Si dans la forme, Shadows of the Damned ne se distingue pas vraiment des autres TPS. On peut bien se demander ce qui le rend si unique, sans pour autant trop vous spoiler bien sûr... La réponse est simple : la puissance narrative de Suda 51 fait des merveilles ! En effet, Garcia Hotspur est un mexicain, façon "Une Nuit en Enfer", qui va envahir le purgatoire pour libérer sa princesse Paula, enlevée par les griffes acérées du champion des démons, Flemming. Une histoire qui pourrait paraître banale si le talentueux game designer de No More Heroes ne l'avait pas signée.

La patte de Suda

Shadows of the Damned fait preuve de pas mal d'humour. Souvent en dessous de la ceinture, et pour le moins provocateur, la verve des protagonistes est assez élaborée pour peu que l'on comprenne la langue de Shakespeare. Dommage qu'à ce propos la traduction française via sous-titres préfère transformer les propos des héros pour rester dans le politiquement correct. Bref, cela n'empêche pas le titre dElectronic Arts de proposer un univers séduisant. Il s'agit d'une vision des enfers illustrée au travers de ruelles sombres dans des villes à l'ambiance transylvanienne. Un charme certain qui se mêle à des scènes surréalistes, comme lorsque Garcia, le héros, discute sur le ton de l'humour de sa petite amie, devenue entre temps une zombie qui le prend en chasse, avec Johnson, un ancien démon qui sera son guide tout au long de l'aventure. Sans vous en dévoiler plus, sachez que le travail fourni sur les décors, l'ambiance délirante et les dialogues s'avère vraiment excellent, voire fabuleux pour ceux qui aiment les références coquines entre copains de la gent masculine.

La patte de Shinji

Mais si l'univers de Shadows of the Damned fait des merveilles, son gameplay se révèle, lui aussi, plutôt bien fichu. Comme dans tout TPS qui se respecte, l'arsenal de Garcia force le respect. Arme de poing, fusil à canon scié, mitrailleuses, etc., sont de la partie mais sont, de surcroit, évolutives. Et à la fin, elles deviennent de véritables armes d'assaut de grande envergure. Mais si elles se distinguent toutes par différents attributs, elles conservent un point commun, le tir de Lumière. Cette attaque spéciale est la base de la mécanique des ténèbres dans Shadows of the Damned. En effet, lorsque le voile des ténèbres tombe dans un lieu, Garcia devient extrêmement vulnérable. Il perd de la vie comme si elle s'écoulait continuellement, et les ennemis sont enveloppés dans une armure indestructible. Il faut alors sortir des ténèbres pour éventuellement briser cette protection et abattre, au corps à corps ou à coups de balles, les adversaires. Un bonne idée qui oblige à jouer sur nos déplacements et à réfléchir avant d'agir. Mais il ne s'agit là que d'une petite part des possibilités. Les ténèbres arrivent quand on les attend le moins et font partie intégrante des boss et des énigmes. A vous donc, par exemple, d'utiliser le tir de lumière pour dégommer des têtes de brebis, érigées en trophées sur les murs, afin de faire disparaitre les ténèbres, ou pour faire tomber les armures ennemies, etc. Et autant vous dire que dans un tel déluge d'actions, il faudra souvent utiliser votre jugeote plus que vos réflexes.

Facile mais pas idiot

Si Shadows of the Damned est loin d'être un titre difficile à finir, il n'en demeure pas moins assez intelligent dans son gameplay. En effet, outre une action non stop et particulièrement dynamique malgré une caméra qui ne se place pas toujours de manière idéale, l'alternance entre les ténèbres et la lumière appelle à réfléchir pendant l'action au lieu de dégommer à tout va, comme on en a trop souvent l'habitude. Sur un boss par exemple, il faudra entrer dans des zones de ténèbres pour trouver les points faibles de son ennemi et ensuite revenir à la lumière afin de le toucher. Même si ça n'a l'air de rien sur le papier, ça enrichit considérablement l'action, que ce soit clair !

L'enfer, c'est la linéarité !

Vous l'aurez compris, Shadows of the Damned est un excellent road movie sous forme de TPS. Avec en bonus l'humour ainsi que l'univers, tous deux un peu sales, de Suda 51. Même si ses mécaniques de jeu basées sur des portails à ouvrir via des énigmes font mouche, ainsi que l'utilisation de la lumière et des ténèbres, et ce tout au long de l'aventure, on regrette un certain manque de liberté dans l'exploration. En effet, impossible de se perdre ici, tout est presque clairement indiqué. Et ce n'est pas le seul défaut du titre. Si l'action est intense et évite les écueils de Resident Evil (en permettant de tirer en marchant, merci mon dieu...), il faut avouer que le manque de souplesse de la jouabilité agace. C'est très rigide tout ça ! D'autant que des bugs de collision viennent gâcher un peu l'ensemble. Rien de bien grave, comme souvent, mais c'est agaçant de souffrir d'une caméra mal placée, de lieux exigus et de collisions qui vous mènent à la mort...

Shadows of the Damned est un trip inoubliable de par son univers, ses personnages, ses dialogues et son humour pervers. Merci Suda 51. Le tout est transcendé par une jouabilité que l'on doit au papa de Resident Evil, Devil May Cry et Vanquish. Merci Shinji ! Voilà qui en fait un TPS dynamique mais un peu trop old school peut-être dans la logique de ses mouvements. Qu'importe, l'action est là et le plaisir aussi ! Néanmoins, on regrette une durée de vie un poil réduite (environ 7h), une caméra qui ne se place pas toujours bien et une certaine linéarité dans l'exploration. Des défauts qui disparaitront dans le second volet ? On l'espère !