La première chose à savoir si vous débarquez dans le monde de Risen, c'est qu'il n'est pas nécessaire d'avoir fait la première aventure pour profiter de celle-ci. En effet, le héros, dont le nom demeure inconnu comme souvent dans les jeux de Piranha Bytes, a tourné le dos à son passé et part à la conquête des mers pour lutter contre la recrudescence de monstres marins. L'aventure débute ainsi et vous plongera dans une quête d'un peu moins d'une trentaine d'heures qu'il n'est pas facile de juger...

Dépaysement garanti

Testé sur PC, cette version de Risen 2 : Dark Waters affiche des graphismes en demi-teinte. En effet, si les décors se révèlent chargés en détails, souvent superbes et extrêmement dépaysants (l'atmosphère réussie façon Pirates des Caraïbes y est pour beaucoup), les personnages manquent de crédibilité avec un rendu comics qui tranche avec le réalisme des zones traversées. Il en sera de même avec les ennemis aux animations trop souvent rigides. Pour faire simple, le rendu de R2DW est satisfaisant, même si nous sommes loins de la prouesse technique. Le talent des designers reste pourtant à saluer tant les détails foisonnent et tant le mariage entre photoréalisme (dans certains lieux) et fantasy est réussi. Dommage néanmoins que les animations soient cassées et que les mouvements des personnages et des créatures rencontrées manquent de réalisme. Un constat à mi-chemin entre la satisfaction et la déception qui ne gâche pas pour autant complètement l'aventure proposée...

Pirates des Caraïbes

L'univers de ce second volet de Risen vous plonge dans la vie de pirate. Vous débutez votre carrière en tant que matelot pour finir à la tête d'un bateau avec un équipage à diriger. Si la progression est longue, et parfois difficile, j'y reviens plus tard, elle se révèle néanmoins satisfaisante. Pourtant, Risen 2 laisse un goût étrange. Ceci car le rythme du jeu est très lent et que la narration manque souvent de dynamisme malgré certaines répliques qui se veulent amusantes et chargées d'un vocabulaire que la politesse m'oblige à taire ici. Certains thèmes iront même jusqu'à choquer certains joueurs, même s'il faut impérativement les remettre dans les perspectives de l'époque et de la période traitée ici, l'âge de la piraterie. Il y a donc bien un univers à s'approprier et c'est un réel plaisir d'y goûter, et d'y participer, même si on aurait aimé plus de portée dans les choix des dialogues et même si la mise en scène aurait gagné à être plus percutante. Pour autant, l'architecture du titre finit par séduire les joueurs qui s'accrochent, et sont en mal de RPG à l'ancienne, ce qui les conduira, comme ce fut mon cas, à s'attacher à cet univers.

La piraterie c'est difficile mais gratifiant

Dans la forme, Risen 2 est un jeu de rôle action occidental classique mais il se distingue par une difficulté exacerbée. En effet, la moindre erreur de jugement, ou de décision, qui vous conduit à affronter une créature, ou un humain, dont vous auriez sous-estimé les capacités, peut vous conduire à la mort. Un choix de gamedesign extrêmement punitif qui pourrait en frustrer plus d'un. Pourtant, c'est par là qu'il faut passer si on souhaite profiter de toute la puissance de ce Risen 2. Si chaque défaite est douloureuse, prendre sa revanche, une fois que l'on est de taille, a quelque chose de très gratifiant. Il faut du temps, bien sur, pour se hisser au niveau de certains ennemis et ceci au prix d'une exploration lente (on gagne de l'expérience en découvrant des lieux), de dizaines de quêtes complétées et de multiples combats contre des monstres mineurs. Mais chaque pas réalisé pour progresser permet d'obtenir des points de gloire, l'équivalent de l'expérience. Cette gloire peut être dépensée pour augmenter les caractéristiques de base et débloquer ensuite différentes capacités. Là encore, la montée en puissance est vraiment lente, et parfois même décourageante tant les pouvoirs sont chers, très chers... Oui, il faudra dépenser des deniers pour les obtenir mais une fois que vous commencerez à y goûter, vous ne pourrez plus vous en passer. Quel plaisir de contrer les pirates ennemis au sabre après avoir galéré pendant de nombreuses heures auparavant en combat. Quelle joie de sortir son mousquet pour négocier avec un adversaire au loin après avoir projeté le précédent au sol. Quelle jouissance d'arriver à persuader un portier de vous laisser passer, de contrôler ou d'handicaper un adversaire grâce aux pouvoirs au vaudou. Vous l'aurez compris, même si la route est longue pour faire de vous en vrai "Pirate des Caraïbes", armé, compétent, bien équipé et capable de jouer les apprentis sorciers (vaudou), le plaisir qui en ressort se révèle extrêmement gratifiant. Et c'est sans doute pour cela que l'on pardonne à Risen 2 beaucoup de ses défauts.

La patience, ça paye !

Afin de profiter du jeu, il faut d'abord en accepter de souffrir. Ainsi, il faut souvent aller faire de la gloire (de l'expérience) pour gagner en compétentes mais aussi en argent. L'exploration est donc de mise mais rassurez-vous, vous serez souvent récompensé. Chaque lieu, grotte, temple, ou ilot regorge de trésors à découvrir. Avec cette gloire et votre argent durement obtenu au travers de quêtes, vous gagnerez en puissance afin de pallier au manque de précision des combats. Ceux-ci gagnent en finesse avec le temps et l'augmentation de vos capacités mais il faut bien avouer que l'imprécision récurrente des rixes agace souvent. Et c'est pire lorsque plusieurs adversaires se liguent contre vous (deux au corps à corps, un à distance, et c'est l'enfer, par exemple), votre héros faisant automatiquement face au plus proche des ses assaillants. Un système de ciblage aurait été bienvenu... Néanmoins, avec l'habitude on apprend à négocier ces joutes, quitte à fuir au début ou attendre d'avoir les pouvoirs adéquats. Grâce au vaudou on peut prendre le contrôle de certains ennemis, les ralentir ou même les immobiliser. Avec le temps et quelques compagnons recrutés, les combats sont d'ailleurs plus faciles à négocier. D'autant que certains partenaires ont des pouvoirs spécifiques de soin ou encaissent les dommages pour vous. Cela ne m'enlèvera pas de l'idée que les combats sont globalement mal fichus mais vos compagnons parviennent à compenser le manque de précision en distrayant vos adversaires. Bref, il faut être patient dans Risen 2, mais sachez que ça paye avec le temps !

Tolérer pour mieux jouer

Comme dans tout jeu de rôle qui se respecte, le héros apprendra la cuisine, la forge, le crochetage, à voler, à s'infiltrer dans un lieu interdit d'accès, la magie, la manipulation, l'intimidation, la drague, etc. au travers de divers professeurs rencontrés ici ou là et moyennant finance. On peut même aller jusqu'à contrôler certains PNJ amis pour découvrir des secrets, trouver des objets légendaires qui augmentent de manière permanente vos statistiques d'attaque et de défense (généralement les objets normaux s'en chargent tant que vous les portez). Pour résumer rapidement, il y a largement de quoi faire et s'amuser dans Risen 2 même si certains aspects du titre dérangent : une difficulté souvent trop élevée, des combats fouillis, une narration souvent décevante, des incohérences fréquentes dans l'univers (un pnj vous jettera hors de sa demeure après que vous l'aurez volé mais oubliera vos méfaits dès votre retour chez lui), une montée en puissance longue, frustrante, ardue, une interface basique (même si elle est meilleure que celle du volet précédent) et j'en passe...

Est-ce que j'ai pris du plaisir sur Risen 2 : Dark Waters ? Oui mais ce fût long. J'ai souvent été frustré, j'ai peiné à m'intéresser à l'univers malgré sa taille et la narration peu poussée me déçoit au final. Pourtant, chaque victoire était un régal, chaque nouvelle compétence maitrisée m'a réellement aidé, chaque quête accomplie après des recherches m'a satisfaite, etc. Risen 2 demande du temps pour se révéler à cause de choix de gamedesign discutables mais une fois que l'on parvient à s'approprier son univers et à en comprendre le fonctionnement, on y prend du plaisir. Tout est donc affaire de patience et de goût. Si vous aimez les pirates et que vous n'avez pas peur de souffrir, Risen 2 a quelque chose à vous offrir, si vous êtes du genre assisté et que vous n'aimez pas passer des heures à poursuivre l'objectif d'une simple quête annexe, vous aurez du mal à survivre...