Stéréotype de l'apprenti sorcier, Flint est un jeune homme qui a soif d'aventures et veut étoffer ses talents de magicien, quitte à faire quelques gaffes au passage. Ce sorcier débutant est chaperonné par Erline, une belle chatte blanche à grandes oreilles qui possède le don de parole et quelques secrets. Les choses sérieuses vont commencer pour ces deux-là, alors que revenus de la tanière de la Banshee aux cris redoutables et effrayants, pour s'y procurer de la poussière de tombe (le lieu où vous apprendrez tous les mouvements de base), la ville est envahie et saccagée par des gobelins envoyés par la reine Cauchemar...

A l'école buissonnière des sorciers

Suivant le schéma classique du conte initiatique, Sorcery s'adresse en premier lieu aux enfants. En effet, la violence et la peur y sont mesurées et les dialogues intégralement doublés en français entre Flint et sa compagne féline, ne laissent aucun doute sur le public visé, le héros étant bien entendu intrépide et arrogant, la chatte bien plus sage et prudente. Cependant, avec nos yeux d'adulte, on est agréablement surpris par le soin apporté à la conception des décors et même à la trame de fond du scénario qui reprend des thèmes très classiques de l'heroic fantasy, une guerre entre elfes et humains, mais qui est assez développée pour qu'on l'envisage avec bienveillance. Sorcery bénéficie également de très jolies mélodies. Le seul bémol est peut-être finalement la modélisation des deux personnages principaux, un peu ratée. Ils font en effet un peu tâche dans une réalisation plutôt propre. L'inertie du héros est aussi un peu étrange, élastique et désagreable.

A bras cadabra

Mais l'essentiel est finalement qu'on ait le sentiment d'incarner un sorcier, PS Move en main (et une manette de navigation dans l'autre), avec nos bras qui s'agitent dans tous les sens. Eh bien, figurez-vous que c'est plutôt réussi. Si le PS Move est un peu à la ramasse en terme de précision parfois, la grande permissivité de l'ensemble permet de trouver un équilibre satisfaisant. Les mouvements sont assez simples : on attaque d'un petit coup sec pour envoyer une boule magique, on dessine une spirale dans l'air pour reconstruire un pont cassé, ouvrir un coffre vérouillé, on agite puis on porte le PS Move vers sa bouche pour boire une potion. Le fait de pouvoir donner un effet "slicé", comme au tennis, pour ces petites boules magiques est aussi un mouvement agréable, bien vu. Evidemment, les compétences du jeune homme s'étofferont au fil de l'aventure vous octroyant des pouvoirs de glace, de feu, de vent, que vous pourrez même combiner, une possibilité qui donne encore un peu de profondeur de jeu même si finalement la liste des mouvements à effectuer reste assez sommaire.

1 œil de corbeau, 1/2 litre de venin, 200 g de verrues...

Et puis tout sorcier qui se respecte se doit aussi de maîtriser l'art des potions. C'est le cas de Flint qui pourra en concocter grâce aux différents ingrédients qu'il aura trouvés en explorant les alentours, ou qu'il se sera procuré auprès d'un marchand contre quelques pièces d'or. Ces potions lui conféreront des capacités spéciales. Ses coups seront par exemple plus puissants ou alors sa barre de mana ne se déchargera plus pendant un certain laps de temps. Un petit truc en plus qui permet encore de gagner en profondeur de jeu. Mais le souci, c'est que malgré une utilisation correcte du PS Move, un soin particulier porté au décor, aux environnements et à la narration, Sorcery souffre d'une grande répétitivité. Et cela se ressent dès le début du jeu, lorsqu'à peine débarrassé d'une horde de gobelins dans un secteur, une autre surgit tout aussitôt et vous oblige à agiter mécaniquement votre Move sans, du coup, ne plus ressentir du tout le truc qui laisse à penser que l'on se prend pour un sorcier. Dommage.

Avec Medieval Moves, Sorcery forme le duo de jeu d'aventures convaincant utilisant le PS Move. Dans Sorcery, le tout n'est pas forcément très précis et agace parfois mais demeure permissif et les décors, les musiques sont de bonne qualité. Cependant, avec des situations bien trop redondantes, la lassitude s'installe vite et quand la magie de se croire sorcier cède à un automatisme du poignet et des soupirs, c'est que le pari n'est pas totalement gagné.