devenait rapidement trop faible face à des adversaires de plus en plus dangereux, ce qui pouvait mener à des situations de blocage.

Dans Oblivion Remastered, Virtuos a conservé le principe des classes et des compétences majeures, mais le système de montée en niveau a été revu, s’inspirant davantage de ce que proposait Skyrim. Le niveau global du personnage est désormais davantage basé sur la pratique réelle des compétences dans leur ensemble. Cela rend la progression plus souple.

En revanche, le "level scaling" des ennemis, c'est-à-dire leur capacité à s'adapter au niveau du joueur, est toujours présent. Ce système, aussi souvent critiqué à l'époque, n'a pas été profondément repensé. Toutefois, grâce à une montée en niveau plus souple et mieux équilibrée, les affrontements semblent globalement mieux calibrés dans les premières heures de jeu. Cela ne règle pas entièrement les limites du système. Les ennemis continuent parfois de devenir plus puissants, ce qui peut parfois atténuer la sensation de progression. Mais bien moins qu’à l’époque.

Une vue à la troisième personne optimisée

Autre amélioration discrète mais appréciable, la caméra à la troisième personne a été largement retravaillée. Dans la version originale, cette vue était rigide, peu pratique et souvent inconfortable en combat. Désormais, elle offre une perspective plus fluide et mieux cadrée, rendant les déplacements à travers Cyrodiil beaucoup plus agréables.

Cette amélioration ne se limite pas à un simple ajustement de l’angle de vue. Le réticule d’attaque a été repensé, les animations retravaillées pour rendre l’expérience plus naturelle. Même si la vue à la première personne reste la manière la plus immersive de vivre l’aventure, la troisième personne devient enfin une vraie alternative crédible. 

Une exploration comme à l’époque pour Oblivion

L’exploration, elle aussi, conserve cette structure un peu étrange typique des RPG occidentaux du milieu des années 2000. À savoir des zones parfois vastes mais vides, où l'on peut marcher longtemps sans croiser grand-chose. Pas beaucoup d’animaux, des adversaires qui se font finalement assez rares, pas beaucoup de PNJ qui vivent leurs vies…Pour les nouveaux venus, la découverte risque d'être assez brutale. En effet, habitués aux RPG modernes, plus fluides, plus denses, plus scénarisés, certains risquent de trouver l’expérience datée, parfois maladroite, et même, à certains moments, un peu creuse. Le jeu demande du temps, de la patience, et surtout une certaine tolérance pour ses défauts historiques. Virtuos et Bethesda ont fait le choix de ne pas lisser Oblivion pour le rendre "mainstream". 

Ils ont préféré respecter son âme, quitte à laisser de côté une partie du public plus jeune, ou habitué à des standards modernes plus exigeants. Oblivion Remastered n’a donc pas vocation de parler à tout le monde. Il est une lettre d’amour aux anciens, un hommage à une époque du jeu vidéo où l’ambition débordait parfois sur l’imperfection. Un fragment de 2006, brillamment dépoussiéré mais qui n’en fait clairement pas pour autant un jeu de 2025.