Quand on doit, comme c'est le cas avec les simulations sportives, proposer une nouvelle itération de son jeu tous les ans, dompter un nouveau moteur n'est pas forcément chose aisée. PES 2014 en est le parfait exemple. Si par certains aspects le Fox Engine fait du bien à ce nouveau PES, il donne surtout l'impression de ne pas être totalement maîtrisé par l'équipe de développement japonaise. Et malheureusement pour le titre de Konami, c'est sur un aspect majeur, le genre de faute que l'on sanctionne immédiatement. Mais avant de parler de ce qui fâche, petite revue d'effectif...

No smoking, No dogs, No english

Comme c'est le cas depuis de nombreuses années, faute d'avoir les droits de la Premier League (rebaptisée English League, avec Manchester United comme seule équipe du championnat anglais sous licence) et de la Bundesliga (absente, comme Dortmund, seuls le Bayern Munich, le Bayer Leverkusen et Schalke 04 représentent le "Pays de la Vertu" comme l'appellent les Chinois) et ne proposant aucun stades espagnols, cette année, PES tire son épingle du jeu avec les licences de la Ligue des Champions, de l'Europa Ligue, de la Copa Libertadores et de la Ligue des Champions de l'AFC (Asie), histoire de se faire un bon petit Al Ahli Vs. Ulsan Hyundai, les gagnants de l'édition 2012. Ah bah tiens, nan, l'équipe coréenne n'est pas présente dans le jeu... Si évidemment la petite musique du championnat européen et son habillage étoilé fait toujours son petit effet, devoir jouer avec North London ou London FC en 2013, ça fait toujours un peu tâche. Mais passons, certains diront dans une grande bienveillance que ça fait partie du charme de PES, comme la playlist du jeu , mix improbable de musiques classiques, de rythmes latinos et de techno de seconde zone, un gloubi-boulga dont, personnellement, je suis fan. Pour le reste, mode carrière, Ligue des Masters et entrainement sont toujours de la partie.

Anonymes United

L'un des points positifs des PES récents, c'est leur représentation des visages des joueurs. Avec le Fox Engine, le moteur des Metal Gear à venir, on s'imaginait déjà avoir des as du ballon rond plus vrais que nature dans notre salon. Eh bien si en effet une petite poignée de joueurs, essentiellement des superstars, ressemblent assez fidèlement à ce qu'on peut voir à la téloche toutes les semaines, la plupart des joueurs ont certes des noms illustres, mais des faciès totalement inconnus. Alors que désormais les supporters du PSG peuvent prendre sans complexe leur club préféré face à un pote qui joue avec le Barça ou le Real, quelle ne sera pas leur surprise en découvrant que Lavezzi a les cheveux longs et ne ressemble en rien (mais alors vraiment rien !) au joueur argentin, que c'est visiblement le cousin de Pastore, ou encore qu'Alex ressemble à Pascal Légitimus sans moustache. Et ce phénomène ne se limite pas au club de la capitale. On ricane également en voyant la foule, moche comme tout, ou encore les photographes sur le bord du terrain, tout droit tirés de Metal Gear Solid premier du nom niveau modélisation. Si c'est pour qu'ils soient aussi laids, ces personnages censés renforcer l'immersion, pourquoi nous les mettre sous le nez !? Pour qu'on se marre, OK, mais quand même...

Gober la feuille de match

Les tronches ratées des footballeurs, vous aurez l'occasion de bien les voir lors de la sortie des vestiaires, pendant les célébrations de buts et dans des cinématiques qui rament comme ce n'est pas permis. Et c'est là qu'on tend notre carton rouge en pointant du doigt Konami. S'il faut reconnaître que cette année la fluidité, les sensations de jeu de ce PES sont plutôt agréables, et même si encore, contrairement à FIFA, on sent bien qu'on ne peut pas mettre la balle où on veut lors d'une passe et que certains contacts, comme les tacles glissés, s'effectuent parfois avec le dos pour amener des fautes incompréhensibles, lorsqu'on se trouve dans la zone de vérité, la surface de réparation, une fois sur deux la vitesse d'affichage du titre se casse totalement la figure ! Allez donc taper dans un ballon renvoyé par le gardien ou qui a rebondit sur le poteau quand le jeu semble s'arrêter ! Une faille technique intolérable qui évidemment ruine l'expérience de jeu, dans les situations les plus cruciales. Un ralentissement qui intervient aussi quand la balle, après un tir hors-cadre, file en six mètres. Tellement dingue qu'on s'est même demandé (il y a d'autres footeux sur console dans nos locaux) si ce n'était pas un effet de style, avant d'halluciner devant un tel défaut. Enfin, dans le mode "on change pour changer mais sans innover", les menus demandent d'être cliqués. Exemple : pour choisir la tenue de son équipe, ce ne sera plus simplement un coup de flèche, il faudra aller cocher pour rentrer dans la case, et c'est comme ça pour tout ! Mais quel intérêt si ce n'est rendre le tout plus relou !? Beaucoup d'interrogations, et peu de satisfactions donc, à la fin de notre rencontre avec PES 2014...

Grosse déception. On attendait ce PES 2014 de pied ferme, avec le Fox Engine comme docteur Fuentes pour la simu de Konami, et on se retrouve avec un jeu sur une jambe. D'un côté il y a du mieux dans les déplacements, la fluidité, la construction et les sensations de jeu en général, et de l'autre une technique à la ramasse durant les cinématiques (bon...) et devant le but (NON !). Animations et visuel en jeu demeurent à un standard honnête, mais pour tout le reste, des visages au public, ce n'est vraiment pas fameux. Quand deux amis différents, séparément, vous sortent qu'ils se croient ramenés à PES 2008, c'est que c'est mal barré...