L'eau qui dort...

Après avoir bouté la société Ultor hors de Stillwater, les Saints sont devenus des héros, des légendes vivantes. Ils sont sollicités de toutes parts : produits dérivés, chaines de magasins, boissons énergétiques, films... La ville est repeinte en mauve et les Saints sont sur tous les fronts, sauf celui du business de rue... Qu'ils ont délaissé pour se consacrer à ces occupations plus légales, mais aussi plus lucratives ! Profitant de ce relâchement inopiné, le Syndicat, une organisation criminelle, s'infiltre à Stillwater et implante de nouveaux gangs pour tenter de reprendre la ville à ses Saints ! Pour que le message soit clair, l'organisation frappe fort et assassine Johnny Gat, le leader charismatique et adoré des Saints. Une déclaration de guerre à laquelle les Saints vont se faire une joie de répondre, par votre intermédiaire.

Les Saints ? Connais pas !

Contrairement à ce que l'on pouvait attendre, ce côté célébrité n'apporte pas grand chose à l'aventure. Bien sûr, les Saints s'affichent sur tous les murs de la ville et devront parfois signer des autographes ou poser pour des photos de fans, mais cela reste anecdotique et n'est pas approfondi par le scénario. Les Saints ont toujours les médias à dos et des gangs adverses aux trousses contre lesquels ils utilisent des méthodes toujours aussi radicales. Et mis à part quelques fans, facilement reconnaissables à leur accoutrement mauve, vous vous ferez toujours insulter par le moindre automobiliste que vous contrarierez, et poursuivre par tout policier témoin de vos délits... Une célébrité de façade donc. A moins que ce soit là ce qu'on appelle la rançon de la gloire ?

Unique en son genre

Après un bref résumé de l'histoire et la bonne poignée de parodies et de clins d'oeil qui vont avec, le ton est donné ! Ici on ne fait pas dans la dentelle, ni la finesse, mais dans le délirant, l'abusif et le décalé. Un vrai bonheur dans une époque et un milieu qui ont tendance à se prendre trop au sérieux ! Stars ou pas, les Saints aiment toujours les braquages et vont le prouver lors de la scène d'ouverture très rythmée du jeu. Déguisés en mascotte Johnny Gat, les Saints décident de braquer la banque centrale de Stillwater, en arrachant la moitié du bâtiment avec un hélico... Une scène efficace et époustouflante qui se terminera malheureusement par votre incarcération. Le temps de créer votre avatar, vous serez libéré et lâché dans une ville qui vous tend les bras et vous offre d'ores et déjà ses magasins et une bonne partie de ses distractions ! Dès lors, il ne tient qu'à vous de sauter sur un malheureux automobiliste pour l'arracher à son volant et partir explorer Stillwater. Mais pour l'heure, la seconde mission nous invite à faire connaissance avec notre futur pire ennemi, le Syndicat, lors d'une fusillade dans un avion de ligne, sur un fond musical à la croisière s'amuse... Un régal !!! Pour vous laisser le plaisir de la découverte, je n'en dirai pas plus sur le contenu des missions qui composent l'aventure, mais sachez qu'elles vont crescendo dans le délire et seront toutes aussi entrainantes, surprenantes et très, très originales. Jamais vous n'avez vécu ce que vous réserve ce troisième volet de Saints Row dans un jeu du même genre, ce qui en fait un ovni dans sa catégorie.

Coup de flippe !

Pourtant l'ovni va vite interrompre son décollage, et le soufflet va retomber d'un coup ! Car après deux missions haletantes, le jeu vous présente vos prochains commanditaires, lesquels décideront de vous initier aux différentes activités disponibles. Alors que l'on se croyait parti pour la grande aventure, on se retrouve jeté de force dans le bac à sable de Saints Row : The Third. Je vous rassure, cela ne va pas durer et il sera vite temps de repartir pour des missions extravagantes et inattendues, mais ça coupe quelque peu le rythme effréné avec lequel commençait l'aventure... C'est dommage ! D'autant que par la suite, ces deux éléments seront clairement dissociés, d'un côté le scénario, de l'autre les activités pour gagner fric, respect et récupérer les quartiers de la ville... Un petit raté structurel que le jeu aura vite fait de se faire pardonner !

Tu cherches des histoires ?

Le principe de cette nouvelle aventure n'a pas beaucoup changé. Vous faites évoluer le scénario en exécutant des missions pour différents commanditaires, qui vous fileront des tuyaux sur les trois gangs en faction dans la ville. Là encore ne vous attendez pas à du sérieux, mais plutôt à une galerie de personnages hauts en couleurs et décalés, parmi lesquels une geek paranoïaque, un maquereau qui ne parle jamais sans son micro vocoder ou un géant à l'intellect aussi démesuré que ses biceps... Ces personnalités bien singulières donneront lieu à des missions toutes aussi originales et variées. La nouveauté, c'est que certaines missions exigeront que vous fassiez un choix qui impactera tout le reste de l'aventure... Jusque dans son dénouement final ! Parallèlement à cela il vous faudra reprendre le contrôle de la ville qui a été partagé entre trois gangs : au nord, les Deckers, des génies de l'informatique aux gadgets sophistiqués. Au sud, Les Luchadores, de grosses brutes aimant les pick-ups et la Lucha Libre, dirigées par le célèbre lutteur, Killbane. Quant au reste de la ville, il est entre les mains des Morning Stars, des combattants aguerris aux affrontements de rue, à l'image des Saints. Tandis que les missions scénarisées posent les grandes lignes et le rythme de cette guerre des gangs, la reconquête de Stillwater se joue sur le terrain, dans chaque quartier, dans chaque rue.

Où j'veux...

En effet, chaque quartier est divisé en plusieurs districts, proposant chacun une activité, un magasin ou un point de rassemblement de gang. Réussisez l'activité, achetez le magasin ou éliminez les membres de gangs rassemblés et vous regagnerez le district correspondant. En ce qui concerne les activités, disons que d'une manière générale, les grands classiques ont été déclinés en deux versions, quelques nouveaux modes sont apparus et d'autres ont disparu. Ainsi, le Chaos propose la version en tank ou à pieds et le Mac-à-Dames vous impose de récupérer des prostituées ou des informateurs capturés. L'Escorte ne se limite plus à trimballer une prostituée et son client en évitant les journalistes, mais à embraquer un tigre qui fout des coups de griffes quand il s'ennuie... Imaginez les embardées ! La Trainée Ardente consiste toujours à participer à une course en Quad, enflammé et dans des rues bondées, mais propose aussi une course virtuelle à la TRON. En revanche, exit le Garde du Corps, le Chaos au camion à déjections, les courses... Et d'autres ! Vous pourrez également participer à des vols de voitures et des assassinats, commandités depuis votre portable. Un tableau de challenges cachés, types Trophées PS3 / Succès 360, pimentera même l'aventure pour les plus acharnés.

... Quand j'veux !

Chaque activité ou challenge réussi débloquera le suivant, vous rapportera de l'argent et des points de respect. Ces derniers servent à faire évoluer le niveau de votre personnage, lui donnant accès à de nouvelles compétences et améliorant sa vie, son endurance, sa résistance aux dégâts ou son efficacité au combat. Ces points de respect n'étant plus nécessaires pour débloquer les missions principales, c'est à vous de décider à quel moment vous lancer dans la reconquête de la ville et les différentes activités. Sachez également que chaque achat, cascade en véhicule, conduite dangereuse ou assassinat original, entre autres, vous rapporteront aussi des points de respect, régulièrement et tout au long de l'aventure. Inutile donc de s'atteler aux activités comme un forcené, c'est à votre guise et à votre plaisir que cela doit se faire.

C'est ma ville

La ville dans laquelle nous évoluons à beaucoup changé. Elle est plus colorée, plus bling bling, les immeubles sont plus grands, ce qui s'apprécie particulièrement en hélico, les quartiers sont plus singuliers... Mais dans le détail Stillwater a perdu en profondeur, en diversité et, c'est peut-être une impression, en superficie. J'ai eu beau chercher, je n'ai trouvé aucune soirée organisée sur un toit d'immeuble, ni aucun centre commercial caché, avec ses boutiques uniques. J'ai bien trouvé quelques easter eggs comme un Indiana Jones reclu dans sa grotte avec ses poupées gonflables ou le terrible Lapin des Mers enfin capturé, mais tous ces clins d'oeil et délires semblent beaucoup moins nombreux que dans le précédent épisode. De même, peu de lieux sont ouverts ou accessibles et lorsqu'ils le deviennent lors d'une mission, ils ne le restent pas après... Même restrictions en ce qui concerne les magasins, on apprécie de trouver toute la gamme de produits dans une même enseigne, mais cela ne parvient pas à masquer le fait que les articles sont moins nombreux qu'avant, moins fun... Après avoir arpenté Stillwater dans tous les sens, l'univers semble finalement plus restreint, moins vivant et moins "bac à sable" qu'auparavant. En revanche, comme souvent dans ce cas-là, il gagne en densité et en cohérence. C'était un choix à faire... Et si l'on pense à un titre comme Just Cause 2, qui est devenu pour certains un "bac à sable" répétitif, sans profondeur, ni substance, on se dit que c'était sûrement le bon !

Va, cours, vole...

Pour se déplacer dans la ville, on peut évidemment "emprunter" n'importe quel véhicule qui se présente à nous. Et là encore on a l'impression qu'ils sont moins nombreux, moins variés. Toutefois, leur prise en main est bien plus dynamique et agréable qu'avant. De plus, le GPS nous indique désormais la route à suivre par de grandes flèches lumineuses qui apparaissent aux intersections. C'est très lisible et franchement super pratique. Après avoir été le premier à baliser le chemin sur les GPS de ce type de jeu, Saints Row nous concocte un nouveau système, qui sera, à n'en pas douter, repris par d'autres. Une réussite ! Les options de tuning n'ont pas changé et peuvent être choisies depuis n'importe quel garage ou atelier. Précisons qu'il en est de même pour la garde robe, accessible depuis n'importe quelle planque ou magasin. Deux petites innovations très pratiques qui nous éviteront bien des allers-retours... Pour en revenir aux véhicules, sachez que vous ne serez pas au bout de vos surprises. Là ou certains titres nous gratifient d'un hélico de tourisme au bout de trente heures de jeu, Saints Row : The Third nous file un avion prototype à vol stationnaire à un tiers de l'aventure. Et croyez-le, c'est loin d'être le véhicule le plus surprenant ou le plus jouissif auquel vous aurez accès ! Imaginez des engins pareils en milieu urbain... C'est le délire !

... Et bute-les tous !

Si les véhicules sont indispensables pour faire le tour de la map, en combat, il vous faudra d'avantage compter sur vos compétences physiques et votre arsenal. En ce qui concerne les mouvements du héros, tout a été repensé. Vous pouvez désormais courir pour vous jeter sur un passant ou un ennemi et lui exploser violemment la tronche, mais aussi pour voler une voiture en une seconde, ceci en sautant par la fenêtre ou le pare-brise du véhicule, éjectant ainsi le précédent propriétaire. C'est super drôle, mais aussi très efficace ! Il suffit d'être poursuivi par les flics ou un gang et de se faire exploser sa caisse pour en comprendre immédiatement l'utilité. En revanche, on regrette toujours l'absence d'un système de couverture, qui nous force un peu à foncer tête baissée vers les assaillants et donc leurs balles... En contre partie, le héros dispose d'une bonne jauge de vie, que l'on peut régénérer en se mettant momentanément à l'abri, en plus de la possibilité de se saisir d'un ennemi pour en faire un bouclier humain.

Sors le matos !

Avec les armes c'est encore un grand moment d'émerveillement ! Imaginez que vous commencez l'aventure avec un drone téléguidé ! En plus des armes conventionnelles type pistolets, mitraillettes ou fusils, vous récupérez des armes de malade comme le A-Poing-Calypse qui vous transformera en héritier du Hokuto, une commande à distance de véhicules, un baliseur laser pour frappes aériennes ou encore des armes virtuelles absolument folles, sans oublier le fameux Penetrator... A mains nues, le héros dispose de simples coups de poings qui donneront lieu à des combos en QTE. C'est assez répétitif, difficile à placer et cela nous prive surtout des dojos et de la possibilité d'offrir un style de combat précis à notre héros. Là encore le côté spectaculaire et imposé prend le pas sur la liberté, mais cela se fait en douceur et pour une bonne cause : le fun et la simplicité. Précisons également que jusqu'à trois Saints peuvent vous accompagner partout et que vous pouvez choisir d'emmener un de vos potes, un commanditaire dont vous aurez fini toutes les missions. Sachez enfin que l'indice de recherche de gang ou de police généré par vos exactions peut être annulé simplement en entrant dans l'un de vos magasins ou une planque. Quand on vous dit que tout est plus simple !

Saints Row : The Third est plus cohérent, tous ses éléments sont imbriqués, simplifiés, comme si le jeu avait créé des raccourcis sur toutes ses lourdeurs pour nous offrir une expérience plus fun et sans contrainte. Si cela l'ampute d'une bonne partie de son "bac à sable", et nous prive d'une certaine liberté, le jeu nous offre en échange des missions scénarisées d'une grande originalité et d'un immense intérêt ludique lors desquelles on passe d'une surprise à l'autre, d'un fou rire au suivant, d'un grand moment à un second. Délirant, décalé, parodique et incontournable pour les amateurs de n'importe quoi, Saints Row : The Third vous offrira une expérience unique, seul ou en coop, qui vous scotchera derrière votre écran pour un bon moment !